Le Fiordland : à la recherche du rayon de soleil
Résumé de l’épisode précédent : ce samedi matin, Irène et Thomas sont en route vers Te Anau, mais la jauge d’essence de leur van se rapproche dangereusement du zéro et il leur reste quelques kilomètres à parcourir jusqu’à Manapouri. Vont-ils y arriver ?
A la recherche de la goutte d’essence
Et bien contre toute attente, et malgré les soubresauts de l’aiguille de la jauge pour qui le réservoir ne doit pas être rempli de manière linéaire, l’essence semble en effet diminuer plus rapidement entre ¾ et ¼ du plein alors que pour ces derniers 30 kms, elle bouge beaucoup moins vite et nous arrivons à Manapouri avec de l’essence.
Cette ville, dont les gens fans d’heroic fantasy apprécieront le nom, située à une vingtaine de kilomètres de Te Anau, possède la première station essence lorsque l’on arrive du sud. En fait, il n’y a qu’une pompe, attachée à un lecteur de carte de crédit, qui ne fonctionne qu’avec notre carte Fortunéo et pas nos cartes de banques « nouvelle génération » (N26 et Revolut) qui sont considérées comme des cartes de débit. Il faudra donc s’acquitter des frais de conversion mais c’est le prix de la bêtise !
Nous mettons une vingtaine de litres dans le réservoir et repartons vers Te Anau, la ville étape incontournable pour tous ceux qui visitent le Fjordland. Nous nous arrêtons à l’office de tourisme pour obtenir des informations sur les randonnées faisables aux alentours en prévision du lendemain. On nous déconseille de tenter la plupart des randos qui nécessitent de monter, car la visibilité est très mauvaise. De toute façon, aujourd’hui samedi, nous avons un objectif : embarquer sur le ferry qui fait le tour du Milford Sound, le « fjord » le plus connu de Nouvelle-Zélande. Notre ferry est à 16h30 et malgré nos aventures de la matinée, il n’est que midi. Nous avons 4 heures pour parcourir les 120 km qui nous séparent de l’embarcadère.
Milford Sound
C’est parti donc, nous prenons la route qui, suivie non-stop, prend environ deux heures et demie. Nous faisons quelques arrêts photos, le temps est correct, nuageux sur les hauteurs mais quelques rayons de soleil viennent éclairer notre arrêt devant Mirror Lake ou notre déjeuner au milieu d’un champ de lupins.
Nous atteignons le point de départ de quelques randonnées, au lieu dit « the divide » et là, à peine sommes-nous passé d’une vallée à l’autre que la météo se dégrade soudainement : une pluie continue, parfois torrentielle s’abat sur nous, les nuages sont très bas et on ne voit clairement plus le sommet des montagnes. Sur les quarante kilomètres restants nous perdons foi en une amélioration possible et nous préparons psychologiquement à une sortie ferry sous la pluie.
Les montagnes dégoulinent d’eau autour de nous, c’est très impressionnant car de nombreuses cascades se sont formées et, de part et d’autre de la route, ces rubans d’eau strient les flancs des montagnes.
Vue l’heure, nous sommes quasi seuls dans ce sens de circulation : tous les cars de touristes ont déjà terminé leur tour et nous les croisons qui rentrent vers Te Anau. Nous sommes en tête de file pour la descente dans le tunnel qui marque le dernier changement de vallée (un feu contrôle l’alternance des flux).
Nous profitons d’une accalmie pour marcher rapidement (il pleuviote) vers « The Chasm », un trou gigantesque où s’engouffrent des trombes d’eau puis arrivons enfin sur le parking de l’embarcadère.
A 16h30, c’est l’heure. Nous sommes dix sur le bateau, prévu pour 75 personnes en temps normal. Nous entamons alors un tour du fjord qui durera deux heures. Autant vous dire que la visibilité ne s’est pas améliorée, les nuages masquent les sommets et on ne distingue pas le bout du fjord, cela donne un effet un peu mystérieux à notre tour. Mais nous sommes un peu déçus de ne rien voir…
On apprendra néanmoins que cette zone est l’une des plus pluvieuses de Nouvelle-Zélande avec, en 2016, 10 000 mm d’eau tombés sur l’année. Il y pleut en moyenne deux jours sur trois. Le point positif est que la pluie nous aura permis de voir toutes ces petites cascades qui se tarissent en quelques heures dès que la pluie s’arrête : il n’y a que 3 cascades permanentes dans le Milford Sound ! Difficile à croire…
En retournant à la voiture, nous tombons sur des oiseaux étranges. Nous pensons qu’il s’agit de kiwi mais nous apprendrons plus tard que ce sont des wekas, oiseaux également incapables de voler.
Mais il se fait tard, il pleut toujours, nous roulons jusqu’au premier camping, Cascade Creek, à 40 km, où nous avons même le droit à un bel arc-en-ciel avant de nous endormir en rêvant de soleil.
Le long de la rivière Anduin
En ce deuxième jour dans le Fiordland, pas de changement, la météo ne s’est pas améliorée et alterne entre averses et ciel couvert. Toutes les randonnées de cette partie du parc étant sans intérêt vues les conditions, nous décidons de repartir vers le sud pour faire un morceau du Kepler Track, l’un 9 Great Walks néo-zélandais, les sentiers les plus populaires du pays. Avec le Routeburn Track (sous les nuages) et le Milford Track (considérée comme la plus belle rando du monde et dont le quota est rempli un an à l’avance), ils composent les 3 Great Walks du Fjordland.
Nous arrivons au départ de la randonnée vers midi, et partons pour un aller-retour de 3h30 le long de la rivière Waiau, où certaines scènes du Seigneur des Anneaux ont été tournées (il s’agit de la rivière Anduin dans le film), puis dans la forêt jusqu’au lac Manapouri. Une petite virée agréable, où la cime des arbres nous aura fait oublier les nuages au dessus de nos têtes.
Vue la météo, nous décidons de ne pas nous attarder dans la région malgré les nombreuses possibilités de randonnée et filons jusqu’à Lumsden pour la nuit.
En espérant qu’il fera beau dans le Central Otago !