Le trek du Salkantay, en route vers le Machu Picchu !
Du 4 au 8 mai
Le réveil sonne à cinq heure du matin, il fait encore nuit et froid à Cusco, à 3200 mètres d’altitude en cette fin d’automne. Après un petit-déjeuner rapidement avalé, nous voilà en route dans la ville endormie, notre équipement sur le dos, à la recherche du collectivo qui nous conduira jusqu’au point de départ du trek du Salkantay, quatre jours entre montagne et pré-jungle, avec pour objectif final le Machu Picchu.
Jour 1 : ça grimpe !
Après trente minutes de marche, nous arrivons sur les hauteurs de Cusco à une intersection d’où partent les taxis collectifs pour Mollepata, le village de départ du trek. Nous voyant avec nos sacs de rando, plusieurs chauffeurs nous alpaguent en nous proposant le même prix pour la course : 20 soles. Nous choisissons le premier de la file, déjà bien rempli, qui grâce à nous peut partir car nous occupons les deux derniers sièges (les minibus collectivos attendent généralement d’être pleins pour partir). Nous arrivons à Mollepata autour de 7h45, plus tôt que nos prévisions et sommes accueillis à l’entrée du village par une « officielle » qui nous demande de nous acquitter de 10 soles chacun pour les droits d’entrée sur le trek. Nous apprendrons plus tard que Clément, arrivé la veille dans l’après-midi, n’a pas eu à payer…
Il est 8h lorsque nous nous mettons en route depuis la place d’armes du village. Au programme de la journée, 22,9 km et un dénivelé positif proche de 1500 mètres (d’après le guide Apacheta disponible en ligne). Les premiers kilomètres passent sans encombre, l’altitude est encore raisonnable et le souffle correct. Nous atteignons un premier village puis le point de vue de Hornada Pata où nous faisons une pause avant de repartir pour une deuxième partie un peu plus difficile, jusqu’au mirador de Chinchirquma.
La météo est correcte mais il y a quelques passages boueux en montée, et le souffle commence à manquer au fur et à mesure de la grimpette.
Arrivés au mirador, nous nous posons et profitons de la vue sur le Nevado Tucarhuay et la vallée que nous nous apprêtons à longer. Nous venons de gravir près de 1000 mètres de dénivelé sur une dizaine de kilomètres. Il est presque midi.
Nous repartons pour la deuxième partie de la journée, plus agréable pour les jambes car les dix prochains kilomètres suivent une ligne de niveau le long de la montagne. Nous atteignons une petite zone de repos après quelques dizaines de minutes où nous décidons de nous arrêter pour pique-niquer. A l’inverse d’autres treks que nous avons fait jusqu’à présent, nous comprenons aux emménagement et aux boutiques que celui-ci doit être très animé en saison haute (de juin à septembre). Mais pour l’heure, nous sommes seuls avec une vache qui broute non loin. Nous n’avons d’ailleurs rencontré qu’un couple irlando-italien, qui était dans le même collectivo que nous le matin même. Notre solitude (tout bovin mis à part) sera de courte durée : une dizaine de minutes après nous êtres posés, un groupe de touristes accompagnés de leur guide et d’une mule arrivent et viennent s’installer au même endroit.
A peine un bonjour (sauf le guide qui nous salue amicalement), c’est le signe pour nous du départ : nous repartons pour les quelques kilomètres qui nous séparent de Soray Pampa, une plaine où des infrastructures pour touristes sont installées. D’après le guide Apacheta, c’est là que s’arrêtent les tours guidés pour la nuit et effectivement en arrivant nous voyons des troupeaux de touristes à la queue leu leu en route vers un point de vue sur la laguna Humantay.
Il commence à pleuvoir et nous voulons éviter la foule pour la soirée donc nous décidons de suivre les conseils de notre guide papier et grimpons les 2,6 kilomètres suivant (240 mètres de dénivelé) pour atteindre Salcantay Pampa, un petit plateau situé à 4145 mètres d’altitude.
Nous trouvons un emplacement parfait pour notre tente, entre quatre murs de pierre à l’abri du vent. La pluie s’est arrêtée et pour récompenser nos 8h20 de randonnées, les nuages sont en train de se lever, nous laissant apercevoir pour la première fois le Nevada Salkantay, le sommet enneigé culminant à 6271 mètres.
Nous retrouvons également Clément, parti tôt le matin de Mollepata, qui a visiblement souffert autant que nous de la montée. Une petite guérite nous permet de cuisiner à l’abri du vent et nous y retrouvons les quelques randonneurs “indépendants” de la journée : Clément donc, le français qui dormait dans la même auberge que nous, mais aussi Mélanie, une franco-suisse, Toby, un allemand et un couple suisse-allemand plus discret. Nos compagnons irlando-italien rencontrés le matin sont aussi sur le plateau mais profitent de leur solitude au loin. La nuit tombant rapidement, nous commençons à cuisiner tôt, vers 17h30, de telle sorte qu’à 19h tout le monde est prêt à aller se coucher. Pour notre part, nous éteignons à 20h, emmitouflés dans nos duvets et tout habillés de nos vêtements chauds car la nuit promet d’être froide.
Jour 2 : montée et descente
Dur dur de sortir du duvet ! Il est 7h, il fait jour depuis près de deux heures mais le soleil n’a toujours pas dépassé la cime des montagnes, la motivation nous manque pour échapper à la chaleur toute relative de nos duvets. Irène n’a pas très bien dormi, trop froid, et je me suis réveillé à plusieurs reprises pour reprendre mon souffle : peut-être les effets de l’altitude. Je sors la tête de la tente pour un coup d’œil sur la météo, j’en ai le souffle coupé. Le paysage est magnifique. D’un côté, le Salkantay est complètement dégagé, aucun nuage ne vient chatouiller son sommet. De l’autre, la vallée où nous sommes passés la veille est sous les nuages.
Nous sommes vraiment contents d’être là, à profiter quasi seuls de ces premières lueurs du jour. Nous nous décidons à sortir complètement de la tente, mettons de l’eau à bouillir avant de commencer à ranger nos affaires. Il a fait tellement froid pendant la nuit qu’il y a du givre sur la tente ! Pas étonnant que nous ayons mal dormi.
Autour de 7h30, les premiers groupes guidés commencent à arriver à notre hauteur et nous les saluons au fur et à mesure des passages, notre café à la main. Nous décollons avec Clément une trentaine de minutes plus tard pour attaquer les 460 mètres de dénivelés (3 km) qui nous séparent du col Salkantay, point culminant de la journée et du trek. La montée n’est pas des plus agréables, le souffle manque et nous marchons à petits pas, tranquillement, heureusement sous le soleil. Nous dépassons quelques groupes, obligés d’attendre leurs maillons faibles, et arrivons au col après une heure dix de montée. Nous trouvons un coin à l’abri du vent pour nous poser, vite rejoints par Toby et profitons de la vue pendant quasiment une heure. Nous savons que le reste de la journée ne sera que descente vers la vallée suivante et la village de Collpa Pampa donc nous savourons la récompense de nos efforts, contents d’avoir atteint ce col à 4630 mètres.
Mais l’heure tourne, nous nous remettons en route et entamons la longue descente semée d’embûches, ruisseaux à traverser et pierres à éviter.
Autour de 13h, nous nous arrêtons pour un pique-nique quinze minutes après le campement de Hauaracmachay, pour éviter les groupes et repartons sous quelques gouttes de pluie qui nous suivrons jusqu’à Chaullay, premier vrai village au fond de la vallée.
Comme la veille, nous savons que c’est dans ce village que s’arrête les agences donc décidons de pousser au moins jusqu’au village suivant, Collpa Pampa. Malgré les 18,5 kms parcourus, Irène et moi sommes motivés pour continuer sur 5 kms et entamer l’étape suivante afin de gagner quelques kilomètres le lendemain. En effet, nous aimerions dormir le lendemain au sommet de la seconde passe du trek, près de ruines de Llaqtapata, et pour cela entamer l’étape pour avoir moins de kilomètres à marcher le lendemain.
Nous arrivons donc à Collpa Pampa, à 2845 mètres d’altitude, dans un groupe composés des mêmes personnes que la veille au soir. Mais en nous renseignant pour continuer notre chemin, nous apprenons que le sentier que nous sommes censés prendre le lendemain est fermé pour cause d’éboulements dus aux intempéries. Coupés dans notre élan, nous décidons de faire comme tous les autres et de camper sur l’un des deux terrains de camping du village (5 soles par tente) et d’aviser autour d’une bière de notre programme de la veille. Nous sommes rejoints un peu plus tard par Mélanie, la suisse, et, ô surprise, Loeiza et Benjamin, les deux français déjà rencontrés à l’auberge qui normalement devaient partir à vélo vers la Bolivie. Ceux-ci ont décidé, sur un coup de tête, de partir pour le même trek et de décaler leur départ à vélo de quelques jours. Ils sont arrivés la veille au soir à 21h30 au camping “des groupes” et ont retrouvé Mélanie, la prenant pour Irène (une brune aux cheveux bouclés, de dos, ça se confond facilement !), sur le chemin de ce deuxième jour. Nous voilà donc un groupe de onze campeurs à ne trop savoir que faire le lendemain.
En effet, plusieurs habitants nous confirment que le sentier n’est pas praticable et que le seul moyen de rejoindre Playa Sahuayaco, d’où part le sentier qui grimpe aux ruines de Llaqtapata, est une route de 15 kilomètres. C’est d’ailleurs cette route qu’emprunteront les tours guidés le lendemain. Sauf que marcher 15 kilomètres sur une route, toute terreuse qu’elle soit, ne nous enchante guère. Tous les campeurs présents sont d’accord pour shunter cette partie et prendre un collectivo le lendemain matin jusqu’au pied du sentier qui mène aux ruines. Ainsi, nous pouvons grimper aux ruines le matin puis descendre dans la foulée jusqu’au village d’Aguas Calientes, au pied du Machu Picchu, et gagner une journée dans notre programme. Un chauffeur de taxi collectif nous ayant proposé ses services plus tôt lors de notre passage à l’entrée du village, nous retournons le voir pour négocier un tarif de groupe et un départ à 6h pétante le lendemain.
Nous mangeons tous ensemble au camping avant d’aller nous coucher avec les poules, emmitouflés comme la veille malgré la température plutôt clémente.
Jour 3 : voilà la pluie !
5h, le réveil sonne. La nuit a été bien meilleure que la veille : 1400 mètres plus bas il fait bien plus chaud, au point que nous avons dû nous délaisser de nos multiples couches de vêtements durant la nuit. Nous plions la tente pour la dernière fois de notre voyage et chargeons les sacs à dos du groupe sur le toit du collectivo, pour une fois ponctuel (pas étonnant, nous devons probablement lui payer sa journée de travail en un trajet !).
Près d’une heure de trajet après, au cours duquel nous avons constaté les effets de l’eau sur le sentier, nous sommes déposés au pied du sentier qui mène aux ruines de Llaqtapata, à 3 kilomètres au nord de Playa Sahuayaco. Nous entamons les 6 kilomètres qui doivent nous mener jusqu’aux ruines, situées plus de 800 mètres plus haut mais sommes vites arrêtés par une douce odeur de café. En effet, le début du sentier traverse des plantations de cafés et de petits stands proposent à la dégustation aux randonneurs un café fraîchement torréfié, moulu et passé. Nous faisons donc une première pause, le café est vraiment bon, loin des sachets lyophilisés servis dans les auberges ces dernières semaines.
Mais l’appel du sentier se fait sentir et nous repartons pour une grimpette difficile. Bien que nous ne sommes “qu’à” 2000 et quelques mètres d’altitude, la fatigue de ces derniers jours se fait sentir et nous mettrons près de 2 heures à parcourir les kilomètres qui nous séparent du sommet.
En chemin, la brume nous a rattrapé et nous atteignons les ruines de Llaqtapata dans une purée de pois rendant les lieux un peu mystique. Malheureusement, celle-ci masque aussi le point de vue que nous sommes censés avoir sur le Machu Picchu, de l’autre côté de la vallée.
Fatigués, nous nous posons quelques instants tous ensemble pour prendre notre deuxième petit-déjeuner de la journée. Au bout d’un quart d’heure, certains du groupe commencent à partir mais pour notre part, nous prenons notre temps : il n’est que 10h et nous avons fait le plus difficile de la journée, enfin c’est ce que nous pensions…
Lorsque nous nous décidons à repartir, c’est pour nous arrêter dix minutes plus tard devant le lodge d’où nous sommes censés voir le Machu Picchu. Entre temps, les nuages ont commencé à se lever et nous apercevons les montagnes de l’autre côté de la vallée. Il se met à pleuvoir à grosses gouttes et nous nous abritons tant bien que mal. Un chat vient même s’installer sur nos genoux. Clément et Mélanie profitent d’une accalmie pour entamer la descente tandis que nous restons à quatre avec Loeiza et Benjamin, à attendre que les nuages se lèvent pour apercevoir le site archéologique. Notre patience paye : quelques minutes plus tard, nous distinguons enfin la silhouette des ruines sur la montagne en face. Ce n’est pas très net (encore moins sur les photos) mais nous sommes contents ! Nous pouvons enfin partir !
Nous voilà donc partis, équipés pour affronter la pluie de nos pantalons et vestes de pluie. Bien sûr, celle-ci se contente de nous chatouiller les sourcils de quelques gouttes, rien de plus, il suffisait de s’équiper pour lui faire peur. Cela ne rend pas la descente plus facile : le chemin est boueux, un vrai toboggan, la pire descente que nous ayons eu à pratiquer durant nos six mois ! Chacun cherche dans les fourrés au bord du chemin une branche sur laquelle s’appuyer au cours de la descente. Après trente minutes de galère, Irène et moi nous arrêtons pour enlever notre équipement de pluie sous lequel nous étouffons et perdons de vue les deux autres qui descendent à bon pas.
Nous dépassons un groupe composé à majorité de retraités peu rassurés par le terrain puis continuons inlassablement vers la rivière en contrebas. Nous tombons nez à nez avec deux chevaux seuls sur le chemin que nous laissons tant bien que mal passer avant de croiser leurs maîtres, une dizaine de minutes plus tard, qui portent eux aussi sur leur dos des morceaux de tôles assez grands. Nous nous plaignons de notre sort mais n’envions certainement pas le leur…
Près de deux heures après notre départ du lodge, nous atteignons enfin la rivière et son pont. Et là, quelle n’est pas notre surprise de découvrir un local muni d’un carnet de tickets qui nous demande 2 soles par personnes (0,60 €) pour avoir le droit de passer le pont. Je tente d’argumenter et de négocier, déjà légèrement énervé et fatigué de notre descente mais l’homme nous fait comprendre que nous n’avons pas le choix. En bonnes poires, nous finissons par payer, à contrecœur, un peu blasés par ce racket organisé. Nous apprendrons plus tard que certains de nos amis sont passés sur le pont sans payer et que l’homme n’a rien fait pour les retenir.
Sur l’autre rive, le chemin est plat et la boue absente : joie ! Nous descendons jusqu’à la rivière nous rincer rapidement les mains pleines de boues et continuons ensuite vers Hidroelectrica, le dernier village accessible par la route avant Aguas Calientes. Hidroelectrica est ainsi nommé car on y trouve une station hydroélectrique produisant assez d’énergie pour alimenter toute la région de Cusco. Nous passons sous la cascade de rejet de l’usine avant d’atteindre la gare de train, où nous retrouvons Loeiza et Benjamin.
Nous nous joignons à eux pour pique-niquer à l’abri de la pluie, et prenons notre temps avant de repartir : il nous reste pourtant une dizaine de kilomètres de marche pour rejoindre Aguas Calientes, le village se situant au pied du Machu Pichu. Il est 15h lorsque nous nous remettons en marche, pour la dernière étape de notre journée. Nous achetons un peu de pain et quelques biscuits dans les échoppes qui bordent les rails au départ car nous nous attendons à des prix prohibitifs à Aguas Calientes et c’est parti pour 10 kilomètres ! Aguas Calientes (aussi appelé Machu Picchu Pueblo) n’est accessible qu’en train ou à pied. Le coût d’un billet de train est prohibitif : après comparaison avec mes billets d’il y 6 ans, nous avons noté une multiplication par quatre du prix du trajet, un Aguas Calientes – Ollantaytambo coûte entre 60 et 90 € pour le moins cher en fonction de l’heure et de l’anticipation à la réservation. Nous avons donc décidé de marcher, le long des rails, comme des dizaines de personnes qui arrivent directement en minibus de Cusco jusqu’à Hidroelectrica. Les rails longent la rivière Urubamba, et un chemin plus ou moins marqué longe les rails, au milieu d’une végétation luxuriante. Nous marchons à la queue leu leu, traversant les rails lorsque le sentier se fait trop petit d’un côté, la marche n’est pas très agréable et nous commençons vraiment à fatiguer de cette longue journée. Nous rattrapons Clément, puis Mélanie, avant d’arriver en vue d’Aguas Calientes où nous arrivons peu après 17h.
Notre objectif principal était d’y arriver tôt pour acheter un billet pour grimper au Machu Picchu le lendemain. Toby, arrivé une heure et demie avant nous, nous indique que le bureau de vente ferme à 20h30. Nous avons donc le temps de trouver un logement. Nous sommes abordés par une péruvienne qui voit notre groupe et nous indique qu’elle a des places disponibles. Ces explications sont un peu floues, nous ne savons pas s’il s’agit d’un dortoir ou de plusieurs chambres donc nous décidons de la suivre pour nous rendre compte sur place. Elle nous emmène un peu plus haut dans le village, dans un bâtiment dont seul le rez-de-chaussée et le dernier étage sont terminés : nous passons donc deux étages encore en travaux avant d’arriver sur le dernier palier où la petite dame nous indique une chambre dans laquelle il y a deux matelas doubles (et pas d’espace en rab), qu’elle souhaite nous louer à 15 soles / personnes. Sachant que nous sommes cinq personnes, nous sentons le plan foireux, et refusons poliment. Elle nous emmène chez une voisine où il y a un dortoir de 4 places (elle n’a pas dû voir que nous étions pourtant cinq à la suivre) et la chambre double supplémentaire est hors de prix. Nous prenons donc congé, un peu fatigué qu’elle essaye à tout prix de nous avoir dans son auberge.
Nous poussons jusqu’à une auberge indiquée dans le guide Apacheta comme pas cher (45 soles pour deux) mais en y arrivant, le propriétaire nous indique un tarif 3 fois supérieur : 120 soles pour deux personnes ! Nous lui expliquons que ce n’est pas dans notre budget et il nous dirige donc vers l’auberge en face, où de 50 soles pour deux personnes, Clément réussit à négocier nos lits à 15 soles / personne, dans deux chambres avec salle de bain privée : le grand luxe !
Nous posons ainsi nos affaires et ressortons aussitôt acheter nos billets pour visiter le Machu Picchu le lendemain.
De retour à l’auberge, comme il nous reste quelques provisions pour le trek, nous décidons de cuisiner tous ensemble dans l’une des chambres, les réchauds posés sur le bord de la fenêtre. En ce samedi soir, la rue est bruyante et une musique forte commence à se faire entendre. Nous pensons tout d’abord qu’il s’agit d’un cours de zumba, aperçu dans le gymnase adjacent en passant devant. Mais nous nous rendrons vite compte qu’il s’agit en fait de la boîte de nuit située en face de l’auberge, et c’est au doux son des musiques contemporaines de dancefloor que nous tenterons de nous reposer jusqu’au lendemain, l’insonorisation des lieux étant absente… Nous nous endormons vraiment vers 5h du matin, alors que les fêtards rentrent chez eux….
Jour 4 : visite du Machu Picchu
Après une nuit plutôt courte et désagréable, au son des “boum boum” de la boîte de nuit adjacente, nous finissons par sortir le réchaud pour nous faire un café dans la chambre sur les coups de 7h30. Nous prenons notre petit-déjeuner et nous mettons en quête de pain pour le pique-nique. En chemin, nous découvrons avec stupéfaction la file d’attente pour la navette reliant Aguas Calientes à l’entrée du Machu Picchu. Heureusement que nous avions déjà décidé de parcourir les 3 kilomètres (et 400 mètres de grimpette) à pied, afin d’économiser les 12$ / personne / trajet facturés par la mafia Machu Picchu (venant s’ajouter aux 150 soles, soit 44 € pour le billet d’entrée). Après 2 kilomètres sur du plat, nous atteignons le pont qui marque le début de la montée vers le site où un garde contrôle nos passeports et nos billets d’entrée, afin probablement d’éviter toute tentative de fraude en entrant par les côtés du site : celui-ci n’étant pas vraiment clôturé, il est sûrement faisable de s’aventurer dans la forêt une fois la rivière traversée, qui constitue le premier obstacle naturel à l’accès au site.
Le soleil montre le bout de son rayon au moment où nous entamons la montée, constituée de près de 2000 marches et qui nous prendra une quarantaine de minutes.
Arrivés en nage devant l’entrée, nous nous accordons une petite pause ravitaillement (il est normalement interdit de manger sur le site) avant de nous diriger vers le point de contrôle des billets. Nous sommes alors abordés par une guide qui nous propose d’abord une visite privée, un peu chère pour nous. Elle nous propose ensuite de réduire le prix à 20 soles / personne si nous trouvons 6 autres personnes. Un couple péruvien semble déjà intéressé, nous la laissons donc chercher quatre autres personnes et, dix minutes plus tard, nous voilà prêts pour 2h de visite guidée en espagnol. Entre temps, nous avons vu un groupe de français ne parlant pas anglais accepter une visite à 10$ / personne (environ 33 soles), nous sommes contents d’avoir amélioré notre niveau d’espagnol ces derniers mois !
Il est 10h quand nous validons notre billet et il y a foule sur le site ! De nombreux groupes accompagnés de leurs guides circulent sur le chemin marqué. En effet, la visite du site se fait depuis quelques années uniquement dans un sens et selon un chemin marqué avec quelques variantes, réalisant une boucle. Il est interdit de revenir sur ses pas et des gardiens contrôlent les sens de circulation à plusieurs endroits. Heureusement, pour le moment il est encore possible de rentrer 3 fois sur le site avec le même billet et donc pour nous de revenir sans guide après notre tour. Par contre, notre guide nous a indiqué qu’à compter de juillet 2017, on ne pourra entrer qu’une fois sur le site et obligatoirement avec un guide : la mafia Machu Picchu durcit les lois ! A priori, ce serait pour éviter les tassements des terrains dus aux nombreux passages. En attendant, il y a apparemment jusqu’à 7000 à 8000 visites par jour, alors que le quota officiel n’est que de 2500 places d’après nos infos. Visiblement, si les gens payent, ce n’est pas trop grave de leur laisser tasser la terre des incas…
Bref, nous entamons la visite par un premier point de vue d’où la guide nous explique l’histoire de la “découverte scientifique” du site archéologique, par Hiram Bingham, un explorateur américain de l’université de Yale, qui cherchait alors la cité perdue des incas de Vilcabamba où s’était réfugié le dernier inca (l’empereur du peuple quechua) lors de la conquête espagnole. Des paysans locaux connaissant l’existence du Machu Picchu (qui n’a donc jamais été perdu) y menèrent Bingham qui décida d’y rester et de mener d’autres expositions les années suivantes pour mettre à jour le site recouvert de végétation, grâce notamment au financement de son université, et récupérant au passage un certain nombre d’objets incas qui se trouvent aujourd’hui dans des musées américains (et probablement pour certains des plus précieux dans des collections privées).
Le site est divisé en plusieurs zones : religieuse, habitations de l’inca et des proches, habitations des villageois. Plusieurs théories co-existent sur l’usage du Machu Picchu (vous pouvez en découvrir certaines dans l’article Wikipédia). La guide penche plutôt pour la théorie d’une université où les jeunes de l’empire incas venaient pour une période de deux ans apprendre et expérimenter dans les domaines de l’agriculture et de la métallurgie. Elle nous parlera aussi d’un lieu de villégiature pour l’inca, situé à un mois de voyage de Cusco, et où il viendrait chercher le contact avec les dieux, forcément plus proches car nous sommes littéralement la tête dans les nuages ici.
Au fil de la visite, nous passons donc par les différentes zones du site dont la guide nous explique les fonctions supposées. Nous passons pas mal de temps à attendre le couple de péruvien, occupé à se prendre en selfie plutôt que d’écouter les explications, au grand désespoir de la guide qui nous expliquera que c’est souvent le cas avec les touristes péruviens. Au termes de deux heures et demi de tour, nous avons complété les informations déjà glanées au musée du Machu Picchu à Cusco et lues dans les guides. La guide nous raccompagne jusqu’au bout de la boucle et nous sortons du site. Il est 12h30 et il commence à faire faim donc nous profitons d’être à l’extérieur pour manger nos sandwichs pain / fromage puis ré-entrons sans encombres sur le site.
Nous commençons par suivre les conseils de la guide qui, avant de nous laisser, nous a indiqué une petite marche jusqu’à la Puerta del Sol, marquant le point d’entrée du site via le chemin de l’inca. Le sentier jusqu’à la porte du soleil grimpe pas mal et il fait très chaud au soleil. Nous entamons la grimpette, passons quelques lamas en liberté sur le site (et apparemment parfois aussi agressifs que les coatis des chutes d’Iguazu, au point de farfouiller dans les sacs des touristes à la recherche de nourriture) avant d’atteindre un mirador à mi-chemin. Nous nous y arrêtons pour observer la vue. Le site est déjà petit et sous la chaleur accablante, nous ne sommes pas motivés pour continuer plus loin : nous ne verrons pas grand chose. Alors que nous contemplons le paysage, nous sommes rattrapés par un couple de français déjà croisé plus bas. Ceux-ci viennent de recevoir un SMS de France avec les résultats des élections présidentielles. Et oui, il est un peu plus de 13h et nous avons donc officiellement un nouveau président. Ils font durer le suspens quelques secondes avant de nous annoncer les résultats. C’est donc avec une vue sur le Machu Picchu que nous aurons appris son nom.
Nous redescendons ensuite vers le Machu Picchu en passant par une zone non explorée le matin lors de la visite autour de la guérite du gardien, au pied du cerro Machu Picchu. D’ici, nous avons une superbe vue sur le site, qui s’est entre temps vidé de ses touristes : il n’y a quasiment plus personnes dans les ruines ! Nous nous posons à l’ombre d’un arbre et restons ainsi un bon moment à contempler le paysage avant de redescendre vers le site lui-même. Nous faisons ensuite un deuxième tour du site, explorant les moindre recoins autorisés : habitations des sujets proches de l’inca, grotte sous le temple du soleil, système de fontaines…
Après quelques heures de déambulation, la fatigue commence à se faire sentir. Il est presque 16h, nous sommes sur le site depuis 6h et il nous reste encore à redescendre à pied jusqu’à l’auberge. Nous décidons donc de quitter les lieux, quasi vides et rejoignons Aguas Calientes en trois quarts d’heure. Nous nous posons à l’auberge après une petite douche tiède en attendant Clément, Loeiza et Benjamin, que nous n’avons pas vus de la journée. A leur arrivée, nous décidons d’aller manger en ville, dans un restaurant local, loin de la rue principale touristique, où nous payons notre menu entrée / plat 8 soles (à peine plus de 2 €), servi par une petite grand-mère qui trouve que nous ne commandons pas assez vite et s’en va servir toutes les tables de la salle avant de revenir nous voir (une dizaine de minutes plus tard) !
Nous retrouvons ensuite Julie, une amie rencontrée initialement en Patagonie et retrouvée à Buenos Aires et à Iguazu, qui est arrivée à Cusco l’avant-veille et à Aguas Calientes dans l’après-midi. Nous buvons un verre ensemble dans le centre du village avant d’aller chacun nous coucher.
Jour 5 : retour vers Cusco
Après une nuit plus calme que la veille (visiblement, il y a moins de monde en boîte le dimanche soir que le samedi), nous plions bagages et le club des cinq que nous formons décide d’aller prendre un petit-déjeuner copieux au marché. Nous montons au comedor de l’étage et commandons nos plats, un poulet à la plancha pour moi (6 soles), une omelette pour Irène. D’autres prendront de la truite ou du lomo saltado. Nous voilà donc rassasiés pour les 11 kms qui nous séparent d’Hidroelectrica où nous comptons trouver un transport pour nous rapprocher de Cusco.
Ceux-ci nous paraissent plus faciles qu’à l’aller, probablement parce que nous n’avons pas encore une journée de randonnée dans les pattes ! Après deux heures de marche qui nous ont semblées plus courtes, nous arrivons à Hidroelectrica un peu avant 11h. Notre plan est de trouver un minibus direct jusqu’à Cusco mais nous sommes un peu tôt, les minibus des agences qui font l’aller / retour dans la journée ne sont pas encore arrivés. Par contre, il y a des chauffeurs de taxi. L’un d’eux nous aborde et nous négocions un passage jusqu’à Cusco à 35 soles / personne (l’aller-retour est facturé par les agences en ville à 60 soles). Le taxi va nous emmener jusqu’à Santa Maria, à 1h30 de route, où il s’arrangera avec un collectivo pour nous emmener jusqu’à Cusco. Nous voilà partis à cinq dans le taxi. Les plus mathématiciens d’entre vous auront déjà compris que dans une voiture standard, cela ne passe pas. En effet, nous sommes quatre à l’arrière. Mais tout va bien, c’est spacieux, il n’y a juste pas assez de ceinture pour tout le monde (mais le port de la ceinture de sécurité n’a pas été scrupuleusement suivi jusqu’à présent en Amérique du Sud, celle-ci n’étant pas toujours présente dans les véhicules que nous prenions).
Nous passons Santa Teresa et arrivés à Santa Maria, le chauffeur de taxi nous propose de nous déposer dans un restaurant local pour le déjeuner. Nous acceptons bien que n’ayant pas trop faim, étant donnée le plat copieux englouti le matin. Nous partageons donc des menus à 6 soles avant de remonter dans le collectivo, arrivé entre temps, et qui s’est lui aussi arrêté pour la pause déjeuner. Celui-ci nous mènera sans encombre jusqu’à Cusco, où il nous déposera sur les hauteurs de la ville : il nous reste donc encore 2 kilomètres à marcher pour rejoindre l’auberge. En y arrivant, nous apprenons qu’il n’y qu’une chambre de libre, avec seulement quatre lits, et uniquement pour cette nuit. Clément trouve une place dans un autre dortoir, nous dormirons donc à quatre dans la chambre.
Pour conclure ce trek et cette semaine d’aventure, nous décidons d’aller manger tous ensemble dans un restaurant un peu plus touristique de Cusco : el Imperio. Celui que nous avions repéré propose un menu à 15 soles avec entrée et plat différents des classiques péruviens : du maïs au fromage en entrée (une spécialite de Cusco), et un steak d’alpaga en plat. Les portions sont ridiculement petites et nous terminons notre soirée dans une boulangerie, où nous prenons plusieurs desserts pour combler l’absence de sucres de ces derniers jours !
Nous rentrons ensuite nous coucher, avec pour plan de nous lever tôt le lendemain pour repartir visiter la vallée sacrée et y dormir, l’auberge n’ayant pas de place pour nous le lendemain soir. Mais ceci est une autre histoire…