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Catégorie : Pérou

Le trek du Salkantay, en route vers le Machu Picchu !

Le trek du Salkantay, en route vers le Machu Picchu !

Du 4 au 8 mai

Le réveil sonne à cinq heure du matin, il fait encore nuit et froid à Cusco, à 3200 mètres d’altitude en cette fin d’automne. Après un petit-déjeuner rapidement avalé, nous voilà en route dans la ville endormie, notre équipement sur le dos, à la recherche du collectivo qui nous conduira jusqu’au point de départ du trek du Salkantay, quatre jours entre montagne et pré-jungle, avec pour objectif final le Machu Picchu.

La place d'armes au petit matinLa place d’armes au petit matin
Thomas prêt pour la randoThomas prêt pour la rando

Jour 1 : ça grimpe !

Après trente minutes de marche, nous arrivons sur les hauteurs de Cusco à une intersection d’où partent les taxis collectifs pour Mollepata, le village de départ du trek. Nous voyant avec nos sacs de rando, plusieurs chauffeurs nous alpaguent en nous proposant le même prix pour la course : 20 soles. Nous choisissons le premier de la file, déjà bien rempli, qui grâce à nous peut partir car nous occupons les deux derniers sièges (les minibus collectivos attendent généralement d’être pleins pour partir). Nous arrivons à Mollepata autour de 7h45, plus tôt que nos prévisions et sommes accueillis à l’entrée du village par une « officielle » qui nous demande de nous acquitter de 10 soles chacun pour les droits d’entrée sur le trek. Nous apprendrons plus tard que Clément, arrivé la veille dans l’après-midi, n’a pas eu à payer…

Il est 8h lorsque nous nous mettons en route depuis la place d’armes du village. Au programme de la journée, 22,9 km et un dénivelé positif proche de 1500 mètres (d’après le guide Apacheta disponible en ligne). Les premiers kilomètres passent sans encombre, l’altitude est encore raisonnable et le souffle correct. Nous atteignons un premier village puis le point de vue de Hornada Pata où nous faisons une pause avant de repartir pour une deuxième partie un peu plus difficile, jusqu’au mirador de Chinchirquma.

Début de randonnéeDébut de randonnée
Un bel endroit pour reprendre son souffleUn bel endroit pour reprendre son souffle

La météo est correcte mais il y a quelques passages boueux en montée, et le souffle commence à manquer au fur et à mesure de la grimpette.

TorrentTorrent
Le petit pont de bois qui ne tenait plus guère...Le petit pont de bois qui ne tenait plus guère…
Un des ponts du parcoursUn des ponts du parcours
Vaches et rivièreVaches et rivière

Arrivés au mirador, nous nous posons et profitons de la vue sur le Nevado Tucarhuay et la vallée que nous nous apprêtons à longer. Nous venons de gravir près de 1000 mètres de dénivelé sur une dizaine de kilomètres. Il est presque midi.

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Regard vers la montagne enneigéeRegard vers la montagne enneigée

Nous repartons pour la deuxième partie de la journée, plus agréable pour les jambes car les dix prochains kilomètres suivent une ligne de niveau le long de la montagne. Nous atteignons une petite zone de repos après quelques dizaines de minutes où nous décidons de nous arrêter pour pique-niquer. A l’inverse d’autres treks que nous avons fait jusqu’à présent, nous comprenons aux emménagement et aux boutiques que celui-ci doit être très animé en saison haute (de juin à septembre). Mais pour l’heure, nous sommes seuls avec une vache qui broute non loin. Nous n’avons d’ailleurs rencontré qu’un couple irlando-italien, qui était dans le même collectivo que nous le matin même. Notre solitude (tout bovin mis à part) sera de courte durée : une dizaine de minutes après nous êtres posés, un groupe de touristes accompagnés de leur guide et d’une mule arrivent et viennent s’installer au même endroit.

La pause s'imposeLa pause s’impose

A peine un bonjour (sauf le guide qui nous salue amicalement), c’est le signe pour nous du départ : nous repartons pour les quelques kilomètres qui nous séparent de Soray Pampa, une plaine où des infrastructures pour touristes sont installées. D’après le guide Apacheta, c’est là que s’arrêtent les tours guidés pour la nuit et effectivement en arrivant nous voyons des troupeaux de touristes à la queue leu leu en route vers un point de vue sur la laguna Humantay.

CanalisationCanalisation
Canal incaCanal inca
Un bel endroit pour reprendre son souffleUn bel endroit pour reprendre son souffle
Transport du gazTransport du gaz

Il commence à pleuvoir et nous voulons éviter la foule pour la soirée donc nous décidons de suivre les conseils de notre guide papier et grimpons les 2,6 kilomètres suivant (240 mètres de dénivelé) pour atteindre Salcantay Pampa, un petit plateau situé à 4145 mètres d’altitude.

On reprend notre souffleOn reprend notre souffle

Nous trouvons un emplacement parfait pour notre tente, entre quatre murs de pierre à l’abri du vent. La pluie s’est arrêtée et pour récompenser nos 8h20 de randonnées, les nuages sont en train de se lever, nous laissant apercevoir pour la première fois le Nevada Salkantay, le sommet enneigé culminant à 6271 mètres.

Le SalkantayLe Salkantay

Nous retrouvons également Clément, parti tôt le matin de Mollepata, qui a visiblement souffert autant que nous de la montée. Une petite guérite nous permet de cuisiner à l’abri du vent et nous y retrouvons les quelques randonneurs “indépendants” de la journée : Clément donc, le français qui dormait dans la même auberge que nous, mais aussi Mélanie, une franco-suisse, Toby, un allemand et un couple suisse-allemand plus discret. Nos compagnons irlando-italien rencontrés le matin sont aussi sur le plateau mais profitent de leur solitude au loin. La nuit tombant rapidement, nous commençons à cuisiner tôt, vers 17h30, de telle sorte qu’à 19h tout le monde est prêt à aller se coucher. Pour notre part, nous éteignons à 20h, emmitouflés dans nos duvets et tout habillés de nos vêtements chauds car la nuit promet d’être froide.

Notre tente bien abritéeNotre tente bien abritée

Jour 2 : montée et descente

Dur dur de sortir du duvet ! Il est 7h, il fait jour depuis près de deux heures mais le soleil n’a toujours pas dépassé la cime des montagnes, la motivation nous manque pour échapper à la chaleur toute relative de nos duvets. Irène n’a pas très bien dormi, trop froid, et je me suis réveillé à plusieurs reprises pour reprendre mon souffle : peut-être les effets de l’altitude. Je sors la tête de la tente pour un coup d’œil sur la météo, j’en ai le souffle coupé. Le paysage est magnifique. D’un côté, le Salkantay est complètement dégagé, aucun nuage ne vient chatouiller son sommet. De l’autre, la vallée où nous sommes passés la veille est sous les nuages.

Nuage dans la valléeNuage dans la vallée
Une belle récompenseUne belle récompense

Nous sommes vraiment contents d’être là, à profiter quasi seuls de ces premières lueurs du jour. Nous nous décidons à sortir complètement de la tente, mettons de l’eau à bouillir avant de commencer à ranger nos affaires. Il a fait tellement froid pendant la nuit qu’il y a du givre sur la tente ! Pas étonnant que nous ayons mal dormi.

Autour de 7h30, les premiers groupes guidés commencent à arriver à notre hauteur et nous les saluons au fur et à mesure des passages, notre café à la main. Nous décollons avec Clément une trentaine de minutes plus tard pour attaquer les 460 mètres de dénivelés (3 km) qui nous séparent du col Salkantay, point culminant de la journée et du trek. La montée n’est pas des plus agréables, le souffle manque et nous marchons à petits pas, tranquillement, heureusement sous le soleil. Nous dépassons quelques groupes, obligés d’attendre leurs maillons faibles, et arrivons au col après une heure dix de montée. Nous trouvons un coin à l’abri du vent pour nous poser, vite rejoints par Toby et profitons de la vue pendant quasiment une heure. Nous savons que le reste de la journée ne sera que descente vers la vallée suivante et la village de Collpa Pampa donc nous savourons la récompense de nos efforts, contents d’avoir atteint ce col à 4630 mètres.

Un beau début de journéeUn beau début de journée

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La fin de la grimpetteLa fin de la grimpette
Devant le SalkantayDevant le Salkantay

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Mais l’heure tourne, nous nous remettons en route et entamons la longue descente semée d’embûches, ruisseaux à traverser et pierres à éviter.

Thomas sur un pont de bois et boueThomas sur un pont de bois et boue
Un peu de platUn peu de plat
Une des rivières tumultueusesUne des rivières tumultueuses

Autour de 13h, nous nous arrêtons pour un pique-nique quinze minutes après le campement de Hauaracmachay, pour éviter les groupes et repartons sous quelques gouttes de pluie qui nous suivrons jusqu’à Chaullay, premier vrai village au fond de la vallée.

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CascadeCascade

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On s'approche du camping On s’approche du camping

Comme la veille, nous savons que c’est dans ce village que s’arrête les agences donc décidons de pousser au moins jusqu’au village suivant, Collpa Pampa. Malgré les 18,5 kms parcourus, Irène et moi sommes motivés pour continuer sur 5 kms et entamer l’étape suivante afin de gagner quelques kilomètres le lendemain. En effet, nous aimerions dormir le lendemain au sommet de la seconde passe du trek, près de ruines de Llaqtapata, et pour cela entamer l’étape pour avoir moins de kilomètres à marcher le lendemain.

Nous arrivons donc à Collpa Pampa, à 2845 mètres d’altitude, dans un groupe composés des mêmes personnes que la veille au soir. Mais en nous renseignant pour continuer notre chemin, nous apprenons que le sentier que nous sommes censés prendre le lendemain est fermé pour cause d’éboulements dus aux intempéries. Coupés dans notre élan, nous décidons de faire comme tous les autres et de camper sur l’un des deux terrains de camping du village (5 soles par tente) et d’aviser autour d’une bière de notre programme de la veille. Nous sommes rejoints un peu plus tard par Mélanie, la suisse, et, ô surprise, Loeiza et Benjamin, les deux français déjà rencontrés à l’auberge qui normalement devaient partir à vélo vers la Bolivie. Ceux-ci ont décidé, sur un coup de tête, de partir pour le même trek et de décaler leur départ à vélo de quelques jours. Ils sont arrivés la veille au soir à 21h30 au camping “des groupes” et ont retrouvé Mélanie, la prenant pour Irène (une brune aux cheveux bouclés, de dos, ça se confond facilement !), sur le chemin de ce deuxième jour. Nous voilà donc un groupe de onze campeurs à ne trop savoir que faire le lendemain.

En effet, plusieurs habitants nous confirment que le sentier n’est pas praticable et que le seul moyen de rejoindre Playa Sahuayaco, d’où part le sentier qui grimpe aux ruines de Llaqtapata, est une route de 15 kilomètres. C’est d’ailleurs cette route qu’emprunteront les tours guidés le lendemain. Sauf que marcher 15 kilomètres sur une route, toute terreuse qu’elle soit, ne nous enchante guère. Tous les campeurs présents sont d’accord pour shunter cette partie et prendre un collectivo le lendemain matin jusqu’au pied du sentier qui mène aux ruines. Ainsi, nous pouvons grimper aux ruines le matin puis descendre dans la foulée jusqu’au village d’Aguas Calientes, au pied du Machu Picchu, et gagner une journée dans notre programme. Un chauffeur de taxi collectif nous ayant proposé ses services plus tôt lors de notre passage à l’entrée du village, nous retournons le voir pour négocier un tarif de groupe et un départ à 6h pétante le lendemain.

Nous mangeons tous ensemble au camping avant d’aller nous coucher avec les poules, emmitouflés comme la veille malgré la température plutôt clémente.

Jour 3 : voilà la pluie !

5h, le réveil sonne. La nuit a été bien meilleure que la veille : 1400 mètres plus bas il fait bien plus chaud, au point que nous avons dû nous délaisser de nos multiples couches de vêtements durant la nuit. Nous plions la tente pour la dernière fois de notre voyage et chargeons les sacs à dos du groupe sur le toit du collectivo, pour une fois ponctuel (pas étonnant, nous devons probablement lui payer sa journée de travail en un trajet !).

Vue de notre campingVue de notre camping

Près d’une heure de trajet après, au cours duquel nous avons constaté les effets de l’eau sur le sentier, nous sommes déposés au pied du sentier qui mène aux ruines de Llaqtapata, à 3 kilomètres au nord de Playa Sahuayaco. Nous entamons les 6 kilomètres qui doivent nous mener jusqu’aux ruines, situées plus de 800 mètres plus haut mais sommes vites arrêtés par une douce odeur de café. En effet, le début du sentier traverse des plantations de cafés et de petits stands proposent à la dégustation aux randonneurs un café fraîchement torréfié, moulu et passé. Nous faisons donc une première pause, le café est vraiment bon, loin des sachets lyophilisés servis dans les auberges ces dernières semaines.

Torréfaction du caféTorréfaction du café
Les fleurs du cheminLes fleurs du chemin

Mais l’appel du sentier se fait sentir et nous repartons pour une grimpette difficile. Bien que nous ne sommes “qu’à” 2000 et quelques mètres d’altitude, la fatigue de ces derniers jours se fait sentir et nous mettrons près de 2 heures à parcourir les kilomètres qui nous séparent du sommet.

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En chemin, la brume nous a rattrapé et nous atteignons les ruines de Llaqtapata dans une purée de pois rendant les lieux un peu mystique. Malheureusement, celle-ci masque aussi le point de vue que nous sommes censés avoir sur le Machu Picchu, de l’autre côté de la vallée.

Bruine et chaleur... un régal en montéeBruine et chaleur… un régal en montée

Fatigués, nous nous posons quelques instants tous ensemble pour prendre notre deuxième petit-déjeuner de la journée. Au bout d’un quart d’heure, certains du groupe commencent à partir mais pour notre part, nous prenons notre temps : il n’est que 10h et nous avons fait le plus difficile de la journée, enfin c’est ce que nous pensions…

Notre petit groupeNotre petit groupe
Les ruinesLes ruines

Lorsque nous nous décidons à repartir, c’est pour nous arrêter dix minutes plus tard devant le lodge d’où nous sommes censés voir le Machu Picchu. Entre temps, les nuages ont commencé à se lever et nous apercevons les montagnes de l’autre côté de la vallée. Il se met à pleuvoir à grosses gouttes et nous nous abritons tant bien que mal. Un chat vient même s’installer sur nos genoux. Clément et Mélanie profitent d’une accalmie pour entamer la descente tandis que nous restons à quatre avec Loeiza et Benjamin, à attendre que les nuages se lèvent pour apercevoir le site archéologique. Notre patience paye : quelques minutes plus tard, nous distinguons enfin la silhouette des ruines sur la montagne en face. Ce n’est pas très net (encore moins sur les photos) mais nous sommes contents ! Nous pouvons enfin partir !

Là-bas, c'est le Machu Picchu !Là-bas, c’est le Machu Picchu !

Nous voilà donc partis, équipés pour affronter la pluie de nos pantalons et vestes de pluie. Bien sûr, celle-ci se contente de nous chatouiller les sourcils de quelques gouttes, rien de plus, il suffisait de s’équiper pour lui faire peur. Cela ne rend pas la descente plus facile : le chemin est boueux, un vrai toboggan, la pire descente que nous ayons eu à pratiquer durant nos six mois ! Chacun cherche dans les fourrés au bord du chemin une branche sur laquelle s’appuyer au cours de la descente. Après trente minutes de galère, Irène et moi nous arrêtons pour enlever notre équipement de pluie sous lequel nous étouffons et perdons de vue les deux autres qui descendent à bon pas.

Nous dépassons un groupe composé à majorité de retraités peu rassurés par le terrain puis continuons inlassablement vers la rivière en contrebas. Nous tombons nez à nez avec deux chevaux seuls sur le chemin que nous laissons tant bien que mal passer avant de croiser leurs maîtres, une dizaine de minutes plus tard, qui portent eux aussi sur leur dos des morceaux de tôles assez grands. Nous nous plaignons de notre sort mais n’envions certainement pas le leur…

Près de deux heures après notre départ du lodge, nous atteignons enfin la rivière et son pont. Et là, quelle n’est pas notre surprise de découvrir un local muni d’un carnet de tickets qui nous demande 2 soles par personnes (0,60 €) pour avoir le droit de passer le pont. Je tente d’argumenter et de négocier, déjà légèrement énervé et fatigué de notre descente mais l’homme nous fait comprendre que nous n’avons pas le choix. En bonnes poires, nous finissons par payer, à contrecœur, un peu blasés par ce racket organisé. Nous apprendrons plus tard que certains de nos amis sont passés sur le pont sans payer et que l’homme n’a rien fait pour les retenir.

Sur l’autre rive, le chemin est plat et la boue absente : joie ! Nous descendons jusqu’à la rivière nous rincer rapidement les mains pleines de boues et continuons ensuite vers Hidroelectrica, le dernier village accessible par la route avant Aguas Calientes. Hidroelectrica est ainsi nommé car on y trouve une station hydroélectrique produisant assez d’énergie pour alimenter toute la région de Cusco. Nous passons sous la cascade de rejet de l’usine avant d’atteindre la gare de train, où nous retrouvons Loeiza et Benjamin.

La cascade de la centrale électriqueLa cascade de la centrale électrique

Nous nous joignons à eux pour pique-niquer à l’abri de la pluie, et prenons notre temps avant de repartir : il nous reste pourtant une dizaine de kilomètres de marche pour rejoindre Aguas Calientes, le village se situant au pied du Machu Pichu. Il est 15h lorsque nous nous remettons en marche, pour la dernière étape de notre journée. Nous achetons un peu de pain et quelques biscuits dans les échoppes qui bordent les rails au départ car nous nous attendons à des prix prohibitifs à Aguas Calientes et c’est parti pour 10 kilomètres ! Aguas Calientes (aussi appelé Machu Picchu Pueblo) n’est accessible qu’en train ou à pied. Le coût d’un billet de train est prohibitif : après comparaison avec mes billets d’il y 6 ans, nous avons noté une multiplication par quatre du prix du trajet, un Aguas Calientes – Ollantaytambo coûte entre 60 et 90 € pour le moins cher en fonction de l’heure et de l’anticipation à la réservation. Nous avons donc décidé de marcher, le long des rails, comme des dizaines de personnes qui arrivent directement en minibus de Cusco jusqu’à Hidroelectrica. Les rails longent la rivière Urubamba, et un chemin plus ou moins marqué longe les rails, au milieu d’une végétation luxuriante. Nous marchons à la queue leu leu, traversant les rails lorsque le sentier se fait trop petit d’un côté, la marche n’est pas très agréable et nous commençons vraiment à fatiguer de cette longue journée. Nous rattrapons Clément, puis Mélanie, avant d’arriver en vue d’Aguas Calientes où nous arrivons peu après 17h.

La vallée du Machu PicchuLa vallée du Machu Picchu
Le pont vers le Machu PicchuLe pont vers le Machu Picchu

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Ouf, on est arrivéOuf, on est arrivé

Notre objectif principal était d’y arriver tôt pour acheter un billet pour grimper au Machu Picchu le lendemain. Toby, arrivé une heure et demie avant nous, nous indique que le bureau de vente ferme à 20h30. Nous avons donc le temps de trouver un logement. Nous sommes abordés par une péruvienne qui voit notre groupe et nous indique qu’elle a des places disponibles. Ces explications sont un peu floues, nous ne savons pas s’il s’agit d’un dortoir ou de plusieurs chambres donc nous décidons de la suivre pour nous rendre compte sur place. Elle nous emmène un peu plus haut dans le village, dans un bâtiment dont seul le rez-de-chaussée et le dernier étage sont terminés : nous passons donc deux étages encore en travaux avant d’arriver sur le dernier palier où la petite dame nous indique une chambre dans laquelle il y a deux matelas doubles (et pas d’espace en rab), qu’elle souhaite nous louer à 15 soles / personnes. Sachant que nous sommes cinq personnes, nous sentons le plan foireux, et refusons poliment. Elle nous emmène chez une voisine où il y a un dortoir de 4 places (elle n’a pas dû voir que nous étions pourtant cinq à la suivre) et la chambre double supplémentaire est hors de prix. Nous prenons donc congé, un peu fatigué qu’elle essaye à tout prix de nous avoir dans son auberge.

Nous poussons jusqu’à une auberge indiquée dans le guide Apacheta comme pas cher (45 soles pour deux) mais en y arrivant, le propriétaire nous indique un tarif 3 fois supérieur : 120 soles pour deux personnes ! Nous lui expliquons que ce n’est pas dans notre budget et il nous dirige donc vers l’auberge en face, où de 50 soles pour deux personnes, Clément réussit à négocier nos lits à 15 soles / personne, dans deux chambres avec salle de bain privée : le grand luxe !

Nous posons ainsi nos affaires et ressortons aussitôt acheter nos billets pour visiter le Machu Picchu le lendemain.

De retour à l’auberge, comme il nous reste quelques provisions pour le trek, nous décidons de cuisiner tous ensemble dans l’une des chambres, les réchauds posés sur le bord de la fenêtre. En ce samedi soir, la rue est bruyante et une musique forte commence à se faire entendre. Nous pensons tout d’abord qu’il s’agit d’un cours de zumba, aperçu dans le gymnase adjacent en passant devant. Mais nous nous rendrons vite compte qu’il s’agit en fait de la boîte de nuit située en face de l’auberge, et c’est au doux son des musiques contemporaines de dancefloor que nous tenterons de nous reposer jusqu’au lendemain, l’insonorisation des lieux étant absente… Nous nous endormons vraiment vers 5h du matin, alors que les fêtards rentrent chez eux….

Jour 4 : visite du Machu Picchu

Après une nuit plutôt courte et désagréable, au son des “boum boum” de la boîte de nuit adjacente, nous finissons par sortir le réchaud pour nous faire un café dans la chambre sur les coups de 7h30. Nous prenons notre petit-déjeuner et nous mettons en quête de pain pour le pique-nique. En chemin, nous découvrons avec stupéfaction la file d’attente pour la navette reliant Aguas Calientes à l’entrée du Machu Picchu. Heureusement que nous avions déjà décidé de parcourir les 3 kilomètres (et 400 mètres de grimpette) à pied, afin d’économiser les 12$ / personne / trajet facturés par la mafia Machu Picchu (venant s’ajouter aux 150 soles, soit 44 € pour le billet d’entrée). Après 2 kilomètres sur du plat, nous atteignons le pont qui marque le début de la montée vers le site où un garde contrôle nos passeports et nos billets d’entrée, afin probablement d’éviter toute tentative de fraude en entrant par les côtés du site : celui-ci n’étant pas vraiment clôturé, il est sûrement faisable de s’aventurer dans la forêt une fois la rivière traversée, qui constitue le premier obstacle naturel à l’accès au site.

Le train entre en gareLe train entre en gare

Le soleil montre le bout de son rayon au moment où nous entamons la montée, constituée de près de 2000 marches et qui nous prendra une quarantaine de minutes.

On s'approche du siteOn s’approche du site

Arrivés en nage devant l’entrée, nous nous accordons une petite pause ravitaillement (il est normalement interdit de manger sur le site) avant de nous diriger vers le point de contrôle des billets. Nous sommes alors abordés par une guide qui nous propose d’abord une visite privée, un peu chère pour nous. Elle nous propose ensuite de réduire le prix à 20 soles / personne si nous trouvons 6 autres personnes. Un couple péruvien semble déjà intéressé, nous la laissons donc chercher quatre autres personnes et, dix minutes plus tard, nous voilà prêts pour 2h de visite guidée en espagnol. Entre temps, nous avons vu un groupe de français ne parlant pas anglais accepter une visite à 10$ / personne (environ 33 soles), nous sommes contents d’avoir amélioré notre niveau d’espagnol ces derniers mois !

Il est 10h quand nous validons notre billet et il y a foule sur le site ! De nombreux groupes accompagnés de leurs guides circulent sur le chemin marqué. En effet, la visite du site se fait depuis quelques années uniquement dans un sens et selon un chemin marqué avec quelques variantes, réalisant une boucle. Il est interdit de revenir sur ses pas et des gardiens contrôlent les sens de circulation à plusieurs endroits. Heureusement, pour le moment il est encore possible de rentrer 3 fois sur le site avec le même billet et donc pour nous de revenir sans guide après notre tour. Par contre, notre guide nous a indiqué qu’à compter de juillet 2017, on ne pourra entrer qu’une fois sur le site et obligatoirement avec un guide : la mafia Machu Picchu durcit les lois ! A priori, ce serait pour éviter les tassements des terrains dus aux nombreux passages. En attendant, il y a apparemment jusqu’à 7000 à 8000 visites par jour, alors que le quota officiel n’est que de 2500 places d’après nos infos. Visiblement, si les gens payent, ce n’est pas trop grave de leur laisser tasser la terre des incas…

Bref, nous entamons la visite par un premier point de vue d’où la guide nous explique l’histoire de la “découverte scientifique” du site archéologique, par Hiram Bingham, un explorateur américain de l’université de Yale, qui cherchait alors la cité perdue des incas de Vilcabamba où s’était réfugié le dernier inca (l’empereur du peuple quechua) lors de la conquête espagnole. Des paysans locaux connaissant l’existence du Machu Picchu (qui n’a donc jamais été perdu) y menèrent Bingham qui décida d’y rester et de mener d’autres expositions les années suivantes pour mettre à jour le site recouvert de végétation, grâce notamment au financement de son université, et récupérant au passage un certain nombre d’objets incas qui se trouvent aujourd’hui dans des musées américains (et probablement pour certains des plus précieux dans des collections privées).

L'entrée sur le siteL’entrée sur le site
Les maisons des agriculteursLes maisons des agriculteurs
Première vue sur le site entierPremière vue sur le site entier
Détail du quartier des étudiantsDétail du quartier des étudiants

Le site est divisé en plusieurs zones : religieuse, habitations de l’inca et des proches, habitations des villageois. Plusieurs théories co-existent sur l’usage du Machu Picchu (vous pouvez en découvrir certaines dans l’article Wikipédia). La guide penche plutôt pour la théorie d’une université où les jeunes de l’empire incas venaient pour une période de deux ans apprendre et expérimenter dans les domaines de l’agriculture et de la métallurgie. Elle nous parlera aussi d’un lieu de villégiature pour l’inca, situé à un mois de voyage de Cusco, et où il viendrait chercher le contact avec les dieux, forcément plus proches car nous sommes littéralement la tête dans les nuages ici.

Au fil de la visite, nous passons donc par les différentes zones du site dont la guide nous explique les fonctions supposées. Nous passons pas mal de temps à attendre le couple de péruvien, occupé à se prendre en selfie plutôt que d’écouter les explications, au grand désespoir de la guide qui nous expliquera que c’est souvent le cas avec les touristes péruviens. Au termes de deux heures et demi de tour, nous avons complété les informations déjà glanées au musée du Machu Picchu à Cusco et lues dans les guides. La guide nous raccompagne jusqu’au bout de la boucle et nous sortons du site. Il est 12h30 et il commence à faire faim donc nous profitons d’être à l’extérieur pour manger nos sandwichs pain / fromage puis ré-entrons sans encombres sur le site.

Les vestiges des terrassesLes vestiges des terrasses
La porte d'entrée dans la ville proprement diteLa porte d’entrée dans la ville proprement dite
Autre point de vueAutre point de vue

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Le temple du soleilLe temple du soleil

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Une demie croix andine, l'autre demi étant l'ombreUne demie croix andine, l’autre demi étant l’ombre

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Parfois les murs souffrent un peuParfois les murs souffrent un peu
On était en face hier !On était en face hier !
Terrasses à picTerrasses à pic

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Vestige du calendrier agricoleVestige du calendrier agricole
Miroir d'observation des astresMiroir d’observation des astres

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Nous commençons par suivre les conseils de la guide qui, avant de nous laisser, nous a indiqué une petite marche jusqu’à la Puerta del Sol, marquant le point d’entrée du site via le chemin de l’inca. Le sentier jusqu’à la porte du soleil grimpe pas mal et il fait très chaud au soleil. Nous entamons la grimpette, passons quelques lamas en liberté sur le site (et apparemment parfois aussi agressifs que les coatis des chutes d’Iguazu, au point de farfouiller dans les sacs des touristes à la recherche de nourriture) avant d’atteindre un mirador à mi-chemin. Nous nous y arrêtons pour observer la vue. Le site est déjà petit et sous la chaleur accablante, nous ne sommes pas motivés pour continuer plus loin : nous ne verrons pas grand chose. Alors que nous contemplons le paysage, nous sommes rattrapés par un couple de français déjà croisé plus bas. Ceux-ci viennent de recevoir un SMS de France avec les résultats des élections présidentielles. Et oui, il est un peu plus de 13h et nous avons donc officiellement un nouveau président. Ils font durer le suspens quelques secondes avant de nous annoncer les résultats. C’est donc avec une vue sur le Machu Picchu que nous aurons appris son nom.

Vue sur le Machu PicchuVue sur le Machu Picchu
Ca y est on connait le résultat des électionsCa y est on connait le résultat des élections

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Réflexions intensesRéflexion collective intense

Nous redescendons ensuite vers le Machu Picchu en passant par une zone non explorée le matin lors de la visite autour de la guérite du gardien, au pied du cerro Machu Picchu. D’ici, nous avons une superbe vue sur le site, qui s’est entre temps vidé de ses touristes : il n’y a quasiment plus personnes dans les ruines ! Nous nous posons à l’ombre d’un arbre et restons ainsi un bon moment à contempler le paysage avant de redescendre vers le site lui-même. Nous faisons ensuite un deuxième tour du site, explorant les moindre recoins autorisés : habitations des sujets proches de l’inca, grotte sous le temple du soleil, système de fontaines…

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Je pense que vous reconnaissez maintenant Je pense que vous reconnaissez maintenant
Ca y est on a trouvé notre maison (à retaper)Ca y est on a trouvé notre maison (à retaper)
Village breton fortifié...Village breton fortifié…
Détail de la structure du toitDétail de la structure du toit
Les murs suivent la rocheLes murs suivent la roche
Sous le temple du soleilSous le temple du soleil

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Systèmed'accorche pour déplacer les pierresSystèmed’accorche pour déplacer les pierres
Roches taillées sur le modèle des montagnes au loinRoches taillées sur le modèle des montagnes au loin

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Le temple du condor, que vous pouvez voir : le bec et la tête au sol, les ailes en pierre bruteLe temple du condor, que vous pouvez voir : le bec et la tête au sol, les ailes en pierre brute

Après quelques heures de déambulation, la fatigue commence à se faire sentir. Il est presque 16h, nous sommes sur le site depuis 6h et il nous reste encore à redescendre à pied jusqu’à l’auberge. Nous décidons donc de quitter les lieux, quasi vides et rejoignons Aguas Calientes en trois quarts d’heure. Nous nous posons à l’auberge après une petite douche tiède en attendant Clément, Loeiza et Benjamin, que nous n’avons pas vus de la journée. A leur arrivée, nous décidons d’aller manger en ville, dans un restaurant local, loin de la rue principale touristique, où nous payons notre menu entrée / plat 8 soles (à peine plus de 2 €), servi par une petite grand-mère qui trouve que nous ne commandons pas assez vite et s’en va servir toutes les tables de la salle avant de revenir nous voir (une dizaine de minutes plus tard) !

Nous retrouvons ensuite Julie, une amie rencontrée initialement en Patagonie et retrouvée à Buenos Aires et à Iguazu, qui est arrivée à Cusco l’avant-veille et à Aguas Calientes dans l’après-midi. Nous buvons un verre ensemble dans le centre du village avant d’aller chacun nous coucher.

Jour 5 : retour vers Cusco

Après une nuit plus calme que la veille (visiblement, il y a moins de monde en boîte le dimanche soir que le samedi), nous plions bagages et le club des cinq que nous formons décide d’aller prendre un petit-déjeuner copieux au marché. Nous montons au comedor de l’étage et commandons nos plats, un poulet à la plancha pour moi (6 soles), une omelette pour Irène. D’autres prendront de la truite ou du lomo saltado. Nous voilà donc rassasiés pour les 11 kms qui nous séparent d’Hidroelectrica où nous comptons trouver un transport pour nous rapprocher de Cusco.

Ceux-ci nous paraissent plus faciles qu’à l’aller, probablement parce que nous n’avons pas encore une journée de randonnée dans les pattes ! Après deux heures de marche qui nous ont semblées plus courtes, nous arrivons à Hidroelectrica un peu avant 11h. Notre plan est de trouver un minibus direct jusqu’à Cusco mais nous sommes un peu tôt, les minibus des agences qui font l’aller / retour dans la journée ne sont pas encore arrivés. Par contre, il y a des chauffeurs de taxi. L’un d’eux nous aborde et nous négocions un passage jusqu’à Cusco à 35 soles / personne (l’aller-retour est facturé par les agences en ville à 60 soles). Le taxi va nous emmener jusqu’à Santa Maria, à 1h30 de route, où il s’arrangera avec un collectivo pour nous emmener jusqu’à Cusco. Nous voilà partis à cinq dans le taxi. Les plus mathématiciens d’entre vous auront déjà compris que dans une voiture standard, cela ne passe pas. En effet, nous sommes quatre à l’arrière. Mais tout va bien, c’est spacieux, il n’y a juste pas assez de ceinture pour tout le monde (mais le port de la ceinture de sécurité n’a pas été scrupuleusement suivi jusqu’à présent en Amérique du Sud, celle-ci n’étant pas toujours présente dans les véhicules que nous prenions).

Nous passons Santa Teresa et arrivés à Santa Maria, le chauffeur de taxi nous propose de nous déposer dans un restaurant local pour le déjeuner. Nous acceptons bien que n’ayant pas trop faim, étant donnée le plat copieux englouti le matin. Nous partageons donc des menus à 6 soles avant de remonter dans le collectivo, arrivé entre temps, et qui s’est lui aussi arrêté pour la pause déjeuner. Celui-ci nous mènera sans encombre jusqu’à Cusco, où il nous déposera sur les hauteurs de la ville : il nous reste donc encore 2 kilomètres à marcher pour rejoindre l’auberge. En y arrivant, nous apprenons qu’il n’y qu’une chambre de libre, avec seulement quatre lits, et uniquement pour cette nuit. Clément trouve une place dans un autre dortoir, nous dormirons donc à quatre dans la chambre.

Pour conclure ce trek et cette semaine d’aventure, nous décidons d’aller manger tous ensemble dans un restaurant un peu plus touristique de Cusco : el Imperio. Celui que nous avions repéré propose un menu à 15 soles avec entrée et plat différents des classiques péruviens : du maïs au fromage en entrée (une spécialite de Cusco), et un steak d’alpaga en plat. Les portions sont ridiculement petites et nous terminons notre soirée dans une boulangerie, où nous prenons plusieurs desserts pour combler l’absence de sucres de ces derniers jours !

Nous rentrons ensuite nous coucher, avec pour plan de nous lever tôt le lendemain pour repartir visiter la vallée sacrée et y dormir, l’auberge n’ayant pas de place pour nous le lendemain soir. Mais ceci est une autre histoire…

Cusco, nombril du monde

Cusco, nombril du monde

Du 1er au 3 mai

Retour sur nos trois premiers jours à Cusco, capitale de la civilisation inca, centre de nos pérégrinations pour les deux dernières semaines de voyage.

Jour 1 : réveil dans la ville

Nous débarquons à Cusco plutôt frais après une nuit correcte dans le bus depuis Arequipa. Il est 6h30 lorsque nous sortons du terminal et nous voilà déjà agressés par les chauffeurs de taxi qui insistent tous pour nous emmener au centre pour 6 soles. Après cette nuit passés enfermés et recroquevillés sur nos sièges inclinables, nous avons plutôt envie de nous dégourdir les jambes d’autant qu’il fait beau. Nous voilà partis en direction de notre auberge, la Estrellita, située à quelques minutes de la place d’armes. Sur tout le chemin, nous nous verrons proposer des courses en taxi, jusqu’au moment où j’appuie sur la sonnette de l’auberge… On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut passer !

Nous sommes attendus car j’avais appelé la veille pour réserver (pas de site internet) et l’un des patrons (ils sont quatre ou cinq à se relayer 24/24) nous propose le petit-déjeuner bien que nous n’ayons pas dormi ici. Nous acceptons avec plaisir et profitons du calme de la cours intérieure ensoleillée où sont garées quelques motos. En effet, l’auberge est un repère de motards et de cyclistes, absente des guides de voyage et des sites de réservation en ligne.

N’étant pas fatigués, nous décidons ensuite d’aller découvrir la ville et marchons dans ses rues un peu au hasard avec l’idée de préparer nos prochains jours. En ce lundi premier mai, l’office du tourisme est fermé, et nous discutons avec quelques agences des possibilités de tours (avec l’idée de les faire par nous-mêmes) tout en nous dirigeant vers le marché San Pedro. En chemin, nous nous faisons harceler par les vendeurs de rue qui proposent massages, tours vers le Machu Picchu et autres excursions : après le calme du canyon de Cotahuasi, c’est violent !

Une des ruellesUne des ruelles
Une autreUne autre
Et encore uneEt encore une
Agencement des blocs de pierreAgencement des blocs de pierre
Eglise de la Compagnie de JésusEglise de la Compagnie de Jésus
La place d'armesLa place d’armes
Les deux églises de la place d'armesLes deux églises de la place d’armes

Le marché de San Pedro ne nous convainc pas plus que ça : la moitié des stands vendent de l’artisanat, et il n’y a aucun locaux autour des stands alimentaires. Nous nous disons qu’il doit y avoir un autre « vrai » marché ailleurs que nous nous promettons de chercher.

La porte qui mène au marché San PedroLa porte qui mène au marché San Pedro

Après ce premier tour plutôt mitigé, bien que la ville soit belle, nous décidons de nous faire plaisir pour le déjeuner et nous attablons au restaurant Organika, dont les plats sont composés d’ingrédients d’une ferme biologique située dans la vallée sacrée à une cinquantaine de kilomètres de la ville. Nous prenons tous les deux de l’alpaga accompagné de gnocchis : une tuerie ! Restaurant recommandé !

Nous continuons notre tour de la ville par la visite du Qoricancha : les ruines du temple du soleil inca sur lesquelles ont été construits l’église Santo Domingo et un monastère dominicain. Nous y observons des murs aux pierres parfaitement imbriquées et lisses, typique des lieux sacrés incas, entourés d’architecture coloniale. Nous y apprenons notamment que Cusco (Qosq’o en quechua,« le nombril du monde ») était le centre de l’empire inca d’où partent les quatre chemins incas vers les quatre régions du royaume (qui à son apogée en 1493 s’étendait sur 3800 km, de la Colombie au Chili).

Au sein du muséeAu sein du musée
La cour de Qorikancha La cour de Qorikancha
Le parc du muséeLe parc du musée
Représentation de l'empire Inca : Cusco au centre, les 4 zones géogaphiques en couleur et le "plan" des endroits sacrésReprésentation de l’empire Inca : Cusco au centre, les 4 zones géographiques en couleur et le « plan » des endroits sacrés

Après cette visite atypique, entre ruines incas et reliques coloniales, nous rejoignons Fernando et Beatrice, un couple brésilien avec qui nous avons sympathisé à Uyuni, pour prendre un verre en ville. Nous décidons d’aller au pub irlandais qui se situe sur la place d’armes, où j’étais déjà allé boire une Guinness il y a six ans lors de mon premier voyage au Pérou. Néanmoins, pas de Guinness cette fois : un panneau indique que la brasserie irlandaise n’envoie plus de fûts, la demande étant trop faible. Nous nous rabattons donc sur la Cusqueña, la bière locale.

La place d'armesLa place d’armes
L'église de la Compagnie de Jésus de nuitL’église de la Compagnie de Jésus de nuit
De nuit, on dirait un ciel étoiléDe nuit, on dirait un ciel étoilé

La fatigue se faisant sentir, nous prenons congé de nos amis vers 20h et nous arrêtons dans une sandwicherie proche de notre auberge, le Chola Soy, où je déguste un très bon sandwich au lomo saltado, plat typique péruvien composé de bœuf sauté avec oignons et tomates (normalement servi avec du riz). La salade d’Irène, à l’avocat que la cuisinière est allé chercher en urgence chez les voisins, était également copieuse et délicieuse.

Jour 2 : qu’il est bon de ne (presque) rien faire

Lever aux aurores pour nous en ce mardi 2 mai. Ah non, pardon, lever vers 9h pour prendre notre petit-déjeuner au soleil avant une petite séance Skype avec nos parents. Attablés, nous faisons la connaissance de Loeiza, fraîchement débarquée de France avec son vélo, avec qui nous discutons jusqu’à midi du Pérou, de la Bolivie et du nord de l’Argentine jusqu’où elle compte pédaler. Comme nous avons tous trois faim, nous décidons de manger ensemble et nous lui faisons découvrir notre sandwicherie de la veille (toujours aussi délicieuse).

Après le repas, Irène et moi décidons d’aller visiter la cathédrale de la ville, superbe édifice qui trône sur la place d’armes. L’entrée à 25 soles (7€) comprend un audioguide avec lequel nous faisons une première fois le tour des trois bâtiments qui composent la visite puis une deuxième fois en déambulant pour découvrir les détails des nombreuses œuvres d’art et autres détails architecturaux. Nous découvrons ainsi une peinture de la vierge Marie à l’enfant mais… toujours enceinte ! En effet, le ventre rond symbolise la Pachamama, la mère nourricière du peuple quechua. La représentation de la Cène figure un cuy, le cochon d’Inde toujours considéré comme un met de choix pour les péruviens. Nous passons également devant un Christ noirci par la fumée des cierges, el señor de las temblores, ainsi appelé car lors du tremblement de terre dévastateur de 1950, les secousses se seraient arrêtées au moment où la statue du Christ fût déposée au sol. Depuis, il est vénéré par les cusqueniens. Nous apprenons enfin la signification des miroirs : symboles de vanité en Europe, pour les indiens ils permettent au contraire de refléter l’âme. Banni de nos églises, on les retrouve donc à foison ici ! De tout ceci, point de photos, interdites à l’intérieur de l’édifice.

Une photo "volée" : autel avec nombreux miroirsUne photo « volée » : autel avec nombreux miroirs

En sortant, le ciel bleu a laissé la place à la pluie. Les vendeurs de rue s’adaptent en quelques minutes et les bonnets péruviens sont remplacés par des ponchos en plastique, moins typiques. Nous filons jusqu’à l’auberge pour le goûter, celle-ci est située juste à côté d’une boulangerie française où nous trouvons de vrais pains au chocolat.

Il est un peu trop tard pour aller au musée du Machu Picchu que nous souhaitons faire avant de visiter le site donc nous optons pour le musée du chocolat. Celui-ci, gratuit, est en fait un préambule à une boutique vendant toutes sortes de produits basés sur le chocolat. La visite guidée est expresse mais intéressante : nous apprenons toutes les étapes de confection du chocolat, depuis la récolte des fèves de cacao jusqu’à la production finale. La visite se termine par une dégustation des différents produits, nous testons donc avec application les multiples liqueurs et types de chocolat.

Production et consommation de chocolatProduction et consommation de chocolat

Nous rentrons ensuite à l’auberge avant de ressortir manger une vraie pizza, cuite au feu de bois, au Tabuco. Les pizzas sont modelées sous nos yeux, le four est au milieu de la salle du restaurant. Et les pizzas sont bonnes, la pâte est fine, la bella vita !

A table !A table !

Jour 3 : préparation du trek

Ne faillissant pas à notre habitude, nous traînons au soleil quasiment toute la matinée, à discuter avec un couple de motards belges, Loeiza, et Clément, un français qui part pour le trek du Salkantay, comme nous.

Nous apprenons avec les belges qu’il y a un vrai marché à quelques centaines de mètres de notre auberge. Nous nous y rendons pour faire des provisions pour le trek puis rejoignons Fernando et Béatrice pour le déjeuner, chez Heidi, un restaurant tenu par un allemand et proposant un menu du midi à 28 soles (environ 8€, un peu cher pour le Pérou). Nous y mangeons une sorte de hachis parmentier et un bon gâteaux à la crème.

Nous commençons l’après-midi par la visite de la casa qoncha, un musée consacré Machu Pichu et à l’histoire de sa découverte. Celui-ci constitue une intéressante introduction au site inca, un diorama animé accompagné d’une vidéo permet de découvrir les différentes zones du site. Quelques salles présentent des objets quasi intacts issus des fouilles archéologiques et la dernière partie explique comment, grâce aux nouvelles technologies, les scientifiques continuent d’en apprendre encore plus sur les lieux.

A l’issue de la visite, nous retournons à l’auberge où nous retrouvons le groupe de francophone occupé à ne rien faire. Nous nous joignons à eux, nos courses étant faites pour le départ matinal du lendemain. A l’heure du goûter, surprise ! Nos amis brésiliens étant passés dans une boulangerie nous ont acheté une baguette fraîche, un peu cliché mais vraiment sympa !

En fin d’après-midi, nous nous rendons au marché artisanal pour y dégoter quelques souvenirs mais rien ne nous plaît. En revanche, sur le chemin du retour, nous passons devant une galerie d’art exposant des œuvres originales de l’artiste, différentes en style de toutes celles que l’on trouve sur la place d’armes. Nous craquons et achetons de quoi décorer notre futur appartement. Comme nous partons pour quelques jours, nous réservons les toiles que nous irons chercher à notre retour.

Nous terminons cette petite journée par un dîner rapide dans un des nombreux restaurants qui proposent des menus « touristiques » à moins de dix soles, sans intérêt, avant de rentrer nous coucher car nous partons le lendemain à 5h30 pour le trek du Salkantay en solo (c’est-à-dire sans agence).

Cotahuasi, magnifique inconnu porteur d’émotions

Cotahuasi, magnifique inconnu porteur d’émotions

Du 25 au 30 avril

Jour 1 : rando nocturne et planification

Souvenez-vous, le 24 au soir nous montions dans le bus pour Cotahuasi, la ville principale du canyon du même nom, bien moins connu que le canyon de Colca. Nous sommes assis à côté de deux péruviens en visite dans leur région d’origine et ils nous vantent les mérites du canyon, tout en montrant leurs photos sur leur tablette : cela a vraiment l’air très beau et il y a même une plante qui fleurit au bout de 100 ans avant de mourir. Nous sommes bien contents d’aller voir tout cela ! Nous avons choisi de visiter le canyon de Cotahuasi car il est oublié des touristes, pourtant il s’agit du canyon le plus profond du monde (en tout cas d’Amérique, il y a débat avec certains canyons népalais) du haut de ses 3535 mètres.  

Cotahuasi se situe à 10 heures de bus d’Arequipa, 379 km, quand la route est intacte ! En l’occurrence, pas cette nuit : nous nous arrêtons à 4h du matin à 7 km du village car la route est détruite par un glissement de terrain et il nous faut marcher pour rejoindre le tronçon en contre-bas. Et ce n’est pas une mince affaire : il fait nuit noire bien sûr et nous devons descendre un mini chemin très pentu et glissant pendant 40 minutes ! Nous ne sommes pas les plus à plaindre : nous sommes peu chargés et avons des frontales, mais certaines personnes disparaissent sous leurs affaires et tiennent à la main des enfants effrayés. Un drôle de parcours nocturne… nous montons donc dans le deuxième bus qui doit nous mener au terminal de la ville.

Deuxième surprise : le bus n’y va pas car il y a aussi un souci de route dans le village. Nous voilà donc à l’entrée du village, en train d’errer à 5h du mat, sans trop savoir que faire. Aucun café n’est ouvert et comme il fait frais, cela n’est pas très tentant de s’installer sur un banc. Nous partons donc au terminal de bus, fermé lui aussi. Nous recherchons alors un spot pour admirer le lever de soleil sur les montagnes : nous le trouvons en bas du cimetière, particulièrement tranquille à 6h.

Lever de soleilLever de soleil
FleursFleurs

Il est ensuite temps de prendre notre petit déjeuner, qui sera local et bien loin de notre classique baguette. Ici, le matin, les plats tiennent au corps : cela sera riz, pommes de terre et viande. Bon avec cela, on devrait être calés pour quelques heures !

Petit déjeuner copieuxPetit déjeuner copieux

Nous cherchons l’office du tourisme mais il n’ouvre qu’à 10h. Nous souhaitons partir avec le collectivo de 15h pour le village de Charcana, dans la partie sud du canyon et sommes à la recherche d’informations car il n’y a rien dans les guides.

Pour nous occuper et comme il n’y a pas de café dans cette ville, nous décidons de nous rendre aux thermes de Lucha, un peu plus au nord. Nous prenons le collectivo de 9h pour 45 minutes de route. Je m’endors mais Thomas veille : nous descendons au bon moment. Le complexe thermal vu de haut est très beau, dans un écrin de verdure. De près c’est une autre histoire : l’un des bassins est en réparation, l’autre franchement défraîchi. Pas grave, nous avons les lieux pour nous et cela ne coûte que 3 soles (moins d’1 €) par personne. Nous bénéficions même d’un bassin privé que le gérant rempli d’eau chaude de la source juste pour nous. Nous passons un bon moment au soleil avant de retourner à Cotahuasi.

Vue sur les thermesVue sur les thermes
Dans la piscineDans la piscine

Il est presque 13h et l’office du tourisme est ouvert. Nous collectons les informations sur le sud du canyon pour notre randonnée puis continuons à discuter. Nous apprenons que le mari de l’employée, guide dans la région, inaugure un tour de deux jours qui part demain. Cela coûte 115 soles, tout compris, juste de quoi couvrir les frais. Cela semble intéressant car si nous devions tenter l’expérience par nous même cela reviendrait au même prix, mais prendrait plus de temps car il n’y a généralement qu’un bus par jour d’un hameau à l’autre et nous aurions donc besoin d’un jour de plus pour atteindre le bout du canyon.

Nous nous laissons tenter par l’aventure et devons donc trouver un logement dans Cotahuasi : c’est chose faite pour 30 soles à l’auberge Don Justito.

Il nous reste à occuper notre après-midi : nous nous baladons lentement, dévorons nos sandwiches et patientons avant un dîner frugale (pain / fromage) dans la chambre. Au terme de cette ligue journée, nous éteignons vers 20h30.

Vue sur la plaine de CotahuasiVue sur la plaine de Cotahuasi
Le miradorLe mirador
CotahuasiCotahuasi

Jour 2 : en route vers Puyca

Debouuuuut ! Il est 4h45, le réveil sonne : on vient nous chercher à 5h30 pour le début de l’exploration du canyon. Henry, le guide, est finalement là à 5h20 : en voiture. Nous faisons la connaissance du chauffeur, Abdel, d’une passionnée de la région, Cathy, et son ami Walter, ainsi que de deux autres touristes : Janet de Hollande et Leila de Martinique.

Le soleil se lève sur des paysages magnifiques : le canyon est très vert et nous faisons des arrêts photos. Nous serons d’ailleurs certainement sur la brochure publicitaire de ce tour car Henry prend plein de photos du groupe !

CascadeCascade
CascadeCascade

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Rivière et fleursRivière et fleurs

Vers 7h, nous faisons une brève pause à Alca, juste le temps de boire un verre de jus de pomme chaud au quinoa. C’est pas mal mais très sucré.

La place d'armes d'AlcaLa place d’armes d’Alca

Nous atteignons Huacctapa vers 9h30 et sommes accueillis en grande pompe par 4 femmes en costumes traditionnels colorés, dont la Señora Maria : une très belle table fleurie nous attend pour le petit-déjeuner. Il se compose d’avocat, de riz, d’oeufs ou truite, de pain, beurre, café et infusions d’herbes fraîches. C’est un régal et nous nous resservons avec délice. Nous partons ensuite jusqu’au mirador pour une promenade digestive en compagnie de nos hôtes, qui nous ferons même l’honneur de chanter en quechua. Nous sentons que nous vivons un moment rare et encore authentique.

L'accueil, avec des fleursL’accueil, avec des fleurs
Rose et fleur de la passionRose et fleur de la passion
La table bien dresséeLa table bien dressée
Thomas derrière les fleursThomas et Janet derrière les fleurs
En route vers le miradorEn route vers le mirador
Nos hôtesNos hôtes
Vue sur le villageVue sur le village
ContemplationContemplation

Nous roulons ensuite jusqu’au hameau de Lauripampa, au bout du canyon, pour admirer les Puyas de Raymondi, ces fameuses plantes qui ne fleurissent que tous les 100 ans et qui mesurent jusqu’à 7 mètres.  Malheureusement, les fleurs sont fanées. Cela reste impressionnant et le cadre mérite largement le détour !  Thomas apprend même à tirer au lance-pierre avec un des habitants.

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Des terrasses à perte de vueDes terrasses à perte de vue

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Vue sur le canyonVue sur le canyon
Une partie de LauripampaUne partie de Lauripampa
Culture en terrasseCulture en terrasse
DémonstrationDémonstration
Apprentissage du lancer de pierreApprentissage du lancer de pierre

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Devant les puyas Devant les puyas

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Nous traversons le hameau pour observer très rapidement la vie des habitants : Thomas sarcle les pommes de terre, nous voyons des lamas et des cuyes (cochons d’inde, plat typique péruvien) puis arrivons chez nos hôtes du “midi” (il est 15h). Nous tombons sur une française qui y séjourne en volontariat pour une semaine : pas facile pour elle d’être coupée du monde d’autant que la famille parle essentiellement quechua. Nous sommes dans des villages reculés où l’électricité est arrivée il y a 2 ans, ce qui a forcé les habitants à se regrouper.

Thomas sarcle Thomas sarcle

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Une maison traditionnelleUne maison traditionnelle
Les cuyesLes cuyes

J’ai le droit de revêtir la tenue traditionnelle et d’un cours accéléré au métier à tisser : tout le monde a bien rit en me voyant ainsi vêtue, assise sur une mini chaise ! C’est dans une bonne ambiance que nous passons à table, pour déguster deux variétés de pommes de terre et de la salade avec un peu de fromage. Les portions sont énormes et nous ne parvenons pas à finir. La française qui loge ici nous a expliqué avoir été malade à force de manger trop de riz et pommes de terre mais sa famille se vexe si elle ne finit pas. Dur !

Enfin un pays où je suis grandeEn habit traditionnel
Apprentissage du tissageApprentissage du tissage

Quelques dernières photos avec nos hôtes, parmi lesquels je me sens grande, et nous repartons en voiture, vers Puyca.

Nous y arrivons à la nuit tombée et sommes répartis dans différentes auberges. Notre hôte est très sympathique et nous propose même une petite couverture de laine avec broche pour mettre sur nos épaules.  Son mari, Cesar, nous fait découvrir le village avant de nous amener dans une autre auberge, pour le dîner.

Il n’est que 19h aussi nous n’avons pas très faim. Nous ne parvenons pas à finir la crème de maïs, très dense, de l’entrée. Pour le plat principal, nous avons de la truite, du riz et des pommes de terre. Heureusement nous pouvons nous servir en quantité raisonnable. Nous filons ensuite nous coucher dans une chambre propre et rudimentaire, non chauffée bien sûr, mais il y a comme d’habitude une montagne de couvertures sur le lit.

Jour 3 : d’un bout du canyon à l’autre

Pour le petit-déjeuner, nous retournons à l’auberge de la veille. Nous grignotons maïs, pain et fromage pendant que Henry nous interroge sur notre vécu de cette expérience. Il cherche à développer le tourisme communautaire et nos avis lui permettront de finaliser le parcours.

C’est ensuite le moment de prendre des photos, en tenue traditionnelle pour tout le monde ! Nous voilà bien beau. Nous sommes bien plus grands qu’eux, mais aussi plus minces, aussi ce n’est pas facile de nous équiper.

En costume traditionnelEn costume traditionnel

Pour finir cette matinée, nous grimpons sur les hauteurs de la ville pour admirer de magnifiques ruines pré-incas. Le site est assez grand et les fleurs y apportent un voile jaune et bleu qui embellit encore les lieux. Nous nous arrêtons notamment devant la seule construction Incas : des bains publics. Plus loin, nous découvrons quelques os humains dans l’ancien cimetière. Le site a été habité depuis longtemps par les hommes du fait de son positionnement physique (en hauteur sur du plat) et géographique (partie fertile du canyon). Lorsque les incas ont découvert les lieux, ils n’ont fait aucune modification et se sont adaptés. Le site est bien conservé car les espagnols n’y sont pas allés, il n’y avait pas d’or. Ainsi, rien n’a été détruit mais le village a été abandonné car les hommes sont partis travailler dans les mines espagnoles.

Briques de terre dans le villageBriques de terre dans le village
Vue sur PuycaVue sur Puyca
Les ruines Les ruines

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Les os du cimetièreLes os du cimetière
La vue depuis le siteLa vue depuis le site
Thomas dans les bainsThomas dans les bains

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Il est temps de quitter les lieux : nous effectuons le trajet retour jusqu’à Alca avec le groupe et, comme Thomas et moi devons ensuite attraper un bus à Cotahuasi, Henry nous indique un collectivo que nous prenons pendant que les autres restent manger.

Ce fut une bien belle expérience, riche en paysages et en rencontres ! Nous avons reçu un accueil chaleureux et spontané des locaux, sans être vu comme des portes monnaies et c’est bien agréable.

Mais la journée n’est pas finie : nous achetons du poulet avec du riz et des frites au terminal de bus et mangeons dans la navette qui nous conduit à Charcana : nous sommes les seuls touristes. La route serpente pendant 3 bonnes heures dans le canyon, qui devient de plus en plus sec et profond : les paysages sont à couper le souffle, offrant mille nuances d’ocre parsemées d’oasis verdoyants. La navette se remplit de paysans aux costumes colorés et nous arrivons enfin sur la place d’armes de ce petit bourg perdu à 3417 mètres d’altitude.

Une bien jolie routeUne bien jolie route
Sur la route de CharcanaSur la route de Charcana

Nous y cherchons la Señora Candelaria, conseillée par l’office du tourisme, mais sans succès. Finalement une petite grand-mère nous aborde et nous emmène à son auberge. Elle dispose de logements sommaires pour 10 soles par personne. Nous acceptons car il ne semble pas y avoir d’autres solutions.

Nous parcourons ensuite les petites ruelles pavées de ce village en pierre et adobe. C’est mignon et les enfants courent dans tous les sens sur la place du village. Pour le dîner, c’est vite vu : un seul un comedor sur la place d’armes, il propose un plat unique. Nous mangeons donc du poulet, du riz et des frites tout en discutant avec la gérante, Janet, et une petite dame. Nous ne savons pas trop quelles questions poser et, elles, nous posent des questions d’apparence banale mais qui nous mettent mal à l’aise dans ce contexte. Elles nous demandent notre âge par exemple et sont un peu choquées par la réponse : la gérante semble avoir seulement trois ou quatre ans de plus que nous mais son fils a au moins 13 ans. Puis, elles nous demandent le prix du billet d’avion Paris-Lima… bref, l’on ressent fortement le décalage de vie ! Nous rentrons donc assez vite nous coucher.

L'église de CharcanaL’église de Charcana
La rue de notre aubergeLa rue de notre auberge

Jour 4 : 19 km à pied, dont 1800 mètres de dénivelés négatifs

Nous nous réveillons vers 7h et il fait déjà beau et chaud. Nous n’avons pas le courage de manger du riz, des frites et de la viande chez Janet mais nous lui achetons des bananes et prenons une tisane en guise de petit-déjeuner.

Nous partons ensuite en direction de Picha et ses 12 habitants (d’après un blog). Nous avons 10 km à parcourir sur un terrain relativement plat, pour changer de vallée. Nous ne croisons que quelques paysans avec leurs animaux (ânes, moutons et vaches) en début de parcours puis la nature sauvage et puissante s’offre à nous. Nos sens sont sollicités de toutes parts : les paysages sont incroyables et immenses, les plantes aromatiques et les fleurs embaument l’atmosphère d’un doux parfum et les oiseaux pépillent. Nous n’avons pas testé le piquant des cactus par contre.

Une maison bien basse dans CharcanaUne maison bien basse dans Charcana
La place d'armes de CharcanaLa place d’armes de Charcana
La boutique de JanetLa boutique de Janet
Dans la rue de notre aubergeDans la rue de notre auberge
Un petit hameau dépendant de CharcanaUn petit hameau dépendant de Charcana

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EmbouteillageEmbouteillage

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Dernier regard sur CharcanaDernier regard sur Charcana
Charcana au loinCharcana au loin
Un âne presque bien cachéUn âne presque bien caché
La partie plane du chemin vers PichaLa partie plane du chemin vers Picha
La petite maison dans la prairieLa petite maison dans la prairie
Route particulièrement sinueuseRoute particulièrement sinueuse
Un paysage à couper le souffleUn paysage à couper le souffle
Des cultures à des endroits improbablesDes cultures à des endroits improbables
Thomas au milieu des grands cactusThomas au milieu des grands cactus
Fleurs de cactusFleurs de cactus
Contraste entre les deux valléesContraste entre les deux vallées
Arrivée sur PichaArrivée sur Picha

Nous atteignons Picha après déjà 2h30 de marche mais continuons la route : les rares habitants sont au champ, en contre-bas.

Nous effectuons une halte une heure après pour couper un peu la grosse descente de 1800 mètres de dénivelés sur 8 km. L’endroit est sauvage et les traces de l’homme bien ténues, le canyon de plus en plus sec nous rappelle les quebradas argentines. Nous profitons des lieux entre deux glissades : le sol est composé de terre et cailloux, assez pentu et au bord du ravin, nous faisons donc attention mais cela n’empêche pas les dérapages. Pas de chute à déclarer cependant ! Ce fut néanmoins assez éprouvant pour les genoux et nous sommes bien contents d’atteindre enfin la rivière Cotahuasi.

Fleur de cactusFleur de cactus

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De grandes plantesDe grandes plantes
Dernier regard sur Picha et sa vallée verdoyanteDernier regard sur Picha et sa vallée verdoyante
Nuances d'ocreNuances d’ocre
On est quand même bien content de voir ce magnifique canyonOn est quand même bien content de voir ce magnifique canyon
Vers QuechuallaVers Quechualla
Où est Thomas ?Où est Thomas ?
Où est Irène ?Où est Irène ?
Le chemin bien abrupteLe chemin bien abrupte
Arrivée sur la rivière CotahuasiArrivée sur la rivière Cotahuasi

Nous nous délaissons, les pieds dans l’eau fraîche, après 6h30 de marche dans un cadre de toute beauté puis parcourons le dernier kilomètre jusqu’au hameau de Quechualla, véritable oasis au milieu du désert à 1665 mètres au dessus du niveau de la mer. Ce paisible village aux ruelles de pierre et maisons de terre est parcouru par les canaux d’irrigation. Les vignes et les plants de fruits de la passion ombragent les cours et les ruelles, nous nous y sentons bien.

Le pont piéton pour rejoindre QuechuallaLe pont piéton pour rejoindre Quechualla
Sur le pontSur le pont
Les vignesLes vignes
Dans les ruelles, désertesDans les ruelles, désertes

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Les ruelles recouvertes de vigneLes ruelles recouvertes de vigne

Nous atteignons la petite église sans croiser âme qui vive, aussi nous patientons un peu dans l’espoir de trouver Janet, encore une autre, qui nous a été conseillée par l’office du tourisme de Cotahuasi. Coup de chance, la première personne que nous croisons est la bonne ! Cette cinquantenaire dynamique nous accueille à bras ouverts et avec les oranges et fruits de la passion de son jardin !

La petite église de QuechuallaLa petite église de Quechualla
L'intérieur de l'égliseL’intérieur de l’église
La cour de l'aubergeLa cour de l’auberge
Fruit de la passionFruit de la passion

Nous prenons possession de notre chambre, propre et sommaire avec bien sûr 4 couvertures sur le lit. Bien que l’eau est froide, nous profitons de la douche pour nous rafraîchir après cette journée de marche, d’autant qu’il fait encore bon au fond du canyon.

La nuit tombe déjà sur la vallée, il est à peine 17h30. Nous reparcourons les trois rues du village avant de nous attabler vers 19h devant une soupe, puis une grosse assiette de riz, frites et oeufs. Nous discutons avec nos hôtes et apprenons que le village a été raccordé à l’électricité il y a 1 an et la route qui le relie à Cotahuasi existe depuis seulement 6 mois ! Il reste peu d’habitants mais tous vivent en autarcie. Ainsi, ils ont leur café, thé, herbes, fruits, légumes, oeufs et viande. Ils pêchent dans la rivière et n’achètent que le riz, l’huile et le phosphore (pour les légumes). Ils ne produisent pas en assez grande quantité pour vendre cependant. Une vie bien différente de la nôtre, simple et probablement sans autre objectif que d’aller au champ pour se nourrir mais les gens ne semblent ni pauvres ni malheureux. Nous voilà bien loin des rythmes effrénés des grosses villes occidentales.

Jour 5 : retour à Arequipa

La nuit fut bien calme et nous nous levons en forme vers 6h30. Nous nous attablons devant une assiette de riz, frites, oeuf et courge. J’ai du mal à finir ! Il n’y a malheureusement plus de café torréfié du jardin mais le maté (tisane) est très bon. Nous feuilletons le registre de l’auberge : il n’y a pas eu de touristes depuis février ! Autre constat : ce canyon était mentionné dans les anciennes versions du Routard, ce qui amenait de nombreux français, mais les versions récentes n’en parle plus et il n’y a quasiment plus de français ! Comme quoi, les guides font et défont les réputations des lieux.

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Nous quittons nos hôtes vers 8h pour rejoindre la route, qui ne va pas jusqu’au coeur du hameau, et attendons le collectivo au milieu des ânes et des bidons de vin, destinés à être vendus sur le marché.

C’est parti pour deux heures de route dans un cadre où l’ocre se décline en nombreuses teintes. C’est vraiment superbe et le fait d’être les seuls touristes renforcent la magie des lieux. Nous savons bien que nous vivons des moments rares et précieux car si le tourisme se développe, cela entraînera de fait des modifications. En attendant, les habitants de cette vallée, d’origine espagnol contrairement au nord du canyon, vivent au rythme des saisons.

Une faille naturelle pour l'écoulement des ruisseauxUne faille naturelle pour l’écoulement des ruisseaux

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Derniers aperçus du canyonDerniers aperçus du canyon

A Cotahuasi, nous avons le temps de déjeuner avant notre bus pour Arequipa : nous choisissons avec soin des plats qui ne contiennent ni riz, ni pomme de terre car nous saturons un peu !

15h30, le bus part pour nous amener en bas de la route détruite. En une semaine, ils ont eu le temps de construire une route de substitution, néanmoins trop étroite et pentue pour les bus : nous mettons seulement 20 minutes à rejoindre le bus qui nous attend en haut et c’est parti pour quelques heures de route.

Nous parvenons à Arequipa à 1h du matin, soit bien plus tôt que nous pensions, aussi nous rejoignons notre auberge en taxi. Par chance, il reste une chambre, ce qui nous permet de dormir confortablement.

Jour 6 : derniers moments à Arequipa

Nous nous levons tranquillement et restons à l’auberge une bonne partie de la journée. Nous allons juste au marché pour acheter de quoi cuisiner pour le midi et le soir et c’est l’occasion de prendre quelques dernières photos.

Une coccinelleUne coccinelle
La vue depuis le toit de l'aubergeLa vue depuis le toit de l’auberge

Au terme de cette calme journée, nous décidons de rejoindre le terminal de bus en collectivo avec tous nos sacs. Celui-ci est bondé, même un dimanche, et nous voyageons avec nos gros sacs sur les genoux, pliés en quatre. Nous descendons avec soulagement et attendons notre bus pour Cusco, départ à 20h, pour un trajet de nuit, qui se déroulera sans encombre.

 

Une dernière pour la route

Une dernière pour la route

Deux semaines avant la fin de notre voyage (dur dur), nous partons ce jeudi matin pour une dernière randonnée en autonomie : le trek du Salkantay.

Ce trek qui dure quatre jour en moyenne permet de rejoindre la ville d’Aguas Calientes, point de chute des visiteurs à destination du Machu Picchu. Les variantes étant nombreuses, nous déciderons sur l’instant de notre parcours final en fonction de la météo, de la fatigue et des rencontres que nous ferons sans nul doute en chemin ! 

A bientôt pour le récit de nos dernières aventures péruviennes.

Arequipa, ville coloniale

Arequipa, ville coloniale

Du 20 au 23 avril

Arrivée à Arequipa

Nous arrivons sans encombre au terminal de bus d’Arequipa, une des grandes villes péruviennes ayant conservé son architecture coloniale. Pour ne pas se perdre et comme il fait déjà nuit, nous préférons prendre un taxi. Nous demandons le prix de la course alors que le moteur tourne tout juste : 15 soles, soit 5 euros. 15 minutes plus tard, nous sommes déposés devant l’auberge « Yes Arequipa Hostel » où nous prenons possession de notre chambre. Nous apprenons au passage que la course n’aurait dû coûter que 10 soles soit un peu plus de 3 euros. Le chauffeur, en plus d’être peu souriant, a profité des touristes. Nous dînons en finissant la nourriture qui nous reste du midi puis nous allons dormir.  

Jour 1 : visite de la ville

Ce matin nous avons le choix entre pancake avec banane ou oeufs brouillés et pain pour le petit déjeuner. L’avantage d’être deux c’est que nous n’avons pas à nous décider et nous prenons les deux pour partager.

Nous allons nous promener dans la ville, assez agréable avec ses petites maisons coloniales et son centre historique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000. Cela nous fait un peu bizarre d’être si bas : la ville n’est qu’à 2335 mètres au-dessus du niveau de la mer !

Nous passons devant quelques églises aux façades mêlant art indien et art colonial. Malgré le guide qui nous dit que nous pouvons y observer puma ou sirènes, il est difficile d’aiguiser notre regard devant le foisonnement de détails.

Intérieur de l'église Saint AugustinIntérieur de l’église Saint Augustin

Nous nous dirigeons ensuite vers le cœur de la ville : la place d’armes, magnifique. Les palmiers et fleurs forment une belle masse verte et fraîche en son centre, bordé d’arcades délicates, et la cathédrale blanche domine superbement les lieux. Elle est large (108 mètres) mais élégante avec ses deux clochers qui s’élancent vers le ciel. Nous y entrons et constatons que l’intérieur, bien qu’un peu plus kitsch avec sa décoration à la chantilly, rivalise d’élégance et de légèreté avec l’extérieur. Nous y retrouvons de nombreuses statues vêtues de leurs plus beaux atours et admirons longuement la chaire et le travail effectué sur l’ange déchu qui orne sa base.

Premier aperçu de la cathédralePremier aperçu de la cathédrale
Les arcades de la place d'armesLes arcades de la place d’armes
La place d'armesLa place d’armes
L'intérieur de la cathédraleL’intérieur de la cathédrale

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SatanSatan
Détail du sol Détail du sol
Thomas sort de la cathédraleThomas sort de la cathédrale
Détail de la porte de la cathédraleDétail de la porte de la cathédrale
Sur la cathédrale, un chef IncaSur la cathédrale, un chef Inca

Nous continuons vers la Compañia, une église jésuite du XVIIe siècle, dont la façade mérite là encore quelques longues minutes d’observation. Nous ne nous attardons pas car le bâtiment est fermé et nous souhaitons le visiter au cours de notre séjour.

Façade de la CompaniaFaçade de la Compania
Détail de la façade Détail de la façade
Détail de la façade de la CompaniaDétail de la façade de la Compania

Nous allons donc directement à l’ancien cloître jouxtant l’église. Il est reconverti en galeries marchandes de luxe : peu de personnes y circulent et nous pouvons déambuler tranquillement d’une cours à l’autre.

Thomas mémorise le plan de villeThomas mémorise le plan de ville
Une grande crucheUne grande cruche
L'ancien cloître de la CompaniaL’ancien cloître de la Compania
La coursLa cours
Détail des arcades du cloîtreDétail des arcades du cloître

Nous continuons notre balade au marché San Camillo qui grouille de monde au milieu de stands colorés. Nous montons d’ailleurs les escaliers pour surplomber le magnifique rayon de fruits, qui donne envie de tout acheter avec ses produits s’étalant jusqu’à 4 mètres de haut. Nous passons près des comptoirs de jus de fruits, de viande fraîche (pour une fois appétissante), de poissons, de légumes, de fruits… Puis aux rayons  chapeaux, herbes et foetus de lama séchés et autres produits en tout genre, sans oublier les stands de patates (il en existe plus de 4000 variétés au Pérou !).

Montagnes de fruitsMontagnes de fruits

Thomas, guidé par les souvenirs de son voyage précédent, m’emmène à la Canasta, au fond d’une très jolie petite cours. Il y avait mangé par deux fois de délicieux sandwiches avec Cynthia. La boutique présente de nombreux pains et quelques gâteaux : l’eau nous monte déjà à la bouche. Nous décidons d’y acheter seulement un petit pain pour le goûter et de trouver un autre endroit pour déjeuner. Nous repasserons plus tard pour les desserts.

Thomas retrouve son café favoris Thomas retrouve son café favori

Nous voilà donc dans une rue piétonne derrière la cathédrale, atablés à la Tenampa, un restaurant mexicain. Le mérite principal de nos plats et d’amener un peu de variétés dans notre alimentation, mais cela n’a rien d’extraordinaire. Tant pis ! Nous nous rendons à la Canasta pour choisir notre dessert pour ce soir : une tartelette citron pour moi et des alfajores (sorte de macaron à la génoise) au Dulce de Leche pour Thomas.

Nous décidons de poursuivre par la visite du musée Santuarios Andinos pour voir la momie d’une princesse Inca retrouvée intacte en haut d’une montagne après 5 siècles de sommeil. Malheureusement pour nous, celle-ci est en cure de beauté aussi nous ne pouvons pas la voir. Le musée, construit autour de cette momie et des objets qui l’entouraient, perd donc la majeure partie de son intérêt : nous n’irons pas.

Un des hôtels Un des hôtels
Une des maisons bien conservéesUne des maisons bien conservées
Dans la villeDans la ville

A la place, nous nous rendons au monastère Santa Catalina, couvent dominicain fondé en 1579. Le site est immense et nous passons deux heures à déambuler d’une ruelle à l’autre en prenant le temps d’entrer dans chaque cellule. Nous hésitions à accepter une visite guidée mais il y a de nombreux panneaux explicatifs et nous constatons rapidement que les visites guidées sont expresses : nous voyons la même guide avec plusieurs groupes pendant notre balade !

Le site se compose d’un parloir,  d’une cours pour les novices, à l’écart de la vie du couvent, puis d’une succession de cellules.

Le parloirLe parloir
Reproduction d'une cellule de noviceReproduction d’une cellule de novice
La cours des novicesLa cours des novices

N’allez pas vous imaginer quelque chose de spartiate : chaque religieuse possédait sa chambre, meublée selon ses revenus, son cabinet d’aisance et une cuisine. On dénombra jusqu’à 170 religieuses et 300 esclaves africaines sur les lieux, au cours des 5 siècles d’activité du couvent. Aujourd’hui, il ne reste qu’une quinzaine de religieuses, dont la plus âgée à 100 ans. Le couvent vécut  donc relativement dans le luxe. Une des mères supérieures tenta de réinstaurer des règles plus strictes mais l’on tenta de l’assassiner à plusieurs reprises ! Certaines religieuses étaient néanmoins très ferventes et vécurent dans un grand dénuement. L’une d’entre elles, Ana de Los Angeles Monteagudo, fut reconnue bienheureuse par le Pape Jean-Paul II. 

Nous circulons donc dans cette ville au coeur de la ville, très bien entretenue et fleurie.

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La cours des orangesLa cours des orangers
Une des petites maisonsUne des petites maisons
Une autreUne autre
Une des cuisinesUne des cuisines
Une autre cuisineUne autre cuisine
Une des ruelles Une des ruelles
Une des cellules, bien équipéeUne des cellules, bien équipée
La salle de veillée funêbreLa salle de veillée funêbre
Une des nombreuses portes sculptéesUne des nombreuses portes sculptées
Une des salles de repos, à la mode orientaleUne des salles de repos, à la mode orientale
Une des ruelles Une des ruelles

Nous arrivons au lavoir puis à une grande fontaine, au pied d’un mirador d’où nous bénéficions d’une belle vue sur la ville et ses volcans. La visite s’achève par les cuisines communes, puis les bains communs où les religieuses se lavaient 7 fois par an.

Le lavoir du couventLe lavoir du couvent
Le jardin Le jardin
Une fontaine au cœur du monastèreUne fontaine au cœur du monastère
Depuis le toit du monastèreDepuis le toit du monastère
Vue sur le volcanVue sur le volcan
Le bain du monastèreLe bain du monastère
Système de filtrage de l'eauSystème de filtrage de l’eau

Suite à cette longue balade instructive, nous faisons un peu de sport en nous rendant à pied au mirador du quartier de Yanahuara. On y observe les 3 volcans qui encerclent la ville mais sinon, l’endroit n’offre que peu d’intérêt. Seule la façade de l’église en lave blanche et au fronton sculpté mérite qu’on s’y attarde.

Les arcades du mirador et le volcan en fondLes arcades du mirador et le volcan en fond
Au mirador de YanahuaraAu mirador de Yanahuara

Nous allons ensuite… faire du shopping ! Nous entrons dans un grand centre commercial, agencé par marque à la recherche d’une chemise blanche de remplacement pour Thomas. Après quelques essais et hésitations, nous repartons finalement les mains vides vers l’auberge.  

Comme nous prévoyons de prendre le bus le lendemain soir pour Cotahuasi, nous décidons de sortir en ville pour boire un verre et manger. Quelques restaurants sont dans le Routard et bien notés également sur TripAdvisor, mais lorsque nous regardons les prix, cela nous semble un peu cher (plats à 50 soles alors qu’on peut trouver des menus complets à 6). Nous commençons par tester des bières artisanales à Las Gringas puis nous allons manger un burger au Chelawasi, tenu par un couple americano-péruvien. Probablement pas le meilleur burger au monde, mais bien préparé et accompagné de frites de patates douces. Nous retournons boire une bière au quinoa afin de profiter de l’ambiance nocturne puis allons dormir.

Jour 2 : visite prolongée

Le petit-déjeuner pris, et complété par nos achats de la veille, Thomas commence sa journée par aller au terminal de bus, en collectivo (bus local) cette fois, pour acheter nos billets de bus vers Cotahuasi. Pendant ce temps, je trie nos nombreuses photos. Je reçois un message de Thomas : tous les bus du soir sont pleins ! Nous ne pourrons donc partir que le lendemain soir. C’est l’occasion de faire une lessive à la main en attendant son retour.

En ce dimanche de premier tour des élections, nous restons collés au PC jusqu’à 13h  (20h en France) dans l’attente des estimations puis décidons d’aller manger au marché pour découvrir un des plats typiques : le chicharron. Il s’agit d’un morceau de poitrine de porc cuit au four avec des pommes de terre et du maïs. C’est plutôt bon ! Nous en profitons pour faire quelques courses pour notre repas du soir.

Nous passons l’après-midi à l’auberge à rattraper notre retard sur le blog et faire de plus amples recherches sur le canyon de Cotahuasi. Nous en sortons vers 17h afin d’aller à la Terraza, le restaurant qui domine la place d’armes et la cathédrale. Nous y prenons juste un verre pour admirer le soleil couchant et les éclairages nocturnes. Cela vaut le coup !

La nuit tombeLa nuit tombe
Encore un peu plusEncore un peu plus

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Vue du solVue du sol
La place d'armes de nuitLa place d’armes de nuit

De retour à l’auberge, nous continuons à travailler sur le blog avant de préparer les produits du marché pour le dîner.

Jour 3 : dernière visite et bus

En cette dernière matinée, nous allons visiter l’église de La Compañía pour y admirer son immense retable en bois, du XVIIIe siècle et, surtout sa chapelle, dédiée à San Ignacio. Elle est entièrement peinte de couleurs vives. Les fresques représentent les fleurs et les oiseaux que les missionnaires voyaient dans la forêt. C’est assez impressionnant ! Nous voyons aussi un immense ostensoir en or, argent et multiples pierres précieuses. En laissant nos oreilles traîner, nous entendant les explications d’une guide privée : il s’agirait d’une petite partie du trésor des Jésuites, qu’ils auraient majoritairement caché lors de leur exil. Depuis le trésor reste introuvable…

Un des retables de l église de la CompaniaUn des retables de l église de la Compania

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Détails de la chapelleDétails de la chapelle
Le Christ entouré de deux symboles incas : le soleil et la luneLe Christ entouré de deux symboles incas : le soleil et la lune

Nous allons ensuite faire nos emplettes au marché et à la Canasta pour les prochains jours : pain, fromage et fruits. Au passage, nous craquons sur l’un des nombreux stands de jus de fruits du marché. Pour déjeuner, nous allons dans un restaurant chinois, le Mandarin. Les plats manquent de finesse mais au moins nous pouvons manger autre chose que du riz aux frites. Pour digérer, nous nous promenons dans les ruelles de la ville et passons par un marché artisanal où nous faisons quelques emplettes

Il est ensuite l’heure de retourner à l’auberge où nous discutons avec un couple de français en buvant une dernière tisane avant le bus de 19h qui nous mènera à Cotahuasi, un canyon moins connu que celui de Colca mais plus profond.

En voiture ! Nous reviendrons à Arequipa dans quelques jours pour récupérer nos gros sacs et nous rendre à Cuzco.

Le lac Titicaca côté Pérou : Puno, Amantani, Llachon

Le lac Titicaca côté Pérou : Puno, Amantani, Llachon

Du 17 au 21 avril

Il est 16h passée lorsque notre bus arrive au terminal de Puno. A peine le pied posé dans le terminal, nous nous faisons aborder par une rabatteuse qui veut nous vendre le tour classique de deux jours sur les îles du lac. Nous esquivons et rejoignons un petit hôtel recommandé par le routard, où nous croisons donc uniquement des français. Nos sacs posés, nous ressortons aux dernières lueurs du jour : avec le décalage d’une heure en passant au Pérou, le soleil se couche ici à 17h30 et il fait nuit à 18h !

Nous nous rendons à l’office de tourisme pour glaner quelques informations sur les îles puis, après un passage rapide dans la rue piétonne, nous rentrons sous une pluie battante pour passer la fin d’après-midi à lire des articles de blogs et autres guides en ligne sur le Pérou.

Nous profitons d’une accalmie pour sortir manger, dans la rue piétonne où tous les restaurants proposent des menus « touristiques » (au moins, ils ne s’en cachent pas) pour une vingtaine de soles (6 €). Nous verrons le lendemain que quelques rues plus loin, des petits restaurants proposent les mêmes menus pour 5 ou 6 soles…

De retour à l’hôtel, nous continuons nos recherches avant de sombrer d’un sommeil profond sous une quadruple épaisseur de couverture, il fait froid la nuit à 3800 mètres !

Jour 1 : visite de la ville

Nous traînons au lit jusqu’à 10 h avant de changer de chambre, la notre étant réservée pour le soir.

Nous commençons notre tour de la ville par un passage sur le port : notre décision est prise, nous voulons visiter la presqu’île de Capachica puis l’île d’Amantani et nous allons donc voir si nous pouvons trouver une embarcation qui nous déposera sur la presqu’île, en chemin vers les îles.

Une embarcation un peu petite pour la traverséeUne embarcation un peu petite pour la traversée

Sur le port, il y a trois guérites, appartenant à différentes associations de marins, une pour chaque île :

  • Les îles Uros, îles flottantes construites sur des roseaux. Les visites durent environ trois heures.
  • L’île de Taquile, une des deux grandes îles du lac côté péruvien, à 2h30 environ de Puno. La visite proposée se fait à la journée.
  • L’île d’Amantani, à 3h de Puno. Les marins proposent le même tour que les agences, sur deux jours : départ vers 8h, arrêt d’une heure aux îles Uros puis navigation vers Amantani où l’on est pris en charge par une famille jusqu’au lendemain matin. Le deuxième jour classique est un retour vers Puno avec un arrêt à Taquile de quelques heures.

Comme nous voulons aller à Amantani, c’est vers cette dernière guérite que nous nous dirigeons. Nous discutons avec Néné, capitaine de l’embarcation qui part le lendemain, qui nous explique qu’il est plus facile pour nous de commencer par la nuit sur l’île d’Amantani et, au lieu de rentrer par Taquile, de prendre un bateau taxi collectif depuis Amantani jusqu’à la presqu’île de Capachica le jour suivant. Comme les bateaux collectifs partant d’Amantani sont gérés par la même association, il nous propose pour le même prix de prendre ce transport le surlendemain. Nous acceptons et donnons donc rendez-vous à Néné le lendemain à 8h.

La faim se faisant sentir, nous nous rendons au marché dans l’espoir d’y trouver de quoi manger. Nous craquons un peu devant tous ces étals et achetons pain, fromage, olives, œufs, pommes et oignon pour nous faire à manger à l’hôtel.

Le bon coin version analogiqueLe bon coin version analogique

Nous retournons ensuite en ville pour nous balader. Nous commençons l’après-midi par la place d’armes, un incontournable des villes péruviennes. Nous traversons la cathédrale avant de grimper à la colline Huajsapata. Essoufflés, nous contemplons quelques instants la vue avant de redescendre en quête d’une carte SIM. Et oui, la visite de la ville aura été rapide : ce n’est pas la ville la plus excitante de notre périple mais nous la trouvons néanmoins plus agréable que les quelques villes boliviennes traversées.

Parque PinoParque Pino
La cathédrale de PunoLa cathédrale de Puno
A l'intérieur de la cathédrale de PunoA l’intérieur de la cathédrale de Puno
Détail de la façadeDétail de la façade
La Casa del CorregidorLa Casa del Corregidor
En surplomb de PunoEn surplomb de Puno
Une statue de Manco Capac, premier empereur incaUne statue de Manco Capac, premier empereur inca

Après un deuxième passage au marché pour préparer nos quelques jours d’excursion, nous terminons l’après-midi à l’hôtel avant de sortir manger une pizza,au restaurant El Buho, dont je rêvais depuis quelques jours. Les pizzas sont bonnes et la pâte fine : une bonne adresse.

Jour 2 : îles Uros et Amantani

Nous quittons l’hôtel peu avant 8h après y avoir laissé une partie de nos affaires pour embarquer sur le Royal Caribbean, le bateau de Néné. Nous apprendrons plus tard que l’association des marins d’Amantani compte une quarantaine de bateaux et qu’un système de roulement leur permet à tous de proposer le tour de deux jours environ une fois par mois.

Dans les marais de totoraDans les marais de totora

Nous naviguons dans un marais jusqu’au îles flottantes, premier arrêt de la journée. A notre arrivée, nous voyons de part et d’autre du bateau des îles en roseaux séchés sur lesquelles des groupes d’individus nous font des grands signes. Nous comprenons qu’ils essayent d’attirer l’attention du capitaine pour que celui-ci accoste sur leur île.

Point de péage à l'arrivée sur les îles UrosPoint de péage à l’arrivée sur les îles Uros
Arrivée sur les îles UrosArrivée sur les îles Uros

Nous approchons l’une d’entre elles et sommes accueillis en aymara, la langue des indiens au sud du lac (celle parlée sur la isla del sol).

Débarquement sur l'îleDébarquement sur l’île
De la viande qui sècheDe la viande qui sèche

Nous nous rassemblons autour du « président » qui nous explique d’abord comment sont construites les îles. Tous les ans, les habitants vont couper des mottes de terres flottantes qui sont ensuite arrimées entre elles et ancrées au fond du lac. Sur ces piliers sont déposés des couches de totoras séchées, le roseau local. Les couches doivent être renouvelées tous les dix jours car les couches inférieures s’imbibent d’eau au fur et à mesure. Il nous explique ensuite la vie sur l’île, dans des petites cabanes non chauffées. Des panneaux solaires leur permettent d’avoir un peu d’électricité. Nous avons le droit à une visite d’une des habitation suivie d’un passage par une exposition des fabrications des habitants : bonnets, écharpes, bibelots…

Petit cours de géo par le "chef" de l'îlePetit cours de géo par le « chef » de l’île
Thomas écoute attentivementThomas écoute attentivement
Comment construire son île flottanteComment construire son île flottante
L'île une fois construiteL’île une fois construite

Avant de partir, nous sommes de nouveau rassemblés pour une session « chorale » où toute la communauté nous chante d’abord un chant en aymara puis en quechua (l’autre langue des indiens du Pérou, parlée sur Amantani et Taquile notamment), en espagnol, en anglais et une interprétation phonétique de « alouette, gentille alouette ». Après ce spectacle un poil trop touristique pour nous, nous sommes invités à monter dans une embarcation à la frontière entre le drakkar en totora et le pédalo en forme de canard. Nous refusons poliment et rejoignons le Royal Caribbean en attendant que certains du groupe terminent leur tour « typique ».

Une embarcation "typique"Une embarcation « typique »

Cette visite des îles flottantes nous laisse un peu dubitative : la mise en scène donne un peu l’impression d’un parc d’attraction pour touristes et nous avons du mal à croire que l’île visitée est effectivement habitée toute l’année. En discutant avec d’autres touristes du bateau, cette impression est partagée.

Peu importe, nous voguons maintenant en direction d’Amantani, sous un grand soleil. Nous passons devant la péninsule de Capachica et laissons l’île de Taquile à tribord avant d’accoster aux alentours de 13h30 sur Amantani.

Passage devant la presqu'île de CapachicaPassage devant la presqu’île de Capachica
Amantani se profileAmantani se profile
Arrivée sur l'îleArrivée sur l’île
Bateaux au mouillageBateaux au mouillage

Néné, notre capitaine, nous répartit dans nos familles d’accueil sous l’oeil bienveillant d’une représentante du village. Ici, comme pour les bateaux, les familles tournent pour accueillir des touristes chacune leur tour, afin qu’aucune ne soit lésée. Nous nous voyons donc attribués à la señora Libia. Nous serons sept à dormir chez elle : deux couples de français (dont nous), un couple québécois et une singapourienne. Nous nous rendons à la queue leu leu jusqu’à la maison où nous logeons, Libia nous montre nos chambres (nous avons le droit à deux lits 1,5 places) et nous annonce que nous pouvons nous reposer quelques minutes avant le déjeuner.

A la queue leu leu A la queue leu leu
Dans la bergerie sous notre chambreDans la bergerie sous notre chambre

Nous sommes un peu déçus d’être tomber dans un groupe aussi grand et ne comprenons pas tout de suite pourquoi d’autres familles n’ont eu le droit qu’à deux ou trois invités. Peut-être est-ce une question de place. Ou peut-être est-ce aussi dû au fait que le mari de notre hôte n’est autre que… Néné ! Et oui, alors que nous nous attablons, nous comprenons que nous sommes dans sa famille car il vient aider sa femme en faisant le service à table. Nous avons le droit à une soupe de maïs en entrée, suivie d’une assiette de pommes de terre, habas (une sorte de fève, servie avec la cosse, de la famille vicia faba) et d’une tranche de fromage frit à la poêle. Nous n’aurons même pas la chance de manger avec nos hôtes.

Vue depuis la chambreVue depuis la chambre

Après le repas, Libia propose de nous accompagner jusqu’au sommet de l’île pour une balade. Nous partons donc tous ensemble, Irène et moi en tête à poser des questions sur la vie de la communauté Lampayuni, l’une des dix communautés de l’île. Nous apprenons ainsi que cette communauté compte 80 familles et l’île près de 3000 habitants. Il y a écoles et collège publiques sur l’île, permettant aux enfants d’être scolarisés gratuitement jusqu’à leurs 17 ans. Après, les places à l’université publique et gratuite sont chères (1000 places à Puno pour 10 000 postulants) et même en cas d’acceptation, il est compliqué pour les îliens d’étudier sur terre car cela engendre des coûts (location d’appartement, nourriture…) auxquels ils ne peuvent pas tous subvenir.

Après une quinzaine de minutes de marche, nous arrivons sur la place d’armes de la communauté et Libia s’arrête là pour finalement nous donner les indications pour continuer seuls.

Sur la place de la communautéSur la place de la communauté

Nous traînons sur la place d’armes avant de repartir vers les sommets. En effet, l’île d’Amantani comporte deux sommets : le Pachatata à 4085 mètres et le Pachamama à 4120 mètres au dessus du niveau de la mer. Nous suivons le sentier jusqu’à la bifurcation et décidons de commencer par le plus haut, car un groupe de touristes squatte le sentier vers Pachatata.

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Ascencion sur AmantaniAscencion sur Amantani
Un chemin pavéUn chemin pavé
Pachatata vu depuis PachamamaPachatata vu depuis Pachamama

Nous arrivons au sommet, seuls, mises à part deux locales qui préparent leur stand en étalant leur artisanat au sol. Il n’y a vraiment personne au sommet, nous nous posons quelques instants pour profiter de la vue et reprendre notre souffle : même si nous ne souffrons plus du sorroche, le mal des montagnes, l’oxygène est plus rare à cette altitude ! Nous faisons le tour de la colline, nous longeons différentes cultures en terrasse dont du blé. Nous apprendrons plus tard que les habitants pratiquent la culture en jachère sur quatre années (une année maïs, une blé, une pomme de terre et une de repos). La majorité des cultures de l’île (pour ne pas dire la totalité) sert à nourrir ses habitants qui ne vendent plus rien au marché. C’était le cas auparavant mais les générations adultes actuelles représentant souvent des fratries importantes, les parcelles ont été divisées en de multiples petits lopins juste assez grands pour nourrir leurs propriétaires.

Une des arches de pierre de l'îleUne des arches de pierre de l’île
Vue plongeanteVue plongeante
Silence, ça pousse !Silence, ça pousse !

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Après avoir profité de la quiétude de ce sommet voué au culte de la terre nourricière (la déesse Pachamama), nous décidons de monter sur le Pachatata. En chemin, nous sommes d’abord étonnés de voir plusieurs stands d’artisanat qui n’étaient pas là à l’aller. Notre étonnement est de courte durée car nous commençons à croiser des groupes de touristes qui grimpent au sommet avant de nous trouver confronter à une horde de touristes au sommet du Pachatata. Les agences ont débarqué ! Les bateaux affrétés par les agences de Puno, qui offrent exactement le même tour pour exactement le même prix (voire plus cher), sont partis 30 minutes après nous et nous voilà rattrapés par tout ce petit monde. Nous faisons rapidement le tour du sommet et fuyons la foule en redescendant par un autre côté,vers notre communauté d’où nous observons le soleil se coucher derrière la presqu’île de Capachica.

Une petite vendeuse d'artisanatUne petite vendeuse d’artisanat
Coucher de soleil sur la presqu'îleCoucher de soleil sur la presqu’île

Nous rentrons vite avant que la nuit tombe et attendons l’heure du dîner en discutant avec nos compagnons. Pour le dîner, Néné se joint à nous ainsi que sa fille (et Libia après avoir terminé de préparer le repas). Nous avons le droit à une soupe d’orge (avec patates et autres légumes également) suivie de spaghettis accompagnées d’une sauce à la tomate.

Néné s’avère très bavard, il nous explique entre autre le système de jachère de l’île et nous comprenons au fil de la discussion que la vie n’est pas facile pour eux. Ils se nourrissent uniquement de ce qu’ils produisent et économisent pour donner une chance à leur fille unique d’étudier plus tard. C’est d’ailleurs pour mettre toutes les chances de leur côté qu’ils n’ont qu’un enfant. La discussion portera également sur les croyances de l’île et les cultes à la terre encore pratiqués par la population quechua qui l’habite. Nous apprendrons ainsi qu’il ne faut pas aider un homme frappé par la foudre mais attendre que la foudre le frappe une deuxième fois pour le ranimer puis une troisième fois pour lui donner son pouvoir : c’est ainsi que l’on devient chaman !

Avant d’aller nous coucher, nous redescendons offrir à nos hôtes quelques bananes achetées la veille au marché. Il n’y a pas beaucoup de fruits sur l’île et ceux-ci sont une denrée rare dans les familles. Nous comprenons aux sourires de nos hôtes que ce petit cadeau, pour nous, fera des heureux.

Jour 3 : la presqu’île de Capachica

Nous nous réveillons tranquillement vers 7h pour le petit-déjeuner. Nous avons le droit à des pancakes ! Ceux-ci engloutis, nous nous mettons en route vers le bord du lac, et suivons notre hôte qui doit nous indiquer quel bateau prendre pour rejoindre la péninsule. Nous quittons nos compagnons d’un jour, qui eux se dirigent vers le bateau de Néné pour rejoindre l’île de Taquile,  et embarquons sur le bateau taxi collectif.

Une heure plus tard, vers 9h, nous voilà débarqués sur la plage de Chifron. Nous avons le choix entre prendre un taxi pour 2 km jusqu’au village de Capachica ou de marcher. Il y a peu de taxis et pas mal de gens qui sont descendus du bateau. Comme nous avons le temps, nous décidons de marcher et de laisser nos places de taxis à ceux qui en ont besoin.

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Sur la route de CapachicaSur la route de Capachica

Nous atteignons assez vite le village où nous faisons quelques courses pour le pique-nique avant de sauter dans un collectivo à destination de Llachon, un petit village à 14 km de là, perdu au bout de la presqu’île. Heureusement, grâce à nous le bus est rempli et peut donc partir (généralement, les collectivos ne partent que lorsqu’il y a assez de monde, sauf pour ceux à horaires fixes).

Un beau chapeau dans le collectivoConcours de chapeaux dans le collectivo

Arrivés à Llachon, au terminus, nous sommes les seuls restants dans le bus. Nous descendons et commençons à marcher vers le bout de la presqu’île où nous savons qu’il y a une auberge, « la casa de Felix », qui accueille les touristes. Nous sommes tout de suite rattrapés par un local, Yogi, qui nous demande si nous cherchons un logement. Nous lui répondons par l’affirmative et il nous propose de nous amener chez lui, il tient une auberge communautaire avec sa famille. Nous discutons en chemin (enfin, je discute tout seul, Yogi est timide et répond aux questions succinctement) avant d’arriver dans la petite cours fleurie de l’auberge. La chambre nous convient, même si le confort est spartiate : les matelas sont posés sur des blocs en béton en guise de sommier et l’eau courante absente dans les WC (il faut remplir un saut pour tirer la chasse d’eau). Elle a le mérite d’être peu chère : 45 soles par personne, dîner et petit-déjeuner inclus.

La salle à mangerLes autres chambres
L'entrée de notre chambreL’entrée de notre chambre

Nous nous installons et faisons connaissance avec la femme de Yogi (dont nous n’avons pas saisi le nom) et le père de sa femme, Pedro, qui a donné son nom à l’auberge : la casa de Pedro et Anilton (Anilton est le fils de Pedro, nous ne le verrons pas). Ils sont tous les trois très timides et on sent qu’ils n’ont pas l’habitude de recevoir des touristes. Nous décidons d’aller nous balader en bord de lac, avec notre pique-nique et marchons donc une trentaine de minutes, de plages en plages, jusqu’à une plage qui nous semble plus sympa que les autres, où les cochons vivaient à quelques mètres du rivage. Nous y pique-niquons et profitons du calme du lieu : il n’y a personne, seuls quelques bateaux passent au loin.

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Nous remontons ensuite vers l’intérieur de la presqu’île, passant par hasard devant la casa de Felix où nous voyons deux / trois touristes sur la terrasse. Nous sommes content d’avoir trouvé un endroit moins fréquenté. Nous continuons jusqu’au bout de la presqu’île et grimpons une petite heure sur la dernière colline (4030 mètres d’altitude) d’où nous observons les deux îles du lac, Taquile et Amantani. Toujours personne à l’horizon !

Une petite maison sur la presqu'pileUne petite maison sur la presqu’île
Thomas au sommetThomas au sommet

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Nous terminons la journée tranquillement en grimpant au sommet de la presqu’île, le cerro Carus (4150 mètres), d’où nous pouvons apprécier la vue à 360° sur la région. Nous y restons jusqu’au coucher du soleil, à l’abri du vent, quel calme ! Il nous faut néanmoins redescendre assez rapidement : il est 17h30 et il fait nuit dès 18h. Nous crapahutons donc sur les trois kilomètres jusqu’à notre auberge que nous trouvons grâce à la lampe frontale. Bilan de la journée : nous avons croisé quelques locaux qui rentraient avec leurs bêtes sur les chemins et aperçu de loin quelques autres affairés aux travaux des champs.

Allez, avance !Allez, avance !

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Un panneau inconnu au code de la routeUn panneau inconnu au code de la route

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Sur les coups de 19h, notre hôte vient frapper à la porte pour le dîner. Il n’y a que deux couverts dans la salle à manger, nous apercevons les enfants de la maison attablés dans la cuisine adjacentes : nous mangerons donc seuls ce soir. Au menu, soupe en entrée suivie d’un plat de riz, patates, fromage frit. Au cours du repas nous aurons le droit au défilé des membres de la famille qui passent par la salle à manger pour rejoindre la cuisine et viennent nous saluer. Seul Gabriel, le beau-frère de nos hôtes (le mari de la sœur de la femme de Yogi), vient s’installer à notre table alors que nous terminons de manger. Nous entamons la discussion et comprenons qu’il en profite pour améliorer son espagnol. En effet, ici, comme sur les îles, tout le monde parle Quechua et Gabriel vient de Taquile où sa génération n’a pas appris l’espagnol étant enfant. Il nous explique tous les liens de famille entre les personnes rencontrées. Lui et sa femme ont eu maison un peu plus loin mais vivent temporairement ici car sa femme, malade, préfère être avec sa soeur la journée d’autant qu’ils ont un bébé de quelques mois. Il y a donc au moins six adultes et cinq enfants qui vivent ici. Ça fait du monde dans la cuisine alors que nous sommes seuls sur une grande table ! Je discute un peu de Taquile avec Gabriel, que j’ai visitée il y a six ans, et nous nous rendons compte qu’il connaît mon hôte de l’époque, Celso. Le monde est toujours aussi petit…

Contents d’avoir quand même pu partager un peu avec un membre de la famille, nous prenons congé alors qu’il est le seul encore debout. Il doit être 20h et tout le reste de la famille nous a déjà souhaité la bonne nuit en passant.

Jour 4 : retour à la civilisation

Au petit-déjeuner, pancakes et beignets ! Nous sommes gâtés.

Petit-déjeuner royal !Petit-déjeuner royal !

Avant de partir, le femme de Yogi étale son artisanat dans la cours : elle tisse de jolies écharpes que nous trouvons un peu chères et nous rabattons sur un porte-clé souvenir. Nous prenons congé et marchons jusqu’au centre de Llachon d’où part le collectivo. En chemin, nous croisons beaucoup plus de monde que la veille : enfants qui se rendent à l’école, locaux qui vont au champ avec leurs ânes, vaches ou moutons…

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La place de LlachonLa place de Llachon

Le collectivo est là, vide, sur la place du village. Nous partons après une bonne demi-heure d’attente en direction de Capachica où nous prenons un deuxième collectivo direction Puno, que nous rejoignons en un peu plus d’une heure.

Toujours des chapeaux dans le collectivoToujours des chapeaux dans le collectivo

Nous avons décidé la veille, en discutant en haut de la colline, de changer notre plan initial (aller à Cusco) pour faire un crochet vers le sud du Pérou direction Arequipa. Nous passons donc prendre nos affaires laissées à l’hôtel puis avalons un menu à cinq soles dans un restaurant local avant de filer au terminal où nous trouvons un bus pour Arequipa (il en part régulièrement) pour vingt soles avec Alas del Sur.

Le bus partira avec quarante minutes de retard, la compagnie étant en train de vendre des billets jusqu’au bout. C’est probablement ce qui arrive quand on choisit une compagnie moins chère.

Après six heures d’une route mouvementée, le chauffeur étant très brusque limite dangereux, nous arrivons enfin à Arequipa où nous prenons un taxi officiel (il y a beaucoup de faux taxis ici) jusqu’à l’auberge pour un repos bien mérité.