Notre trajet en train de 3h30 s’achève à Tupiza, où nous arrivons de nuit car il y a une heure d’écart entre la Bolivie et l’Argentine. En chemin, nous avons pu apercevoir quelques paysages mais nous avons surtout dormi.
Lorsque nous descendons du train avec Clara, Cora, Beatrix et Fernando, nous sommes alpagués par un représentant d’une des nombreuses agences qui organisent les tours dans le Sud Lipez et le Salar de Uyuni. Il s’avère que c’est également le gérant de l’hôtel où dorment nos compagnons : comme notre auberge est à deux pas de la sienne et que nous sommes de potentiels futurs clients, il nous embarque tous les 6 dans son 4*4.
Une fois arrivés à son auberge, il nous présente le tour de son agence, Los Solares. Cela a l’air pas mal et nous nous entendons bien avec les quatre autres, qui ont déjà réservé une voiture pour lundi matin. Problème : il y a entre 4 et 5 touristes par voiture, aussi nous ne serions pas avec eux. Le gérant attend le retour de 2 voire 4 personnes aussi nous ne sommes pas sûrs d’avoir une place… nous prenons la nuit pour réfléchir et regagnons notre auberge, Butch Cassidy.
Nous y sommes accueillis par Franklin, l’adolescent de la famille, au petit soin pour ses hôtes ! Nous sommes très bien logés dans une chambre spacieuse et propre avec salle de bain privative. De plus, le Wi-Fi fonctionne très bien sur nos téléphones.
Nous mangeons en ville, dans une pizzeria car il n’y a que cela. Le restaurant s’appelle Tu Pizza (quel jeu de mot !) et nous y mangeons de bonnes… pâtes ! Nous sommes plus chanceux que nos compagnons que nous croisons dans une autre pizzeria où ils attendent depuis plus d’une heure. Nous apprendrons le lendemain qu’en plus, ce n’était même pas bon.
Choix d’une agence et balade dans une décharge
Nous commençons notre journée à 8h par un délicieux petit-déjeuner composé de chocapic, lait frais, vrai jus d’oranges pressées, pancakes maison ! Un luxe que nous dévorons à pleine dent avant d’aller en ville pour faire le tour des agences.
En chemin vers le centre, nous comparons les différentes hypothèses qui s’offrent à nous pour le tour :
Partir avec nos amis avec l’agence Los Solares mais nous ne serions pas dans leur voiture. Nous serions soit avec les deux autres personnes inscrites soit dans une troisième voiture si les amis des deux inconnus arrivent.
Partir avec une autre agence, proposée par notre hôtel, où il y a déjà deux personnes inscrites.
Partir avec Tupiza Tour ou Torres Tour, les deux agences mastodontes de la ville.
Trouver une autre agence.
Nous éliminons la première hypothèse car beaucoup trop de variables dans l’équation. Nous éliminons également la troisième car nous ne voulons pas partir avec un trop gros groupe. Il nous reste donc deux solutions en tête lorsque nous parcourons le petit centre-ville, sans grand intérêt.
Notre premier objectif est de retirer suffisamment de liquide afin de régler l’agence que nous aurons choisie. L’excursion est à 1250 bolivianos (170 €) par personne pour quatre jour (guide et cuisinière compris). Franklin nous ayant dit que les deux distributeurs de la ville n’accepte que les cartes Visa, nous stressons un peu avec nos Mastercard. Et de raison, impossible de retirer de l’argent. Dépités, nous passons devant l’agence Alejandro Adventure Tour où la gérante se jette littéralement sur nous alors que nous sommes encore sur le trottoir. On sent qu’elle dévide à toute allure un discours cent fois répété mais néanmoins, ce qu’elle propose nous plaît car cela sort des sentiers battus. Nous lui disons que nous ne pouvons pas tirer d’argent, elle nous répond que l’on pourra payer à la fin en arrivant à Uyuni. Dans l’agence, nous rencontrons Aurore et Florian, deux français qui ont sélectionné cette agence après avoir fait le tour des autres guérites. Nous apprenons qu’il y a également un américain et une belge déjà inscrits. Convaincus, nous nous inscrivons à notre tour mais devons attendre confirmation car l’agence doit trouver deux autres personnes pour compléter la deuxième voiture. Florian et Aurore ayant réussi à tirer de l’argent avec leur Mastercard, nous re-tentons notre chance, en choisissant des options différentes sur le distributeur (crédit au lieu de compte courant). Et bingo ! Nous avons de quoi nous acquitter de nos dettes.
Comme il nous faut patienter jusqu’à 17h pour découvrir si nous partirons ou non le lendemain matin pour 4 jours d’excursion dans le Sud Lipez et le Salar de Uyuni, nous retournons à l’auberge pour déjeuner puis partons nous promener vers la Porte du Diable et le canyon del Inca, à 6 km de notre auberge. Il fait beau et chaud, nous traversons le village qui sommeille et parvenons au début de la randonnée, dans une décharge à ciel ouvert. Nous avançons néanmoins au milieu des détritus en espérant que cela s’améliore : oui, au bout d’un bon kilomètre, c’est enfin propre et nous pouvons profiter pleinement du paysage ocre et vert qui s’offre à nous. Le soleil vif fait admirablement ressortir les couleurs et les formes de cactus tranchent sur celles des montagnes environnantes.
Nous arrivons devant la majestueuse Porte du Diable, très bien découpée, et continuons notre escapade vers le canyon del Inca, où seul un filet d’eau anime un peu les lieux. Nous profitons de l’ombre et de la fraîcheur pour reprendre notre souffle, on est quand même à 3268 mètres au dessus du niveau de la mer.
Il est temps de faire demi tour pour savoir si oui ou non nous partons demain !
La réponse est positive : nous serons avec deux autres français, très certainement bretons vus les noms. Rassurés, nous retournons à l’auberge pour nous reposer un peu avant de repartir en ville pour un dernier tour et régler l’agence pour le lendemain. En ce dimanche soir, presque toutes les boutiques sont fermées : nous parvenons tant bien que mal à faire des courses pour le dîner. Et hop, au lit !
Nous arrivons en début d’après-midi à Tilcara, au coeur de la Quebrada de Humahuaca. Le village semble endormi : les rues en terre battue sont désertes, les petites maisons en pisé semblent inhabitées. Nous rejoignons notre auberge, la Albahaca, en quelques pas car tout est accessible à pied puis nous prenons possession de notre petite chambre. Nous avons la chance d’être installé dans une chambre où il y a seulement deux lits superposés, pas de ronfleur à craindre !
Sofia, l’une des employées, nous explique avec force détails les excursions à faire aux alentours : temps de parcours, tarifs, heure conseillée pour s’y rendre… bref nous avons presque notre planning à la journée pour les 3 ou 4 jours que nous comptons passer dans la région.
Nous partons ensuite à la recherche d’un restaurant sachant qu’il est déjà 15h30. Même pour les argentins, c’est tard et nous ne trouvons qu’un seul petit resto ouvert, le Nordiste. Nous y savourons un Lomito, sandwich à la viande pour Thomas, et une salade de quinoa/tomates/noix/fromage de chèvre pour moi. Tout est très bon, particulièrement le fromage au goût prononcé mais doux. Nous apprenons qu’il s’achète au marché.
Nous marchons ensuite sur 2 km pour nous rendre au vieux village fortifié précolombien, la Pucara, abandonné à l’arrivée des espagnols. Il est 17h et le site ferme à 18h aussi nous sommes relativement tranquilles et pouvons visiter les minuscules maisons reconstruites, dans les années 1950, sans bousculade. Tout est en pierre et étudié pour résister au vent. Les maisons ne possèdent qu’une ouverture : la porte. Nous n’observons ni fenêtre, ni cheminée. Les corralssont en contre bas pour l’élevage de lama. Avec les cactus qui parsèment le site, on se croirait au far-west, d’ailleurs on croise même Lucky Luke !
Nous finissons la visite par le cimetière : les morts étaient enterrés en position foetale dans des structures rondes en pierre, souvent dans le cimetière mais parfois aussi dans un coin de la maison. Les tombes sont aujourd’hui vides, mais il est possible d’observer les différents objets retrouvés sur le site au musée archéologique de la ville. Il est trop tard pour y aller aujourd’hui, nous irons donc demain !
Pour le dîner, nous nous joignons au barbecue organisé par l’auberge, dans une autre auberge du même propriétaire. C’est l’occasion pour nous de discuter avec des canadiens, des allemandes, des italiens et un français. Sofia nous explique que c’est un barbecue à bas prix : ici, les argentins achètent rarement de la bonne viande car elle est chère. Il est ainsi courant d’acheter du poulet et des abats. Nous mangeons donc du poulet, des saucisses, du chorizo plus doux que le chorizo espagnol, du coeur de boeuf. Sont également proposés boudins noirs et intestins mais nous faisons l’impasse sur ces produits. En tout cas c’est très bon et nous finissons la soirée en chantant accompagnés par une guitare.
Jour 2 : les gorges du diable (garganta del diablo)
Nous prenons notre petit déjeuner en terrasse : ici il fait beau sauf en janvier et février et il fait chaud dès que le soleil brille.
Nous partons vers 10h pour les gorges du diable. Normalement l’excursion dure 3 heures pour 4 km : nous serons donc rentrés pour le déjeuner. Nous traversons de beaux paysages aux couleurs tranchées : le vert des plantes et des cactus ressort bien sur l’ocre de la terre et des montagnes. Nous parvenons en un peu plus d’une heure à l’entrée des gorges, payante. Le site en lui-même est tout petit : il offre d’un côté un petit point de vue sur les gorges et la vallée et de l’autre nous atteignons une cascade de 10 mètres, l’occasion de prendre une petite douche !
En sortant du site, nous discutons avec le gardien pour en savoir plus sur le nom du lieu : en fait, l’ingénieur qui a travaillé aux chutes d’Iguazu a également travaillé ici et a trouvé une ressemblance entre les deux endroits… Oui, bon, il faut certainement entre ingénieur pour le voir… Nous continuons à grimper pour rejoindre un autre point de vue, sur une autre vallée où les cactus s’étalent à perte de vue. Nous apercevons au loin l’école de la communauté.
De retour en ville, nous nous attablons à La Cheba où nous goutons des sorrientes, raviolis locales farcies de diverses manières. Nous choisissons celles au quinoa et chèvre et celles au maïs violet. C’est très bon !
Pour digérer et bien finir cette journée, nous parcourons les 3 salles du musée archéologique. Comme d’habitude, c’est assez désordonné et cela manque d’explications. Cela dit, nous nous attardons devant des récipients du peuple Machu, représentant des visages particulièrement bien dessinés (interdiction de prendre des photos, désolée).
Nous allons ensuite au marché pour acheter fromage de chèvre et légumes pour ce soir. Le fromage est très bon, parfumé et frais. Il ne nous manque que du miel pour le sublimer.
Jour 3 : randonnée vers Maimara
Aujourd’hui nous avions prévu d’aller en bus à Purmamarca voir la colline des 7 couleurs, puis à Maimara pour contempler la Palette du Peintre. C’était sans compter la grève générale des transports, y compris des taxis ! Dommage pour nous… nous ne pourrons donc pas aller à Purmamarca.
Nous prenons donc notre temps et déjeunons à l’auberge. Nous décollons vers 15h pour nous rendre à pied à Maimara, à 6 km de là. Le chemin n’est pas marqué et même avec le GPS, nous ne faisons que suivre une direction, en suivant le Rio Grande, en réalité bien petit.
Nous traversons une très jolie vallée verdoyante et cultivée. Les champs de légumes s’alternent avec les champs de fleurs, qui viennent agréablement colorer les lieux. De plus, la Palette du Peintre domine ce paysage, apportant toutes les nuances des minéraux. C’est sublime et nous faisons de nombreuses pauses pour en apprécier les variations. Nous observons également les paysans dans les champs : le travail se fait encore à la force des bras et des ânes.
Après 1h45 de marche, nous parvenons à la petite bourgade de Maimara, composée d’une rue principale et nous dirigeons vers la micro brasserie conseillée par notre auberge. Nous la trouvons à 1 km de là et sonnons à la porte. Une petite dame adorable nous fait rentrer et s’excuse car son tablier est un peu sale. Sa bonne humeur est contagieuse et elle nous explique plein de choses. Nous découvrons ainsi que “Albahaca”, le nom de notre auberge, signifie basilic. Dans cette région, lors d’une fête, si le jeune homme offre un brin de basilic à une jeune fille sous le soleil de midi, il la demande en mariage et si elle prend le brin, c’est qu’elle accepte. Nous avons aussi vu les différentes plantes de quinoa et appris que le maïs changeait de couleur, mais pas de goût, en fonction des minéraux présents dans la terre. Enfin, nous goûtons des bouchées de Dulce de Leche de chèvre avec du quinoa soufflé. Nous repartons de là avec basilic et bières.
Au retour, nous passons devant le cimetière, un des points d’intérêt de la région. Il est construit en palier, à flanc de colline et est hyper coloré grâce aux fleurs artificielles à foison.
Après ces trois bonnes heures de balades, nous dégustons la bière sur la terrasse de l’auberge et, comme nous sommes un peu feignants, nous décidons d’aller au restaurant. Des pensionnaires de l’auberge nous conseillent une pizzeria, ce qui nous convient très bien. Thomas prend une pizza au roquefort et moi des raviolis ricotta et jambon, à la sauce pesto maison. Nous nous régalons tous les deux : les produits sont frais, bien travaillés et les senteurs bien présentes.
Jour 4 : Humahuaca
En ce dernier jour dans la région, nous partons en bus avec deux italiens de l’auberge pour nous rendre à Humahuaca, 2989 mètres au-dessus du niveau de la mer, à 40 minutes au nord de Tilcara. Arrivés là-bas, nous tombons immédiatement sur un chauffeur pour aller sur le site de la colline des 14 couleurs. Il nous propose le prix normal pour s’y rendre et nous fixons l’heure de départ à 12h30, ce qui laisse le temps au soleil d’éclairer les montagnes et à nous de découvrir ce village.
La place est très touristique : elle est bordée de boutique et des vendeurs ambulants proposent chapelets et chapeaux en masse. Trois attractions majeures : le cabildo et sa tour d’horloge, d’où émerge à midi pile la statue taille réelle de San Francisco Solano ; l’église de la Chandeleur, construite en 1641, avec ses statues habillées, son autel recouvert d’or et ses lambris en bois de cactus ; et enfin, le monument à l’indépendance, démesurément grand par rapport à la taille de la ville !
12h30, nous montons tous les 4 dans la voiture pour 40 minutes de route, jusqu’au point de vue sur la montagne au 14 couleurs, El Hornocal. En chemin, le guide nous explique qu’en fait il n’y a pas 14 couleurs mais 7 comme à Purmamarca. C’est juste que le site est deux fois plus grand. Les couleurs sont dues à différents minéraux (source) :
Le saumon : argile rouge + terre + sable (3 à 4 millions d’années)
Le blanc cassé : calcaire (400 millions d’années)
Le marron et pourpre : plomb riche en carbonate de calcium (80 à 90 millions d’années)
Le rouge : fer + argile (3 à 4 millions d’années)
Le vert : oxyde de cuivre (600 millions d’années)
Le brun sombre : terre + magnésium (1 à 2 millions d’années)
Le jaune moutarde : argile + soufre (80 à 90 millions d’années)
Nous voilà à 4350 mètres d’altitude et le vent souffle ! La vue aussi coupe le souffle : c’est absolument splendide, coloré, sauvage. Les courbes s’enchaînent sous nos yeux ébahis, véritables cours de géologie et de tectonique des plaques. Nous admirons les lieux pendant une heure et en profitons pour finir notre fromage avec vue imprenable sur la montagne.
Au retour, nous faisons une pause photo avec vue sur la vallée, très belle aussi. Le guide nous parle des différentes communautés qui habitent dans ces montagnes. Toutes ont pour première langue le castillan. Le quechua est de nouveau enseigné dans les écoles, mais n’est pas la langue initiale.
Arrivés à Humahuaca, Thomas et moi décidons de nous y attarder un peu pour faire quelques boutiques. Nous avions repéré des lampes en bois de cactus, naturellement ajouré. Finalement, la raison domine : il nous reste un mois et demi de voyage et nous risquons de la casser en route.
A la gare routière, nous voyons un bus partir sous notre nez. Le prochain est censé passer dans 15 minutes. Malheureusement pour nous, il est plein ! Nous voilà à patienter presque une heure pour le prochain, plein lui aussi : nous faisons le voyage debout.
Nous arrivons néanmoins à notre auberge où nous apprenons que la soirée de ce soir, en l’honneur de l’anniversaire de l’autre auberge aura lieu dans un bar voisin et c’est une soirée déguisée. Il existe une boutique de cotillons dans le village : nous y dénichons masques et lunettes pour une poignée de pesos. En sortant, la tong de Thomas cède, après 8 ans de bons et loyaux services. Direction donc la seule boutiques de chaussure de la ville. Il y a bien des tongs mais la pointure de Thomas n’existe pas… il faudra réparer celles-ci avec Scotch et ficelle.
Après un tour rapide du marché artisanal, nous rentrons nous reposer avant la soirée qui débute vers 22h30 par un repas partagé, le locro, sorte de ragoût typique argentin à base de viande, de haricot blanc, de pomme de terre et de maïs. C’est bon et cela tient bien au corps ! Heureusement, la musique démarre : musique traditionnelle argentine puis bolivienne, viennent ensuite des airs plus internationaux. Néanmoins, nous ne connaissons que peu de morceaux, les gens fument et il est déjà 1h du matin : Thomas et moi rentrons dormir.
Jour 5 : changement de pays
Debout ! Notre bus est à 9h15 pour La Quiaca, la ville la plus au nord du pays. 5171 km la sépare de Ushuaia, nous en avons fait du chemin !
Nous y arrivons vers 13h, passons la frontière Argentine-Bolivie à pied sans encombre, il est midi en Bolivie. Je retrouve les petites boliviennes avec leur chapeau, les longues tresses et les grandes jupes en me remémorant mon voyage précédent. En faisant la queue, nous rencontrons deux bretonnes, Clara et Cora, et deux brésiliens, Beatrix et Fernando, avec qui nous discutons voyage et passage en Bolivie.
Nous cherchons la gare ferroviaire, car pour nous rendre à Tupiza, première étape de notre périple bolivien, nous choisissons le train, tout comme nos 4 nouveaux compères de voyage ! Plus long que le bus, mais plus typique et moins cher. C’est même moins cher qu’un billet zone 5 à Paris. Les prix nous font bien sentir que nous avons quitté l’Argentine : avant d’embarquer, nous mangeons pour 10 bolivianos, soit un peu plus d’un euros.
La suite, quand nous la connaîtrons car nous sommes actuellement dans le train, nettoyé à la serpillière pendant le trajet, s’il vous plaît !
Nous n’aurons passé que 8 jours en Bolivie, mais en garderons un souvenir mitigé : d’un côté, les paysages magnifiques du Sud Lipez, du salar d’Uyuni et de la Isla del Sol, de l’autre, la pollution de La Paz, les détritus partout dans les villes comme dans la nature et quelques déconvenues avec les distributeurs de billets.
Nous voilà depuis quelques heures au Pérou, dernière étape de notre périple. Nous décollons dans un mois tout pile de Lima, nous sommes à Puno au bord du lac Titicaca, et d’ici là, rien n’est tracé !
25 heures après avoir quitté Iguazú, nous arrivons enfin à Salta ! Le voyage s’est bien déroulé pour nous mais le bus a fait une halte en pleine nuit dans une petite ville, une jeune fille qui a fait une attaque y a été prise en charge par une ambulance et nous espérons que tout va bien pour elle.
Il est donc 11h30 lorsque nous arrivons en ville, plus grande que ce à quoi nous nous attendions. Nous rejoignons notre auberge, Las Colorias, à pied en une quinzaine de minutes, ce qui nous permet déjà de découvrir quelques maisons à l’architecture espagnole. Nous devons attendre une heure avant de récupérer la chambre et de prendre une douche, fort bienvenue. Comme le ciel est gris et que nous sommes un peu fatigués, nous mangeons à l’auberge et prenons notre temps pour réfléchir à la suite du programme argentin.
Nous sortons néanmoins pour vérifier si Salta, construite en 1582, est à la hauteur de sa réputation. C’est censé être une ville agréable, avec charme et héritage architectural colonial bien conservé. Le centre-ville s’avère effectivement très mignon. Nous parcourons en large et en travers ses rues, découvrant avec plaisir de belles bâtisses et des églises au style baroque bien prononcé. C’est coloré et comme c’est dimanche et que les boutiques sont fermées, c’est plutôt calme.
Nous faisons ensuite des courses pour les deux jours sur place. Impossible d’acheter de la bière car la bouteille est consignée et que la vendeuse ne veut pas nous la laisser pour une raison obscure. Nous achetons donc notre première bouteille de vin ! Du séjour pensez-vous ? Que nenni ! C’est la première fois que nous achetons du vin pour nous ! Il s’agit d’un Torrentes, le vin blanc de la région, en particulier de Cafayate que nous n’aurons pas le temps de visiter.
Nous regagnons notre hébergement pour dîner et acter notre futur trajet. Nous décidons de nous diriger vers le nord de l’Argentine et de traverser la frontière avec la Bolivie au niveau de La Quiaca. Nous irons donc acheter notre billet de bus demain, en attendant, il est l’heure de dormir.
3 avril : ascension du cerro et musée
La journée commence par un copieux petit-déjeuner avec du pain maison, non sucré ! Il est même annoncé comme salé pour que les locaux ne soient pas surpris. Au contraire, nous sommes ravis d’avoir enfin du pain normal pour nos palais européens.
Objectif du matin : grimper les 1000 marches qui nous séparent du sommet du Cerro San Bernado qui culmine à 1400 mètres. Salta est elle-même à plus de 1000 mètres donc cela ne représente pas un gros dénivelé. La preuve, nous sommes en haut en 20 minutes. De ce point de vus, nous constatons l’étendue de la ville, mais pas de quoi s’attarder.
Nous descendons vers la gare routière pour acheter nos tickets de bus pour Tilcara, où nous passerons les 3 ou 4 prochaines nuits. Cela sera notre base pour visiter la quebrada de Humahuaca, qui promet d’être sublime.
De retour à l’auberge, nous déjeunons tranquillement puis nous détendons : le musée que nous souhaitons visiter n’ouvre qu’à 16h. Nous décollons donc à l’heure du goûter et constatons qu’il y a des embouteillages : les rues débordent de voitures, taxi et bus locaux. Les trottoirs ne sont pas en reste : mère avec enfants, hommes en costard et étudiants en uniforme animent la ville dans un joyeux brouhaha. Arrivés devant la porte du musée Pajcha, nous constatons qu’il faut sonner ! Il s’agit d’une maison présentant une collection privée d’objets divers sur les peuples andins. Nous sommes accueillis par le gérant qui se fait un plaisir de mêler espagnol, anglais et français en nous parlant. C’est un drôle de personnage, animé, bavard et surtout fier de son musée. Celui-ci est petit mais les oeuvres présentées sont intéressantes : amulettes en albâtre, masques en bois, objets en plume et instruments de musique, datant soit de l’époque précolombienne soit de notre époque.
A l’étage, on plonge dans la culture mapuche à travers des photos, des textes et des vêtements et bijoux. Un autre pan de mur est dédiée au Pérou et un troisième à la Bolivie.
La dernière partie, fierté du musée représentant 30 ans de recherche, est consacrée à l’analyse de la juxtaposition des arts andins et catholiques à l’arrivée des Jésuites sur le territoire. On observe ainsi une adaptation et une intégration des éléments fondamentaux de la culture andine aux codes artistiques occidentaux. La collection rassemble des Christ au visage indien, une Vierge Marie déesse du maïs, un Saint Jacques très local, des croix remplacées par des cactus…. Des photos des églises alentours viennent renforcer l’exposition : on y voit des peintures d’archanges avec des ailes de perroquets et des arquebuses ou encore des frontons représentant serpents (symbole de fertilité pour les indiens), soleil et lune.
Après une bonne heure de visite, nous revoilà dans les rues, toujours très encombrées. Il fait déjà presque nuit, cela nous surprend encore mais nous devrons nous y habituer, nous remontons encore plus au nord. Cela dit, les lumières chaleureuses de la ville mettent bien en valeur certains bâtiments. Je ne sais pas si la ville est un joyau mais elle a indéniablement du charme et les bâtiments historiques sont bien entretenus. Notre autre constat concerne la population : alors qu’elle est majoritairement de type européen dans le reste du pays, ici, nous retrouvons beaucoup de visages aux traits indiens, nous sommes bien dans les Andes. On remarque aussi quelques signes de pauvreté : Salta a deux visages, l’un touristique et l’autre bidonville. Nous n’en n’avons pas vu mais d’après le guide, les boliviens s’installent régulièrement à la limite de la ville en espérant avoir une meilleure vie mais c’est souvent peine perdue et ils se retrouvent dans des conditions pires qu’avant.
Pour ce soir, nous hésitons à tester les peñas, sorte de cafés-concert typiques de Salta mais en passant devant aucun ne nous tente : l’entrée est payante et en plus il faut forcément manger sur place. Ne désirant pas manger encore des empañadas ou des milanaises trop grasses, nous rentrons manger des légumes !
La soirée se passe à discuter avec une autre française qui voyage à travers l’Amérique Latine pendant 6 mois.
4 avril : bus
Notre bus part à 10h30 pour seulement 4 heures de trajet jusqu’à Tilcara, une broutille après nos derniers voyages !
La suite, au prochain numéro de votre blog préféré.
A défaut d’arriver à 7h comme prévu, notre bus, parti la veille à 13h30 de Buenos Aires, arrive en ce vendredi matin à 9h à Puerto Iguazú. Seule anecdote du trajet : un changement de bus au dépôt de la compagnie à 4h30 du matin. Je vous laisse imaginer nos têtes de déterrés, au milieu de bus vides, à regarder les chauffeurs déplacer nos bagages d’un bus à l’autre.
Puerto Iguazú est la ville argentine la plus proche du parc national d’Iguazú, où se trouvent les fameuses chutes d’eau. Notre première mission de la matinée : trouver un billet de bus pour la suite de notre voyage. Le plan est de visiter le parc dans la journée puis de filer vers Salta, à 1000 km à l’ouest.
Comme d’habitude, nous faisons le tour des guérites et nous voilà avec un billet pour le lendemain matin. Nous pensions repartir le soir même, mais les horaires et prix sont moins sympas.
Nous laissons ensuite nos sacs à dos à la gare de bus, puis prenons une navette direction le parc. Celui-ci se situe à 20 km de la ville et est à cheval entre le Brésil et l’Argentine. Nous ne visitons que la partie argentine, qui permet de s’approcher des chutes au plus près tandis que le côté brésilien offre plutôt des points de vue sur l’ensemble des cascades.
L’entrée a des allures de Disneyland, avec ses portiques, ses chemins pavés bordés de boutiques de souvenirs qui mènent jusqu’à un petit train, obligatoire pour accéder aux trois circuits ouverts. En effet, une partie du parc n’est pas accessible à cause des crues, et nous ne pourrons pas visiter l’île San Martín.
Nous commençons donc par le circuit « inférieur » qui nous permet d’observer les chutes d’eau depuis le bas. Le tour fait un peu plus d’un kilomètre, et nous ne sommes pas seuls : touristes et coatis partagent le chemin avec nous. Vous connaissez la première espèce, la deuxième est un animal qui, au contact de l’être humain, est devenu chapardeur et très curieux, au point d’essayer de fouiller dans les sacs à dos si vous avez le malheur de le laisser au sol quelques instants. Nous avons notamment vu un touriste argentin se faire arracher des mains un sac en papier contenant des empeñadas !
Bref, revenons aux chutes. Le tour passe devant une première cascade avant de nous offrir une série de points de vue sur les fameuses chutes, qui s’étendent sur 2,7 km. Nous nous approchons ainsi jusqu’à un mirador situé quasiment sous l’une d’entre elles. Nous affrontons les éléments pour la photo, avec enthousiasme car il fait chaud et un peu de bruine ne nous fait pas de mal.
Nous nous posons ensuite face aux cascades jumelles pour pique-niquer, dans un coin qui s’avère ne pas être fréquenté par les coatis mais par les papillons. Irène en adopte un sur son chapeau, qui restera bien accroché une demi-heure. Nous apprenons plus loin que ces insectes sont attirés par les sels que nous déposons un peu partout, le sol de cette région étant pauvre en minéraux.
En route maintenant vers le circuit supérieur, je vous laisse deviner quels points de vue offre ce circuit ! Nous tombons sur Julie, que nous avions laissée à la gare de bus et continuons donc le chemin ensemble.
Celui-ci, bien aménagé, nous mène successivement au dessus des différentes chutes d’eau du parc. Nous voyons des trombes d’eau se déverser 80 mètres plus bas.
Au terme de cette deuxième boucle, il nous faut reprendre le petit train pour rejoindre le clou de la visite : la Garganta del Diablo (gorge du Diable). En chemin, nous croisons des nuées de papillons et quelques jolis oiseaux. Nous voyons même deux tortues se prélasser au soleil tandis qu’un caïman attend patiemment quelques mètres plus loin. Nous sommes contents d’être sur notre passerelle métallique, deux mètres au dessus.
Enfin, nous atteignons la fameuse gorge du Diable. Le bruit est impressionnant, nous n’entendons plus les hélicoptères qui nous survolent ! Visuellement, c’est tout aussi fou : il y a tellement d’eau que le nuage de vapeur ne nous permet pas de voir le pied des chutes ! Arc-en-ciels et papillons viennent ajouter à la magie du lieu et nous y prenons notre temps pour profiter un maximum.
Nous retournons ensuite jusqu’à l’entrée du parc bercés par le petit train et attrapons une des fréquentes navettes jusqu’au centre. N’ayant pas de logement, c’est notre nouvelle quête de cette fin d’après-midi. Nous trouvons un hôtel pas cher et bien noté en ligne et, après nous être assurés via WhatsApp que nous pouvions utiliser la cuisine, nous voilà logés pour la nuit. C’est donc l’heure de prendre un dernier verre avec Julie, qui reste dans le coin avant de redescendre en Uruguay.
Après avoir dit « au revoir » pour la deuxième fois à Julie (la première c’était à Puerto Natales), nous rejoignons l’hôtel avec nos sacs sur le dos pour un bon repas et une nuit dans un vrai lit afin de nous préparer pour les 26h de bus qui nous mèneront le lendemain jusqu’à Salta.
Un très grand merci à Julie pour toutes les photos de nous présentent dans cet article !
Notre vol Ushuaïa-Buenos Aires s’est effectué sans encombre et nous récupérons particulièrement rapidement nos bagages avant de prendre un taxi. Le conducteur, assez bavard, nous vend les mérites de la ville lorsque Thomas l’interrompt : en une minute, le compteur est passé de 80 à 160 pesos ! Il en informe le chauffeur qui, mise en scène ou réalité, tapote sa machine et nous dit qu’il y a effectivement un problème. Nous arrivons à bon port et payons 110 pesos, soit le prix normal pour une course entre l’aéroport et le centre-ville.
Notre auberge est dans le quartier Recoleta, un des quartiers huppés de la capitale argentine. Elle se situe dans un immeuble du début du siècle dernier et toutes les chambres donnent sur la cours intérieure, à ciel ouvert. Nous aurons la malchance de découvrir que cette spécificité architecturale en fait une prodigieuse caisse de résonance : si des personnes discutent en bas, tout le monde entend ! Mais pour l’instant, nous ne le savons pas encore et nous nous contentons de déposer nos sacs dans le dortoir de 4, que nous partageons avec deux américains. Puis nous allons déguster une pizza dans le restaurant d’à côté. Cela faisait bien une semaine que Thomas rêvait de pizza et, par chance, la pizzeria est bonne ! Au point que des mariés y débarquent en tenue avec une quinzaine d’invités.
Après ce bon repas, nous regagnons nos pénates et le cauchemard commence : il fait chaud (25 degrés versus 13 à Ushuaia) et surtout, certains résidents sèment la pagaille dans l’auberge. Éclats de voix, musique à fond, raclements de chaises et tables métalliques, la totale.Il est déjà 1h30 du matin lorsque Thomas se lève pour aller voir le réceptionniste, qui ne joue pas du tout le rôle de garde chiourme… Cela se calme vers 2h30, mais vers 4h, d’autres personnes commencent à discuter et enfin à 7h, les lève-tôts s’activent . Avec tout cela, nous sommes bien fatigués et notre première activité de la matinée est de trouver un autre logement, sachant que nous avons quand même une deuxième nuit réservée dans cette même auberge.
Jour 1 : découverte de San Telmo et de la Boca
Nous sortons de l’auberge vers midi pour explorer cette grande ville de 3 millions d’habitants intra muros et 13 millions avec son agglomération, soit la même marée humaine qu’à Paris. Nous ne nous attendions à rien de spécial, car seul le nom de cette capitale nous était familier. Et encore ! Son nom initial est Puerto Nuestra Señora Santa Maria del Buen Aire, qui le savait ? Elle fut fondée en 1536 par Pedro de Mendoza y Luján, espagnol, qui mourut un an après en mer. 20 000 habitants animaient ses rues en 1776, lorsqu’elle devint la capitale de la vice-royauté. Elle fut déclarée capitale du pays en 1880 et accueillit de nombreux migrants.
Suite à notre séjour à Santiago, nous avions cependant des légères appréhensions quant à notre capacité à aimer une grande ville sud-américaine, d’autant que cela fait un bon mois que nous sommes en pleine nature.
C’est donc d’un pas fatigué et mitigé que nous nous dirigeons vers le quartier de San Telmo via le Microcentro. Nous passons notamment devant le siège de la présidence, qui domine la place de mai avec sa couleur rose. Pourquoi rose ? Les théories sont multiples : mélange du rouge des Fédéralistes et du blanc des Unitaristes ou utilisation de sang de boeuf dans la peinture, pratique courante à la fin du XIXe siècle. Autre point fort du Microcentro, la Plaza de Mayo, lieu de rassemblements et de manifestations. C’est d’ailleurs sur cette place que les Mères de la Place de Mai se réunissent hebdomadairement depuis 30 ans à la mémoire des disparus sous la junte militaire entre 1976 et 1983.
Nous continuons notre exploration et force est de constater que, même si certaines artères alignent jusqu’à 11 voies, la ville est assez verte et aérée car elle est régulièrement agrémentée de grands parcs. Autre point positif, elle comprend assez peu de grattes-ciels. Il s’agit plutôt d’un alignement d’immeubles de tailles moyennes, un peu comme à Paris, dont certains sont en pierres de taille. Néanmoins, c’est une grande ville, avec son agitation et son bruit perpétuel. Cela nous change bien de la Patagonie, sauvage et puissante, où seuls résonnent les échos des glaciers, des eaux tumultueuses et des rapaces.
Nous traversons ensuite le quartier de San Telmo dont une des rues est animée par un marché artisanal, sur quelques centaines de mètres, quand même. On y trouve toute sorte de menus objets décoratifs, plus ou moins dédiés aux touristes, tels des magnets, des ponchos, des portes clés et bien sûr des tonnes de bijoux. Donc, oui, j’ai une paire de boucles d’oreilles en plus, mais j’ai le droit à une paire par pays visité !
Il est 15h lorsque nous émergeons de la foule et nos estomacs se manifestent. Après de longues hésitations, nous entrons dans un café qui s’avère être une des institutions de la ville, ouvert depuis début 1900. Le serveur nous a rappelé Paris : peu affable, il jette la carte sur la table, prend la commande en un grognement et fait tout en traînant les pieds. La nourriture est bonne, c’est le principal et nous sortons d’attaque pour explorer le quartier de La Boca.
Ce dernier est potentiellement l’une des zones malfamées de Buenos Aires et effectivement, il a l’air un peu plus pauvre. Paradoxalement, c’est ici que ce trouve le Caminito, deux ruelles hyper touristiques avec maisons colorées, restaurants avec rabatteurs, danseurs de tango, artistes de rue… c’est extrêmement animé et cela fait complètement artificiel.
Après quelques photos, nous rentrons à l’auberge et y attendons un argentin, ancien collègue de Thomas, Lucas. Il est de retour au pays pour terminer ses études après son stage en France. En attendant, il nous conduit dans un bar qui brasse sa propre bière. Notre point faible est décidément connu de tous ! Nous accompagnons notre verre d’une assiette de frites préparées selon la recette locale : avec du cheddar fondu, du bacon et des jeunes oignons.
La soirée se termine par une petite balade digestive et nous regagnons nos pénates en nous demandant si nous pourrons dormir. La réponse est positive ! Tout est calme et la chambre est à nous, ouf.
Jour 2 : déménagement et balade dans Recoleta
La nuit fut paisible et nous prenons notre petit déjeuner de meilleur humeur que la veille avant de faire nos sacs.
Nous décidons de rejoindre à pied notre nouveau logement, dans le quartier Congreso. Mais avant nous passons devant une des parillas, restaurant à viande, pour regarder le menu . Ce soir, nous mangeons avec un ami Erasmus et sa compagne et nous cherchons désespérément un endroit abordable. Les prix flambent en Argentine et c’est particulièrement vrai pour les parillas réputées : les prix mentionnés dans les guides tournent autour de 200 pesos alors qu’en réalité c’est entre 400 et 700 ! Toujours est-il que l’adresse devant laquelle nous passons propose des tarifs acceptables, que nous prenons en photo pour envoyer à nos amis.
35 minutes plus tard, nous arrivons au Airbnb, dans une vieille maison bourgeoise. La rue est bruyante en journée, mais la chambre spacieuse et avec salle de bain. Cela nous va. Nous y déjeunons puis nous dirigeons vers la gare routière pour acheter nos billets vers Iguazú. La gare est immense et il y a bien une centaine de guichets alignés. C’est parti pour l’analyse des prix… 1500 pesos le tarif officiel mais chacun y va de sa réduction. 3 agences se détachent du lot avec des offres à 1050, 1053 et 1055 pesos. Banco pour les 1050 pesos. En fait, nous nous retrouvons avec des billets pour un prestataire différent, qui lui-même vendait les billets à 1200 pesos. Bref, on a nos places et l’on quitte vite fait cette gare aux alentours assez glauques.
Après un passage éclair par la place du général libérateur San Martín où trône sa statue, nous partons d’un bon pas vers Recoleta pour explorer quelques rues et surtout le cimetière, l’un des immanquables de la visite de la ville d’après notre guide. Il n’est pas très grand, mais les mausolées s’alignent dans toutes les directions, plus ou moins sculptés et plus ou moins modernes. Nous y passons un moment agréable, surtout que comme il ferme ses portes bientôt, le gros des touristes des déjà parti (et je ne parle pas d’Obélix). L’une des tombes attire plus spécialement touristes et locaux : celle d’Eva Duarte, actrice mariée à l’homme politique Juan Perón. Elle poussa celui-ci dans sa carrière politique et il devint président en 1946. Elle lui a notamment soufflé de nombreuses actions en faveur du peuple et des femmes, qui obtiennent ainsi le droit de vote en 1947. Perón est élu pour un deuxième mandat, mais Eva meurt pendant cette période, à l’âge de 33 ans. Perón est renversé par un coup d’état militaire en 1955. La période qui suit est extrêmement sombre, marquée par des grèves et une guérilla armée. Perón revient au pouvoir en 1973 mais meurt en 1974. Le péronisme a fait son temps, avec autant d’adeptes que d’opposants mais Eva reste encore aujourd’hui un symbole pour les argentins. C’est d’ailleurs une des seules tombes fleuries du cimetière. On entre alors dans la période dite de la guerre sale : tous les opposants au nouveau régime sont traqués et ainsi, des milliers de personnes disparaissent entre 1976 et 1983. Le nombre exacte n’est pas connu et oscille entre 10 000 et 30 000 disparus. Depuis, tous les jeudis, les mères se rassemblent et réclament la vérité sur ce triste chapitre.
Nous sortons de cet espace calme pour rejoindre l’agitation urbaine. Nous faisons un aller-retour rapide “à la maison” puis rejoignons Sam et Aulde pour un bon repas. Nous échangeons nos expériences et astuces de voyage car ils sont également sur les routes sud-américaines depuis 4 mois. Par contre, il leur reste encore 7 mois pour explorer le territoire, alors que nous commençons à compter les semaines. Le temps de se raconter tout cela, il est déjà minuit !
Jour 3 : exploration de Palermo
En ville, nous ne sommes pas du matin. Certains diront qu’en randonnée non plus… toujours est-il que nous sortons au soleil vers 12h30 pour regagner en bus le quartier de Palermo. Ce quartier est à la mode, assez chic, avec resto et bars branchés. En tout cas, je m’y sens tout de suite bien car il y a plein de grands parcs ! On aperçoit les girafes du zoo avant de rejoindre le parc 3 de Febrero et sa magnifique roseraie. Nous passons ainsi de Palermo Hollywood à Palermo Soho, la vieille ville, tout aussi branchée. Les immeubles font rarement plus de deux étages et les petites boutiques s’alternent avec les resto. Comme il est 15h, nous avons faim, nous nous décidons pour une spécialité argentine : le pancho. Il s’agit d’un hot dog avec sauce au choix, l’originalité résidant dans ces sauces. Ce n’est pas très fin, mais ça cale.
Plaza Serrano nous rejoignons Julie, arrivée un jour après nous en ville, pour une glace, puis une balade, puis un verre (de bière artisanale), puis un très bon burger-frites chez Burger Joint. Nous passons une excellente soirée puis nos lits nous appellent.
Jour 4 : Puerto Madero
Ce matin, nous nous acharnons contre le Wi-Fi, déjà hasardeux les autres jours mais complètement récalcitrant pour le moment. Nous qui voulions mettre à jour le blog, c’est raté ! A défaut, nous nous préparons un bon déjeuner et quittons l’immeuble après avoir étendu la lessive au soleil, sur les coups de 14h30. Il nous reste un quartier à explorer et nous sommes censés voir Flor et Natacha, les argentines de Bariloche, ce soir. Oui, même à l’autre bout du monde, tous nos soirs sont pris !
Nous nous rendons à pied à Puerto Madero, un bel endroit de la ville. Les quais sont aménagés et même si l’on voit des tours, elles sont belles et assez espacées. Nous en profitons pour visiter le navire-école de la Marine, la frégate Sarmiento. Le bateau a parcouru les mers de 1899 à 1938, en passant plusieurs fois par la France. La visite a l’air intéressante et le coût d’entrée plus que modique (10 pesos, 60 centimes) : nous voilà sur le ponton. Impossible de hisser les voiles mais c’est bien sympa d’être à bord et cela nous rappelle Brest 2016. Quelques panneaux expliquent les différentes pièces traversées, nous voyons le salon de coiffure, la cuisine, la cabine de pilotage et quelques maquettes présentant les appartements du capitaine.
De retour sur la terre ferme, nous passons par le pont des femmes, censés représenter un couple de danseurs de tango mais nous manquons d’imagination probablement car nous sommes bien incapables de le visualiser. Cela nous mène au parc écologique, une zone naturelle protégée ou nous devrions pouvoir observer tout un tas d’oiseaux. A défaut d’en voir beaucoup, cela nous fait une balade dans la nature et c’est agréable.
Au passage, on trouve un point Wi-Fi pour valider le lieu de rendez-vous avec les filles mais elles ne sont plus dispo. Il faut dire qu’elles sont rentrées il y a deux jours à peine après deux mois d’absence et du coup, amis et parents les sollicitent. C’est dommage pour nous, mais nous comprenons… on mangera à l’appartement en tête à tête ce soir.
Jour 5 : sacs et bus
Notre séjour à la capitale touche à sa fin. Nous plions bagage et nous rendons au terminal de bus où nous retrouvons Julie, qui se rend également à Iguazú. Le bus part à l’heure, 13h30. Il est maintenant 22h et je termine cet article. Nous arriverons à 7h du matin à Puerto Iguazú, pour une bonne douche !
Aujourd’hui, dernière demi-journée en Argentine ! Nous prenons le bus ce matin depuis Tilcara direction la frontière bolivienne. Au passage, nous traverserons la ligne du tropiques du Capricorne (vous comprenez notre titre d’article maintenant !)
En attendant de trouver une connexion décente pour mettre à jour le blog, nous vous donnons rendez-vous en Bolivie !
Je passe rapidement sur la journée du 21 mars, dédiée au repos à Puerto Natales et continue sur le récit de notre périple jusqu’au bout du monde : la ville d’Ushuaïa.
Le trajet
En ce mercredi matin, nous sommes attendus à la gare à 6h45 où un bus doit nous mener jusqu’à Punta Arenas, ville chilienne située à près de 300 km au sud. De là, un bus doit nous mener jusqu’à Ushuaïa. Celui-ci part à 8h30 de Punta Arenas. Les plus rapides auront déjà fait le calcul, 300 km en 1h45, sur une route patagonienne, c’est utopique (et pourtant, ils peuvent rouler vite). En effet, ça l’est : sur les coups de 9h notre bus s’arrête au milieu de nulle part et demande aux passagers à destination d’Ushuaïa de descendre et de récupérer leurs bagages en soute. Nous sommes donc une quinzaine, abandonnés sur le bord de la route, à attendre le bus de Punta Arenas (il y a en fait une jonction à quelques centaines de mètres). Il fait frais mais beau donc ça va. Une demi-heure plus tard, après avoir vu passer plusieurs bus sauf le nôtre, celui-ci arrive enfin et nous reprenons la route direction la Terre de Feu.
Une heure plus tard, nous arrivons à l’embarcadère du bac où bus, camions et autres véhicules attendent patiemment leur tour. Les bus ont visiblement la priorité car nous passons devant tout le monde et traversons le détroit de Magellan en une demi-heure. Nous aurons même la chance d’apercevoir des dauphins noirs et blancs ainsi sue des otaries !
De l’autre côté du détroit, ça y est ! Nous posons le pied sur l’île de Terre de Feu, appelée ainsi lors de sa découverte par Magellan, ayant aperçu la fumée de feux de camp autochtones (un peu comme la Bay of Fires en Tasmanie). Après une trentaine de kilomètres, la route, goudronnée jusqu’à présent, se transforme en route en terre : le gouvernement chilien n’ayant plus de villes au-delà n’a probablement pas jugé nécessaire de faciliter le passage vers l’Argentine. S’en suivent une centaine de kilomètres à 50 km/h jusqu’aux frontières. Comme d’habitude, nous faisons la queue deux fois mais comme nous ne sommes pas le premier bus, cela prend un temps fou et nous ne quittons la frontière Argentine que vers 16h pour retrouver la route goudronnée. C’était notre cinquième et dernier passage de frontière Chili-Argentine (trois dans ce sens, deux dans l’autre) ! Nous arrivons à Ushuaïa à 20h, après une longue journée et décidons de rejoindre notre logement à pied, l’air est doux et nous avons besoin de nous dégourdir les jambes !
Jour 1 : balade dans la ville
Un peu de repos après nos aventures de la veille, nous traînons dans notre logement le matin et, après quelques courses chez Carrefour (si, si !) et un déjeuner maison, nous voilà partis pour découvrir la ville la plus au sud du monde. Bon, en vrai, Puerto Williams, un village situé de l’autre côté du canal de Beagle, au Chili, est encore plus au sud mais il n’a pas le statut de ville selon les critères de l’ONU : le statut de ville est attribué aux bourgades de plus de 20 000 habitants, Puerto Williams compte un peu plus de 2000 âmes contre près de 60 000 pour Ushuaïa. Donc techniquement, Ushuaïa est bien la ville la plus au sud. N’allez pas dire le contraire à un argentin !
Nous marchons vers le port où les agences de voyage se battent pour proposer aux touristes de passage différentes croisières dans le canal pour observer faune et flore. Après avoir discuté avec trois d’entre elles, nous réservons pour le lendemain matin, les conditions étant censée être les meilleures pour naviguer. Nos critères : un petit bateau (10/12 personnes, pas un catamaran à 40 personnes), le prix 1100 pesos (66 €) par personne et les options proposées : une mini randonnée sur un îlot du canal est prévue et le tour inclut la dégustation d’une bière locale au retour. Nous faisons l’impasse sur l’option « balade avec les pingouins », qui dure toute la journée pour ne finalement passer que quelques dizaines de minutes dans un groupe de vingt au milieu des pingouins pour un prix exorbitant.
La sortie réservée, nous décidons d’aller nous cultiver au musée maritime, situé dans l’ancien bagne. Ce musée est en fait un mélange de musée maritime, historique et artistique. Les expositions sont réparties dans les différentes ailes du bagne, et les anciennes cellules hébergent les présentoirs et autres objets d’exposition. Le tout est un peu décousu et nous ne comprenons pas le fil directeur de certaines expositions. Nous en apprenons néanmoins un peu plus sur l’histoire de la ville, créée en 1870 pour étudier les peuples Yagan puis transformée en 1884 en bagne, qu’elle restera jusqu’en 1947. Elle accueillait alors les prisonniers de droit commun et les prisonniers politiques.
Quelques planches nous informent également sur l’histoire des expéditions en Antarctique : 90% des expéditions actuelles font escales ou partent d’Ushuaïa. Nous verrons d’ailleurs dans le port un navire argentin être deux missions.
Nous terminons la journée en nous baladant dans la rue principale, faisons un arrêt dans une brasserie artisanale où nous goûtons la bière locale en écrivant des cartes postales, avant de rejoindre notre logement pour nous faire à manger.
Jour 2 : croisière et randonnée
Aujourd’hui, c’est croisière ! Nous avons rendez-vous à 9h45 pour un départ à 10h, nous partons avec quinze minute de retard car il semble que nous attendions des personnes qui ne viendront pas. Tant mieux ! Nous sommes quatre touristes sur le bateau, avec la guide, le capitaine et un ami de la guide, autant dire que la matinée se passera en petit comité, loin de la foule des catamarans. Vous l’aurez remarqué si vous êtes assidus de ce blog, mais nous n’aimons pas la foule !
Bref, nous voilà partis pour une excursion de 4h dans le canal de Beagle. Considéré comme la seule mer qui touche l’Argentine (le reste de ses côtes est bordé par l’océan Atlantique), le canal sépare la grande île de Terre de Feu de l’île de Navarino au sud, entièrement chilienne. Au milieu du canal se trouve un petit archipel, les îles Bridges, du nom de Thomas Bridges, l’un des premiers colons de la région et, à leur extrémité le phare « Les Eclaireurs » (en français dans le texte), le phare le plus septentrional.
Nous nous dirigeons vers les premières îles pendant que la guide nous fait asseoir en proue du bateau, sous un beau soleil et une mer calme, pour nous décrire la géographie de la région, carte maritime à l’appui. C’est instructif, nous réchauffons notre espagnol un peu délaissé ces dernières semaines au profit de l’anglais. Nous voyons quelques oiseaux de mer et des pingouins de Magellan barboter autour de nous. Et, alors que nous nous approchons des premières îles pour en observer la faune, le capitaine annonce un changement de cap direction le phare au loin car un des bateaux qui nous précède a vu des « bachénas ».
Et là, Irène et moi nous regardons, chacun lisant l’incompréhension dans les yeux de l’autre. Nous demandant à la guide et nos comparses argentines ce qu’il en ressort, celles-ci nous confirment que nous allons voir les bachénas. Certains d’entre vous auront peut-être déjà compris, mais il nous a fallu cinq minutes d’analyse pour choisir si la première lettre était un « v » ou un « b » (prononcés, à nos oreilles non initiées, de la même manière) et si le son « ch » en était bien un ou plutôt le lettre espagnole « ll », prononcée « ch » en Argentine… Ayant un doute quant à la présence d’une espèce de vache au fond de la baie, nous nous décidons pour l’explication la plus plausible et la plus excitante : des baleines ! Et oui, les ballenas, tout simplement !
Et c’est bien de ça dont il s’agit, notre embarcation se dirige droit vers un banc de cétacés dont nous apercevons déjà les jets d’eau percer la surface au loin. Sur les lieux, nous avons l’énorme chance de voir ces animaux sortir de l’eau pour prendre de l’air. Il y en a plus d’une douzaine, chaque bateau s’approche prudemment, évitant d’encercler les baleines mais plutôt en voguant à leur côté. Celles-ci ne semblent pas gênées, elles sortent régulièrement à quelques mètres de nous, parfois en groupe de deux ou trois bêtes, pour notre plus grand plaisir. Notre guide, Laura, toute aussi excitée que nous, nous explique que c’est la période des migrations vers le nord. Les baleines rejoignent les côtes de l’équateur pour l’hiver austral après avoir profité des immenses réserves de poissons de l’Antarctique. Ce groupe particulier a dû décider de prendre un raccourci par le canal de Beagle, ce qui n’est pas fréquent. Même le capitaine est aux anges, montrant à quel point nous sommes chanceux.
Nous laissons les baleines continuer leur périple et reprenons le cours de l’excursion. Notre traque nous ayant mené jusqu’au phare, nous en faisant le tour pour une petite séance photo avant de nous diriger vers les îles les plus proches où nichent différentes espèces d’oiseau.
Un peu plus loin, nous approchons une autre île où paressent lions de mer et phoques (tout du moins, d’après nos traductions).
Enfin, nous rejoignons l’île Thomas, île principale des îles Bridges, où nous débarquons pour une petite balade d’une demi-heure. Laura nous montre quelques coquillages, expliquant le rôle de chacun, nous observons des algues de près pour comprendre comment celles-ci s’ancrent au fond de l’eau tout en flottant à la surface. Passée cette séance de (re-)découverte des bords de mer, nous grimpons quelques rochers jusqu’à la lande dont la flore présente la particularité de pousser en milieu alpin ! Nous sommes pourtant à dix mètres au dessus du niveau de la mer ! Parmi cette végétation, nous découvrons une mousse très compacte qui croît de quelques millimètres par an seulement. Certains spécimens doivent être là depuis plusieurs centaines d’années.
Nous terminons cette balade sur un promontoire nous offrant un point de vue sur la ville d’Ushuaïa et son aéroport d’un côté, sur l’île de Navarino de l’autre. Nous ne sommes toutefois pas assez hauts pour voir le Cap Horn, situé à une centaine de kilomètres.
De retour au bateau, c’est l’heure de la détente : nous nous posons au soleil, en proue du navire, pour siroter un demi de Beagle, la bière locale.
Nous avons même la chance de retrouver quelques baleines qui se sont approchées du port et nous en profitons une dernière fois, seuls sur l’eau, les autres bateaux étant déjà rentrés au port.
Nous débarquons les yeux amplis de belles images mais la journée n’est pas terminée. Nous voulons profiter du beau temps pour aller nous balader jusqu’au lac Esmeralda. Le point de départ de la randonnée est situé a 20 km du centre et notre hôte nous a indiqué que l’autostop fonctionnait très bien. Nous suivons ses conseils et effectivement, deux minutes après notre arrivée sur la route principale, une dame nous embarque et nous dépose à l’entrée de la ville à 7 km. Nous tentons le coup à nouveau et à peine une minute après avoir levé le pouce, c’est une famille qui nous prend en charge et nous dépose au point de départ de la rando. Voilà une affaire rondement menée : moins d’une heure après avoir mis pied à terre, nous sommes en route vers le lac.
Le chemin traverse bois et vallée, aux couleurs déjà automnales. Ce dégradé de couleurs chaudes, du rouge profond à l’or éclatant est absolument superbe. Nous en savourons les reflets moirés pendant toute la balade. Nous traversons plusieurs rivières sur lesquelles des castors ont construit des barrages, puis ça se corse : nous abordons un champ de boue, une vraie pataugeoire que nous tentons tant bien que mal de traverser sans trop salir nos chaussures. Deux heures de grimpette plus tard, nous voilà arriver au lac. Après une petite pause, nous repartons dans l’autre sens et rejoignons le parking en une heure. Dans ce sens, nous avons moins de succès avec le stop. Mais relativisons, nous attendons au final un quart d’heure avant d’être raccompagnés par Gustavo, avec qui nous discutons voyage.
Après cette journée épuisante, mais riche en émotions et haute en couleurs, nous sommes contents de retrouver un vrai lit et un toit qui nous protège des averses de la nuit.
Jour 3 : dernier tour de piste avant l’envol
Nous profitons du fait que personne n’a loué notre chambre Airbnb pour traîner et finir nos sacs. Nous décollons en fin d’après-midi pour Buenos Aires et n’avons donc rien de prévu pour la journée.
Pour profiter néanmoins du grand soleil, nous emballons nos restes et allons pique-niquer sur la jetée, face à la baie d’Ushuaïa, conscients que c’est probablement la dernière fois que nous profitons de ce paysage. Un dernier tour en ville pour boire un chocolat chaud et nous rentrons récupérer nos sacs pour nous rendre à pied jusqu’à l’aéroport. Celui-ci se situe à 5 km du centre et une promenade piétonne permet d’y accéder sans risque. Inutile de préciser que nous sommes les seuls avec des sacs à dos parmi les joggers et les badauds promenant leur chien. Mais la promenade est agréable, avec vue sur le canal et les montagnes chiliennes derrière. À l’aéroport, après avoir enregistré nos bagages, nous restons nous prélasser au soleil jusqu’au moment de l’embarquement, et nous voila partis pour un saut de puce de 3000 kilomètres.
Torres del Paine : trois petites tours et puis s’en vont !
En ce mardi matin, nous quittons El Calafate à 8h30 direction de Puerto Natales, six heures de route et une traversée de frontière plus loin. Nous revoilà donc au Chili, cela nous fait presque bizarre de passer une frontière en bus ! En tout cas, cela prend plus de temps qu’à pied : tout le bus fait la queue pour faire tamponner son passeport, deux fois, et les chiliens étant plus stricts que les argentins sur les imports de nourriture, il faut en prime passer aux rayons X tous les bagages à la recherche d’un potentiel fruit ou morceau de viande.
Arrivés à Puerto Natales, nous nous installons dans une auberge fort agréable, Yagan House puis nous mettons en quête d’un supermarché pour faire le plein en prévision de notre dernier long trek en Patagonie : le circuit W de Torres del Paine.
Le lendemain est jour de repos. Nous commençons par nous rendre au terminal de bus afin de réserver notre billet Puerto Natales – Ushuaia pour la semaine suivante puis déambulons dans la ville, le long du fjord qui relie celle-ci à l’océan Pacifique via un labyrinthe de bras de mer, et terminons dans le centre, profitant du beau temps et de la fraîcheur qui règne sous ces latitudes.
L’après-midi est consacrée à compléter nos provisions, puis nous accueillons Oli dans notre auberge, il pense débuter le trek avec nous le lendemain. En fin d’après-midi, nous nous rendons dans la brasserie Baguales où nous retrouvons Anne-Laure, Guillaume ainsi que Julie (une française) et Marco (un allemand), deux nouveaux venus dans la bande. De retour à l’auberge, nous mangeons avec Oli et réglons le réveil à 6h pour le lendemain.
Nous avons prévu de faire le circuit W en cinq nuits et six jours, d’ouest en est. Depuis octobre 2016, il faut réserver à l’avance ses campings sur le parc pour pouvoir y entrer et rester plusieurs jours (sinon il faut faire une visite à la journée). Cela nous a valu quelques soirées casse-tête lors de notre séjour à Bariloche, où nous avons eu connaissance de ce système, car tous les campings n’ont pas les mêmes disponibilités aux dates voulues…
Mais parce que parfois, mieux vaut une image qu’un beau discours, voici un aperçu de notre circuit.
Les plus observateurs auront remarqué qu’il manque le 6ème jour, mais lisez donc pour savoir pourquoi !
Jour 1 : de Puerto Natales au glacier Grey
Pour ce premier jour de randonnée, nous avons rendez-vous avec notre navette à 7h30.
Celle-ci nous conduit jusqu’à l’entrée du parc où nous arrivons vers 9h30. C’est l’usine : une demi-douzaine de bus pleins de randonneurs arrivent en même temps et nous faisons tous la queue pour nous inscrire, payer le droit d’entrée au parc (21000 pesos soit une trentaine d’euros) et affirmer aux rangers que nous avons bien réserver nos campings. Ceux-ci ne vérifient rien et nous croient sur parole ce qui arrange bien certains, dont Oli, qui arrivent sans réservation.
Nous prenons ensuite un catamaran pour une traversée de 30 minutes jusqu’au refuge Paine Grande où nous n’avons pas de réservation. Il est 11h30 quand nous nous mettons en route tous les trois en direction du refuge Grey, proche du glacier homonyme, à l’extrémité ouest du circuit W.
Après une heure de marche, nous nous arrêtons pour pique-niquer au bord d’un lac, sous l’oeil affûté de rapaces qui n’attendent que notre départ pour grappiller les quelques miettes tombées de nos sandwichs.
Nous repartons ensuite d’un pas tranquille vers Grey, et parcourons ces 11 km en 4 heures (j’ai bien dis « tranquille »). En chemin, nous nous arrêtons aux différents miradors permettant d’observer le glacier. Nous observons également les effets des pluies torrentielles de la semaine précédente, qui ont valu au parc quelques jours de fermeture : certains cours d’eau débordent largement sur le chemin et nous sautons de cailloux en cailloux pour éviter de se mouiller les pieds.
Arrivés au camping Grey, nous récupérons notre étiquette à coller sur la tente et Oli obtient sans soucis une place, alors même que le camping était annoncé comme complet en ligne. Nous voilà rassurés, Irène et moi passons la fin d’après-midi face au glacier, à jouer avec les icebergs qui s’en sont détachés et à manger de la vraie glace de glacier ! Ça n’a pas de goût.
De retour au camping, nous profitons de la salle commune où il fait bon cuisiner et pouvons même prendre une douche chaude ! Une première en trek pour nous, nous sommes loin du confort sommaire de l’Overland Track. Il y a même un petit supermarché pour ceux qui souhaiteraient compléter leur garde-manger. Pour nous, c’est déjà prévu : pâtes aux saucisses et poivrons, un grand luxe car c’est notre premier jour et nous avons encore des produits frais. Pour la sauce tomate, nous employons une technique de randonneurs apprises avec nos amis : nous utilisons une soupe à la tomate en sachet que nous ajoutons à l’eau des pâtes, légèrement égouttées, en fin de cuisson. Ça passe bien (et c’est quelqu’un qui déteste les tomates crues qui vous le dit).
Jour 2 : de Grey à Italiano
Pour ce deuxième jour de randonnée, 18 kms au programme. Nous devons revenir sur nos pas jusqu’à Paine Grande, où le catamaran nous a déposé la veille, puis continuer pour 7 kms vers le refuge Italiano.
Nous partons vers 11h, sous le soleil, après avoir pris notre temps pour petit-déjeuner et ranger nos affaires. C’est le bon côté du système de réservation : n’ayant pas obtenu les campings voulus pour faire des étapes plus longues, nous pouvons prendre notre temps.
Nous arrivons à Paine Grande vers 14 h et décidons d’y déjeuner, profitant de la salle commune du camping pour faire chauffer de l’eau à l’abri du vent. Nous voyons deux renards jouer sous les fenêtres de la salle et au milieu des tentes. Très peu sauvages, ils ne prennent pas peur lorsqu’on s’approche pour les photos.
Après 1h30 de pause, nous repartons vers le camping Italiano où nous arrivons vers 17h. C’est l’un des campings gratuits gérés par les rangers, également soumis à réservation, mais nous rencontrons plusieurs personnes qui s’y installeront sans soucis, avec ou sans accord. En effet, de nombreux emplacements sont disponibles, peut-être car nous sommes en fin de haute saison ?
Confirmation de la réservation faite auprès des rangers, nous plantons la tente et nous voilà installés sur une des tables à boire du thé et discuter avec les randonneurs. Nous y croisons Julie et Marco, qui ont à peu près le même parcours que nous avec un jour d’avance et de nouvelles personnes, comme Connor, un américain qui nous raconte ses aventures dont sa traversée Canada-Mexique à pied, en quatre mois et demi, le long de la côte Pacifique, à raison de 50 kilomètres par jour, 6 jours sur 7. Impressionnant !
Jour 3 : la vallée del Francés
Comme la veille, ce troisième jour de randonnée est assez tranquille. Nous décollons sur les coups de 11h en laissant notre sac à dos devant la guérite des rangers pour la première étape de la journée : un aller-retour dans la vallée del Francés jusqu’au mirador Británico.
Cette étape constitue la branche du milieu du W : un dénivelé positif de 500 mètres sur 5 km que nous avalons tranquillement en 1h45. Arrivés au point de vue, nous nous y posons pour pique-niquer et restons admirer les lieux, un peu couverts, avant de repartir pour la descente une heure plus tard. Nous mettrons quasiment autant de temps pour redescendre car en route, nous croisons Guillaume et Anne-Laure, qui ont commencé le W un jour après nous, dans le sens inverse. Nous sommes donc restés discuter sur le chemin avant de continuer.
De retour au camping, nous récupérons nos sacs et nous mettons en route pour le camping Francés, où nous avons une réservation pour le soir. Celui-ci est situé seulement à 2 kilomètres de là, sur du plat. Trente minutes plus tard, nous y sommes et obtenons notre autocollant pour la tente. Malheureusement, pas de chance pour Oli, il n’y a pas de place pour lui… Il décide donc de continuer jusqu’au camping Los Cuernos, 3 km plus loin.
De notre côté, nous nous installons sur une des plateformes mises à disposition : le camping est situé dans une pente très abrupte donc il n’y a pas moyen de planter sa tente à même le sol, ceci explique le nombre de places limitées.
Comme pour tous les campings payants du parc, celui-ci est équipé d’un bloc sanitaire avec douches chaudes. Et quelles douches ! Les locaux sont visiblement neufs : la douche est à l’italienne et les lavabos sont des vasques stylées digne d’une pizzeria un peu chic. Après cet instant de confort, nous retournons sur notre plateforme manger. Pas de pizza pour nous, mais une soupe en poudre et un repas déshydraté, acheté en Nouvelle-Zélande en prévision d’une longue rando en Amérique Latine !
Jour 4 : de Francés à l’entrée du parc
Une quinzaine de kilomètres nous attendent aujourd’hui pour rejoindre l’entrée du parc, où plus exactement le « camping central » situé à l’extrémité est du W. Nous partons un peu avant 11h (mais que nous est-il arrivé !?) et marchons jusqu’au point de vue Los Cuernos où nous pique-niquons sous une pluie fine.
Sur la route vers le camping central, nous croisons un couple d’australiens qui dormaient à la même auberge que nous ainsi qu’Anderson, un calédonien rencontré lors de notre traversée de frontière à pied et qui, n’ayant pas de réservation, a décidé de faire la partie est du W en une journée. Il descend des Torres, qu’il a pu voir avant que le temps se dégrade et fonce jusqu’au mirador Los Cuernos avant de rejoindre l’entrée pour rentrer à Puerto Natales.
Nous arrivons au camping vers 17h, profitons d’une accalmie pour planter la tente et, après un petit tour dans les environs, nous voyons Oli qui prépare son repas du soir dans le camping. N’ayant pas eu de chance au deuxième camping la veille, il a doublé son étape et fait les mêmes 15 km que nous dans la soirée, arrivant à la frontale autour de 21h30. Cela lui a permis de profiter de la journée pour monter jusqu’aux Torres et, ayant un bus à 20h, il prend son repas avant de filer vers Puerto Natales où il dormira dans un lit au chaud ce soir.
Nous l’accompagnons dans son repas, il est 18h30, il pleut. Oli parti, nous retournons à la tente, nous faisons une tisane et discutons du plan pour le lendemain : nous sommes supposés dormir au pied des Torres pour notre dernière nuit mais le camping en question n’est qu’à deux heures (peut-être un peu plus avec le gros sac), et il paraît que ça grimpe pas mal. Les prévisions météo sont optimistes pour le lendemain, moins pour le surlendemain donc nous sommes tentés par laisser notre tente au camping, grimper dans la matinée et sauter dans la navette de 14h30 histoire de profiter d’un bon lit au chaud, d’autant que nous savons que tous nos amis rencontrés depuis deux semaines seront réunis dans un pub avant que les routes se séparent.
Seul hic, nous aurions bien voulu voir les Torres au lever du soleil (vers 7h45) mais cela signifie se lever à 4h du matin et grimper à la frontale. Challenge accepted !
Jour 5 : las Torres
4h. Le réveil sonne. J’ouvre la tente, optimiste, car nous n’avons quasiment plus eu de pluie depuis le repas de la veille. Je vois les étoiles ! Seuls quelques nuages sont accrochés aux montagnes. Après quelques secondes de concertation, sous forme de grommellements matinaux, nous prenons la décision de… nous lever ! Qui l’eût cru ?
Je mets de l’eau à chauffer à un mètre de la tente sans en sortir et nous nous habillons rapidement. Un thé et quelques biscuits dans le ventre, la lampe frontale sur la tête, nous voilà en route pour 10 km de montée (750 mètres de dénivelé). Nous parlons beaucoup et fort pour nous motiver et annoncer aux potentiels pumas notre présence, histoire de ne pas les surprendre (apparemment, ils n’aiment pas ça). Après 1h30 de montée, nous arrivons au refuge Chileno, d’où sort un trio de japonais, lampe au front. Nous les suivons sur un kilomètre et les dépassons lorsqu’ils s’arrêtent pour enlever une couche de vêtements, ce que nous avons déjà fait depuis quelques temps déjà, la grimpette ça réchauffe !
Nous arrivons sur les coups de 7h au camping situé au pied des Torres (celui où nous sommes censés dormir le soir même) et entamons le dernier kilomètre, 300 mètres de dénivelé, aux premières lueurs du jour. Entre temps, malgré notre optimisme, les nuages sont toujours là… Plus nous grimpons, plus notre moral baisse. Une pluie fine vient s’ajouter à cette épreuve et c’est mitigés que nous atteignons le bord du lac au dessus duquel se dressent les Torres.
Le soleil se lève sur une montagne à moitié couverte par les nuages, nous offrant malgré tout un bel arc-en-ciel. Je trouve un abri sous un gros rocher, protégé du vent et de la pluie, où nous décidons d’attendre quelques minutes en prenant notre deuxième petit-déjeuner à base de céréales.
Finalement, après quelques minutes d’attente, nous voyons les nuages se dissiper petit à petit. Peut-être que nos efforts seront récompensés ! Et en effet, les Torres se découvrent lentement, nous offrant un instant magique et unique, partagé avec les quelques lève-tôts présents (et qui ne sont pas déjà repartis).
Nous savourons le spectacle jusqu’à 9h15 avant de nous remettre en route pour une descente beaucoup plus facile que la montée. Nous avions mis 3h, c’est un peu plus de 2h qu’il nous faudra pour retrouver notre tente qui a eu le temps de sécher. En chemin, nous croisons des hordes de marcheurs, ce qui nous conforte dans notre choix d’être montés tôt, au calme.
Au camping, nous mangeons nos dernières rations de tortillas, jambon et fromage prévues pour deux jours en un repas en profitant de notre réchaud pour en faire des quesadillas. Puis nous plions bagage, sous un grand ciel bleu, et nous mettons en route pour marcher les six kilomètres qui nous séparent de l’entrée du parc. En effet, nous ne voulons pas prendre la navette, payante, d’autant que nous avons deux heures devant nous !
Deux kilomètres plus loin, une voiture s’arrête pour nous proposer de nous déposer, sans que nous ayons fait du stop. Nous acceptons de bon coeur, la fatigue commençant à se faire sentir.
Nous ne verrons pas grand chose du paysage jusqu’à Puerto Natales, la sieste s’imposait ! Mais arrivés à destination, un dernier challenge s’offre à nous : trouver une auberge où dormir ! Ayant prévu de rentrer le lendemain, nous n’avons pas de réservation pour ce soir… Nous tentons dans l’auberge que nous avons réservée pour le lendemain, mais elle est pleine. Nous retournons à l’auberge où nous avons dormi avant le trek et laissé quelques affaires : pleine. Je pars chercher un logement pendant qu’Irène range nos sacs et après quelques essais infructueux, je finis par trouver une auberge pas chère. Nous avons le choix entre un dortoir de 6 places et un de 17, le choix est vite vu !
Épilogue
Comme prévu, le soir même nous rejoignons nos compagnons de route dans la brasserie locale, Baguales où notre tablée s’agrandira au fil de la soirée : un couple australien rencontré à El Chaltén, le couple de cyclistes américains qui avaient galéré sur la traversée de la frontière vers El Chalten, des randonneurs croisés sur le W deux ou trois jours auparavant et, bien sûr, Oli, Guillaume, Anne-Laure, Julie, Marco et Anderson. Seuls manquent à l’appel Christian et Romina, qui arrivent le lendemain en ville (nous donnant l’occasion de les voir car nous sommes les seuls à ne pas partir le lendemain).
Autour de quelques bières locales et de burgers corrects (mais toujours meilleurs que nos plats de campings), nous discutons de tout et de rien, conscients que c’est la dernière fois que nous sommes tous réunis en Patagonie. Le lendemain, certains continuent vers Punta Arenas pour tenter d’y voir des pingouins impériaux, d’autres rejoignent Puerto Williams pour une dernière randonnée de cinq jours, offrant de superbes vues sur le Cap Horn, tandis que nous avons un bus le surlendemain pour Ushuaia, dernière étape de notre voyage en terres australes américaines.
Nous avions longtemps hésité ces dernières semaines entre voir ou ne pas voir le Perito Moreno.
Voir, parce que c’est un grand et beau glacier, l’un des plus connus et visités en Patagonie, où nous ne retournerons pas de sitôt : après tout, il faut vivre à fond ce voyage.
Ne pas voir, parce que c’est quand même assez cher ! Il faut prendre une navette à 450 pesos argentins par personne, puis payer l’entrée du parc à 500 pesos par personne. Soit près de 60 euros par tête ! Il y a encore un mois, le parc était moins cher, mais les prix flambent. Sachez que si vous souhaitez faire l’excursion en bateau, il faut compter 80 euros par personne et si vous voulez marcher 3h sur glacier, c’est 200 euros. Sans oublier le prix d’admission au parc bien sûr !
Mais nous voilà à El Calafate, notre décision est prise : voir ce beau monument de glace.
Trois options s’offraient à nous : partir le matin et passer 4h30 face au glacier, mais avec le risque d’avoir beaucoup de monde. Partir à 13h pour y passer 3h30 ou partir à 14h30 pour y passer 3h et payer seulement 400 pesos pour la navette. Nous préférons la dernière option, qui permettrait a priori d’éviter un bain de foule.
Le matin du 13 est donc une matinée relativement tranquille où nous faisons les courses dans un vrai supermarché. Il y a même des sections habits et électroniques et tous les rayons sont remplis, c’est presque un choc !
Ensuite, nous parcourons rapidement la ville, peu intéressante, à la recherche d’un bar sympa pour ce soir car nous sommes censés fêter l’anniversaire d’Oliver avec Anne-Laure et Guillaume, qui arrivent avec un jour de décalage.
Il est l’heure de faire à manger et de filer attraper la navette de 14h30. Le trajet dure 1h30 et c’est l’occasion de voir de beaux paysages patagoniens. Le glacier se voit de loin et c’est assez excitant de le voir grossir au fur et à mesure que la distance se réduit.
A l’entrée du parc, un homme monte dans la navette et demande les 500 pesos par personne. Cela fait un peu racket car il ne se présente pas et ne donne pas de reçu ni billet d’entrée. Il repart et revient quelques minutes plus tard avec des tickets, quand même. Pendant ce temps, notre guide nous a gentiment distribué… un sac plastique chacun ! Ceux-ci, estampillés « parc national », permettent de sensibiliser les gens à ne pas jeter leur déchet partout. En tout cas pour nous, cela permettra d’emballer les affaires pour les prochaines rando.
Nous voilà enfin sur les lieux, pour 3 heures. Le parcours piétons ne fait que 2 km pour la partie intéressante avec les miradors. Autant dire que nous avons largement le temps de dévorer l’immense glacier des yeux qui scintille de mille feux sous un beau soleil et un ciel d’un bleu limpide ! Comble de la chance, nous voyons et entendons de gros blocs tomber ! C’est très impressionnant, surtout le son, qui se répercute à l’infini sur les montagnes alentours.
Nous prenons tout notre temps et faisons de nombreuses pauses, un vrai régal, d’autant qu’il y a extrêmement peu de personnes sur les lieux.
La navette nous récupère à 19h et à 20h30, nous sommes de retour en ville. Nous faisons des courses à la vitesse de l’éclair, allons cuisiner à l’auberge et repartons presque immédiatement au bar où Anne-Laure et Guillaume nous rejoignent. Oli est finalement resté un peu plus longtemps à El Chaltén, épuisé par sa rando ! De retour à l’auberge, nous rangeons nos affaires car demain, nous retournons au Chili pour compléter notre collection de tampons sur nos passeports.