L’Overland track : 120 km de rando en 7 jours, un vrai défi !
Voilà une semaine que nous avons fini cette sacrée randonnée de 7 jours à travers les montagnes tasmaniennes ! Nous en sommes fiers mais bien sûr, il y a eu quelques moments un peu plus durs. Retours sur nos péripéties.
Jour 1 : début de la randonnée et ascension de Cradle Mountain (6 h de rando pour 12,7 km)
La navette réservée par Thomas vient nous chercher devant notre auberge à 8h précise en ce dimanche matin ensoleillé. Nous avons regardé la météo avant de partir, les prochains jours s’annoncent cléments.
La navette fait le tour de Launceston pour récupérer les vaillants marcheurs dont quelques-uns seront nos précieux compagnons pour la suite des aventures. Après une heure de route, nous faisons un bref arrêt dans le village de Sheffield, où nous découvrons quelques dizaines de fresques illustrant tantôt la vie au début du siècle tantôt la nature avoisinante. Nous nous surprenons à rêver de hamac alors que nous avons bien conscience que les prochains jours ne seront probablement pas de tout repos !
Nous reprenons la route et le chauffeur nous dépose au sein du parc. Nous récupérons les pass pour le parc (valables pour deux mois dans l’ensemble des parcs tasmaniens), envoyons notre dernier message électronique avant de couper les communications pour une semaine, et embarquons dans une deuxième navette. Quelques minutes plus tard, ça y est… nous sommes au point de départ de cette fameuse randonnée tant attendue ! Une petite photo de nous encore frais, souriants et motivés et hop !
Les premiers pas sont aisés : nous apercevons un wombat (rongeur au format d’un petit ourson), les montagnes se dessinent au loin et nous poussent à avancer sur des « boardwalks » bien construits. Les sacs pèsent néanmoins sur nos épaules et nous ne regrettons pas nos investissements qui répartissent leur poids (autour de 18 kg) de manière homogène sur nos hanches. Notre premier arrêt, après une heure de marche sera au bord de Crater Lake, où nous pique-niquons (couscous et œufs durs). Puis 30 minutes plus tard, nous atteignons le Marion’s Lookout après la pente la plus raide du parcours.
Après quelques photos, nous repartons et 30 minutes plus loin, faisons halte au pied de Cradle Mountain, une montagne au relief très découpé, première étape complémentaire de la randonnée.
En effet, le tracé de l’Overland Track comprend 78 km et propose un certain nombre de randonnées complémentaires (side trips) permettant de grimper au sommet des monts bordants le chemin ou de découvrir des curiosités du paysage (chutes d’eau…).
L’ascension est intense, heureusement que nous avons laissé les gros sacs en bas, car nous devons régulièrement utiliser nos mains pour escalader les rochers qui nous mènent au sommet. Une vue incroyable s’offre à nous, avec quelques parcelles de neige tombée quelques jours plus tôt ! Une bien belle récompense. Nous redescendons récupérer nos sacs et dégustons nos premières barres céréalières. L’escapade a duré 2h.
Nous reprenons la route pour deux heures jusqu’au premier refuge à Waterfall Valley. Sur la route, nous apercevons Barn Bluff, un autre sommet qui fait l’objet d’un side trip mais il est trop tard (et nuageux) pour qu’on le tente aujourd’hui. Ce n’est que partie remise.
J’ai le plaisir d’y photographier quelques animaux dont une femelle wallaby et son petit.
Au moment de préparer le dîner, nous constatons qu’en fait notre réchaud n’est pas compatible avec les bonbonnes de gaz achetées à Launceston ! Le drame ! Un groupe de 3 australiens très sympas a eu la gentillesse de nous en prêter un. Cela nous fait un point d’accroche et nous discuterons régulièrement avec eux autour de leur réchaud dans les prochains jours ! L’histoire du réchaud ne s’arrête pas là…. elle continue dans le prochain article sur notre virée tasmanienne, d’ici là, je garde le suspens.
Jour 2 : de Waterfall Valley à Windermere (6h de rando pour 17,8 km)
Après une première nuit fraîche, nous retournons sur nos pas, sans nos gros sacs à dos que nous laissons au refuge, pour s’attaquer à Barn Bluff, quatrième plus haut sommet de Tasmanie. Difficile néanmoins de garder le sourire (en tout cas pour moi qui suis un peu fatiguée, courbaturée et qui se demande comment survivre aux 6 jours restants). Heureusement, peut-être, les nuages entourent le sommet de Barn Bluff. Aussi, par prudence, nous nous arrêtons au pied de la dernière session de grimpe qui promettait d’être encore plus ardue que l’escalade de Cradle Mountain ! Cette première étape nous prend 3h.
Nous retournons manger au refuge, plions la tente et cherchons la motivation pour remettre nos sacs sur le dos. C’est à ce moment qu’un ranger vient à notre rencontre, nous accordant 5 minutes de répit, le temps de se présenter pour un pointage en bonne et due forme : tout au long du track il est demandé aux randonneurs de noter dans chaque hutte leurs objectifs (hutte suivante, side trips prévus) pour la journée suivante et des rangers font régulièrement la randonnée à contresens afin de vérifier que personne ne manque à l’appel.
Nous repartons et après une heure de marche sur terrain relativement plat, nous atteignons la jonction pour une autre rando complémentaire menant au lac Will, à 30 minutes de marche. Nous laissons nos gros sacs et y allons. Nous découvrons sous les nuages le lac entouré de fleurs aux tonalités orangées et Barn Bluff qui se découpe au loin.
De nouveau 30 minutes de marche pour rejoindre le chemin principal, puis direction le deuxième refuge, à Windermere, que nous atteignons en 1h. Nous avons la satisfaction de conserver un bon rythme de marche malgré la charge. Ainsi, le trajet Waterfall Valley-Windermere estimé à 2h30 / 3h30 de marche ne nous en a pris que deux. Il faut bien reconnaître que la météo favorable aide aussi.
En route vers Windermere Hut
Nous plantons la tente sur une plateforme en bois aménagée et dînons dans le refuge, à l’abri du vent et le réchaud fonctionnel de nos amis australiens nous servira encore une fois. Nous nous couchons tôt pour affronter la journée du lendemain où 16,8 km nous attendent, planifiés en 5-7h d’après notre documentation. Cette étape crée l’émoi et constitue, lors du repas, l’objet de nombreuses discussions parmi les randonneurs : il s’agit pour beaucoup de la plus longue journée.
Comme nous avons eu froid la nuit précédente, nous nous couvrons davantage. Me voici donc avec un collant en polaire + des grosses chaussettes en laine + t-shirt + polaire + mon pull entre le drap de soie et mon duvet + ma doudoune au dessus ! Thomas n’est pas en reste et enfile également legging, chaussettes, pull et dépose sa doudoune sur son duvet. Deux chrysalides prêtent pour la nuit !
Jour 3 : de Windermere à Pelion (4h30 de rando pour 16,8 km)
Nous émergeons vers 8h grâce au soleil qui réchauffe la tente, après une nuit de 10h au moins, probablement la plus froide de notre semaine. La tente rangée, le petit déjeuner avalé, sans boisson chaude car nous n’avons pas de réchaud, nous démarrons la journée !
Le chemin s’avère finalement assez aisé, relativement plat, un peu de boue et des racines, mais pas de difficulté majeure. Nous pique-niquons (du couscous) comme presque tous les randonneurs auprès d’une rivière et arrivons au refuge de Pelion au bout de 4h30, vers 15h. Le nouveau refuge est immense (36 lits) mais nous préférons monter la tente dans les sous-bois pour être plus au calme.
Pour nous dégourdir les jambes, Thomas et moi décidons de faire la balade jusqu’au vieux refuge (Old Pelion Hut), construit en 1916 et bien plus sommaire que le nouveau ! Cette balade n’a rien d’exceptionnel. Nous mangeons au refuge et profitons de la vue sur les montagnes alentours, notamment le mont Oakleigh, avant de nous équiper pour la nuit.
Jour 4 : de Pelion à Kia Ora (4h de rando pour 13,8 km)
Réveil à 8h. Nous plions la tente et là, mauvaise surprise pour moi : je vois deux sangsues sur mon gros sac à dos. Nous quittons la pinède pour continuer à ranger nos affaires loin de ces bestioles un peu collantes, mais j’en découvre une sur ma manche et je sens quelque chose de gluant sur ma jambe… j’ai heureusement le temps d’enlever la sangsue avant qu’elle ne morde ! La mésaventure s’arrête ici pour moi.
Nos voisins, quant à eux, ont subi les attaques nocturnes des Black Possum, assez agiles pour déchirer les tentes et ouvrir les fermetures éclairs des sacs pour déguster barres céréalières et mélanges de fruits secs ! Nous avions bien fait de laisser nos sacs dans le refuge depuis le début !
Nous rencontrons une française (la première depuis deux jours !) et une néo-zélandaise, avec qui nous discuterons régulièrement par la suite : Violaine et Chloe. Après quelques minutes de discussion, Thomas et moi partons avec pour objectif d’affronter le plus haut sommet de Tasmanie, le mont Ossa, avant d’atteindre le refuge de Kia Ora, à 8,6 km de là.
Nous arrivons à la croisée des chemins en 1h30, déposons nos gros sacs que nous recouvrons de leurs housses de pluie afin de les protéger des curawongs, des oiseaux chapardeurs qui savent eux aussi ouvrir les fermetures éclairs. Nous mettons pique-nique, crème solaire et vêtements de pluie dans nos petits sacs à dos. La virée au mont Ossa représente 5,2 km avec une partie du chemin dans la neige ! Ça grimpe sec à un moment, là encore nous utilisons nos mains pour vaincre les passages les plus complexes. Le jeu en vaut largement la chandelle : la vue à 360 degrés est époustouflante, la neige encore belle, le soleil est au rendez-vous.
On s’y plaît tellement que nous y restons 1h30, le temps de déguster notre déjeuner, composé de semoule comme pour tous les déjeuners de l’Overland Track. Deux conclusions : (1) la prochaine fois, on cherchera d’autres plats pour alterner, (2) on va attendre un peu avant d’aller manger dans un restaurant marocain !
Nous redescendons à la jonction car il faut bien finir l’itinéraire de la journée. Thomas s’assoie pour contempler le chemin parcouru pendant que je brûle quelques calories et que soudain Dalf se manifeste : la montée ne le tentait pas et il s’est bien gardé de la tenter ! Au fait savez-vous comment Dalf est fabriqué ?
Les sacs sur le dos, nous parcourons les kilomètres restant vers Kia Ora en une bonne heure. Nous décidons de nous nettoyer rapidement dans la rivière qui longe le refuge : c’est frais, très frais ! Petite surprise pour Thomas : une sangsue s’est entichée de son pied, mais face à mon courroux, elle nous laisse tranquille. Ouf !
Quelques animaux tiennent compagnie aux courageux campeurs : des pademelons, petit wallaby tasmanien, des oiseaux et un eastern quoll. Nos photos ne sont pas concluantes, mais promis, je me suis rattrapée plus tard au zoo.
Jour 5 : de Kia Ora à Pine Valley (9h de rando pour 22 km)
Nous décidons de mettre le réveil à 7h30 pour cette cinquième journée car après discussions avec Violaine et Chloe, nous choisissons tous les quatre de pousser jusqu’à Pine Valley, une étape complémentaire nécessitant une nuit à l’écart du tracé initial : c’est bon nous sommes assurés d’avoir un réchaud grâce aux filles ! Thomas et moi souhaitons également prendre le temps d’admirer les cascades prévues sur les side trips de l’étape initiale. Au total, cela rajoute 12 km.
Notre premier arrêt se fait donc aux chutes Fergusson, que nous pouvons presque toucher, et chutes D’Alton, que nous voyons de plus loin. Les deux chutes nous plaisent beaucoup. Nous grignotons quelques fruits secs avant d’atteindre la troisième chute : Hartnett, à quelques kilomètres. Cette fois-ci, un petit chemin nous mène au pied des chutes ! Trois belles chutes bien différentes.
Au bout de 5h30 de randonnée, incluant les petites pauses gourmandes, nous arrivons au refuge de Windy Ridge, où nous retrouvons Violaine et Chloe. Nous y restons une grosse heure pour faire le plein d’énergie au soleil, puis partons tous les quatre vers Pine Valley. Cette dernière partie de journée s’avère longue et assez fastidieuse entre la boue et les racines humides sur lesquelles nous glissons de temps en temps. La fatigue se fait certainement également sentir. Heureusement, la variété des paysages nous captive : on passe de forêts d’eucalyptus en forêts tropicales, de plaines fleuries à des endroits humides. Deux ponts suspendus nous redonnent également le sourire le temps de passage en équilibre au-dessus des rivières.
Nous arrivons à 19h30, éreintés, au refuge où Thomas et moi décidons de dormir, les espaces pour les tentes étant bien trop boueux voire transformés en flaques.
Jour 6 : de Pine Valley à Narcissus (6h30 de rando pour 11,7 km)
Il pleut ! Nous ne pouvons pas nous plaindre, c’est le premier matin pluvieux. La veille, nous hésitions entre deux rando : L’Acropolis ou le Labyrinthe. Compte-tenu de la météo, nous ne pouvons pas tenter l’ascension de l’Acropolis, qui comprend une partie d’escalade, bien trop risquée sur roches humides et glissantes. Nous voilà donc partis pour le Labyrinthe, en compagnie de Violaine et Chloe, sans les gros sacs à dos que nous laissons dans le refuge. Nous nous perdons un peu dans les buissons qui labourent nos sur-pantalons étanches mis par précaution mais atteignons finalement le point de vue extrêmement venteux en 1h30. Nous admirons la vue et prenons un bain de soleil avant de redescendre au refuge de Pine Valley. L’aller-retour nous prend 4h.
Après avoir mangé au soleil sur l’hélipad, nous retournons à la hutte récupérer nos sacs à dos. En nous en approchant, nous humons un doux fumet de viande grillée qui nous fait saliver et nous confirme que nous sommes bien carnivores. Une famille tasmanienne est en train de cuisiner un vrai repas dans la hutte. En effet, celle-ci est accessible depuis le lac St Clair sans réservation, ne faisant pas partie de l’Overland Track. Nous discutons rapidement avec eux mais quittons les lieux avant de céder à des pulsions incontrôlables !
Nous faisons route vers Narcissus où nous arrivons après 2h30 de marche assez aisée sur terrain relativement plat. Le refuge est très sympathique, d’autant que les randonneurs présents ont allumés le poêle : une douce chaleur se diffuse. Nous plantons nos tentes près d’une très jolie rivière – Narcissus – et profitons des dernières lueurs du jour avant de nous réfugier bien au chaud pour manger. Avant cela, je tente en vain de trouver des ornithorynques, normalement visibles après 20h00.
Il fait si bon dans le refuge que nous entamons une partie de carte avec nos compagnes en sirotant nos tisanes, jusqu’à 22h ! Notre première veillée sur le territoire australien après une magnifique journée.
Jour 7 : de Narcissus à Cynthia Bay (4h30 de rando pour 17,5 km)
Dernier jour déjà ! Nous nous levons tranquillement, profitant du calme et du soleil et partons vers 10h pour attaquer le dernier tronçon de l’Overland Track en longeant le lac St Clair. Après deux heures de marche, nous pique-niquons à Echo Point, une minuscule hutte au bord de l’eau, la plus petite du track (8 places), avant de rejoindre le Visitor Center. La totalité de ce dernier trajet nous prend 4h30, mais nous n’en garderons pas un souvenir impérissable. Il s’agit d’un chemin semé de bûches, de racines, de boue, qui monte et qui descend, d’où l’on aperçoit à peine le lac alors qu’on le longe ! A refaire, peut-être que nous nous laisserions tenter par le ferry, qui coûte quand même 40 $ (28 €) / personne mais qui permet d’esquiver ces derniers 18 km.
Nous n’avons croisé qu’un seul serpent (un serpent tigre) mais il parait que lorsque le temps est plus chaud, certains marcheurs en croisent une vingtaine sur ce tronçon. Attention donc, si vous faites la rando en plein été !
Le chauffeur de la navette étant déjà sur les lieux, et comme nous sommes les seuls à rentrer avec la navette ce jour-là, nous partons pour Launceston avec 1h d’avance par rapport au programme, ce qui nous permet d’arriver plus tôt à l’auberge Arthouse, prendre une bonne douche bien méritée et un repas (indien) en ville. Fin d’un beau périple !
Mes impressions…
Finalement 7 jours, cela passe vite. C’est sûr que les derniers jours avec des sacs un peu plus léger étaient plus facile. C’est sûr aussi que croiser matin et soir la même petite vingtaine de personnes, échanger des menues nouvelles et conseils, ça donne l’impression de vivre dans son petit monde. Enfin, la météo favorable, les couleurs printanières des nombreuses fleurs, les parties de cache-cache avec les wallabies… tous ces ingrédients ont largement contribués à construire d’excellents moments et souvenirs pour une expérience inoubliable !
… et celles de Thomas
Des paysages magnifiques et changeant constamment. Les nombreux commentaires des blogs et sites parlant de l’Overland Track rapportent souvent que l’on peut vivre les 4 saisons dans une même journée. Ayant eu la chance d’avoir une météo clémente tout au long du parcours, c’est plutôt la variété des paysages que je retiendrais : sur une même étape, il est courant de traverser différents types de forêts, de la lande et des bocages marécageux, tantôt ensoleillés, tantôt battus par les vents.
L’Overland Track, c’est aussi des rencontres : la plupart des randonneurs présents dans la navette le premier jour voyageaient au même rythme. Ainsi, même si chacun marche à sa vitesse, chaque soir on retrouve les mêmes personnes avec qui on échange quelques mots au début (pour emprunter un réchaud par exemple…), des conseils sur les side trips, des anecdotes sur les animaux chapardeurs… Puis, de fil en aiguille, on finit par échanger nos adresses emails les derniers soirs, lorsque nos chemins se séparent, afin de s’envoyer des infos sur les autres randonnées à voir de par le monde ou les bons restaurants de Sydney.
Comme le dit si bien la brochure, l’Overland Track c’est « une randonnée, plusieurs voyages » !
4 thoughts on “L’Overland track : 120 km de rando en 7 jours, un vrai défi ! ”
Génial cette randonnée ! C’est trop trop beau !! Quelle chance !
Wahou!! c’est sublime!!
Mais Tivi, faut que tu manges là, t’as grave perdu du poids
C’était un Wombat Brun ? Ça devait être un cousin qui a immigré en Tasmanie ! 😁
Oui ça doit être ça 🙂 la même bouille !