Le tour de la Grande Terre en 5 jours
Pour notre deuxième semaine en Nouvelle-Calédonie nous avons prévu un tour de la Grande Terre, nom donné à l’île principale. La prévision météo pour la semaine étant plutôt mitigée, voire pessimiste, nous n’avons pas de plan particulier, aucune réservation, uniquement une voiture de location et notre matériel de camping.
Jour 1 : Nouméa – La Foa
Même si nous récupérons la voiture de location, livrée à domicile, à 7h30, nous ne décollons pas avant 10h, le temps de skyper avec nos familles pour leur souhaiter un Joyeux Noël.
Notre première étape sera la région de La Foa et le parc des Grandes Fougères. Nous arrivons à La Foa vers midi, nous baladons rapidement dans le parc où l’on peut découvrir les statues de différentes tribus de Nouvelle-Calédonie. Ressemblant à des totems, chacune représente une thématique et a été sculptée par un artiste issu d’une tribu du territoire.
Nous grimpons ensuite en voiture vers Farino, plus petite commune du territoire en superficie (il faut dire qu’ici les communes nous semblent assez grandes, beaucoup de lieux sont en fait rattachés à une commune plus importante). Le temps de prendre quelques photos depuis le point de vue et la pluie se met à tomber. Nous profitons d’une accalmie pour pique-niquer, activité interrompue à nouveau par la pluie et nous terminons notre déjeuner sous l’auvent de la mairie.
Malgré les caprices de la météo, nous décidons de maintenir le programme, c’est-à-dire de randonner dans le parc voisin, le parc des Grandes Fougères. Plusieurs parcours sont possibles selon le temps que l’on souhaite y passer. Vue l’heure et la météo, nous optons pour une boucle de trois heures qui finalement n’en fera que deux et demi. Le parc rassemble plus de 500 espèces de fougères dont 70 endémiques à Nouvelle-Calédonie, et héberge également l’oiseau endémique et emblématique de l’île : le cagou.
Nous espérons donc en voir un sur notre chemin et sommes à l’affût. Après deux heures sans l’ombre d’une plume, nous nous résignons quand soudain, au détour du chemin, nous voyons se découper la silhouette d’un oiseau gris. Il s’agit bien d’un cagou et celui-ci n’est pas seul : il se déplace en groupe avec trois de ses congénères. Les oiseaux fuient en courant devant l’objectif de l’appareil photo. En courant, oui, car cet oiseau bien que pourvu d’ailes, ne vole pas.
Un peu plus loin, nous en rencontrons un cinquième puis un sixième, qui pousse des petits cris, entre le sifflement de lignes à haute tension et le jappement d’un chien. Car c’est également pour son cri peu commun, on dit du cagou qu’il aboie, que cet oiseau en voie d’extinction est connu.
Contents de nos rencontres, nous terminons la rando en évitant les gouttes de pluie avant de nous diriger vers un camping proche. Et quelques minutes après avoir monté la tente, l’averse éclate, pour de bon cette fois, car elle durera toute la nuit. Au moins, notre tente est baptisée et bien étanche !
Jour 2 : de Farino à Koumac en passant par Bourail
Réveil sous la pluie pour ce deuxième jour. Nous démontons la tente que nous mettons à sécher dans un endroit à l’abri des intempéries et décidons malgré la météo de marcher jusqu’à la cascade toute proche. Rien de très impressionnant. Après un rapide coup d’œil à la météo, nous décidons de monter vers le nord, où les prévisions pour le lendemain sont les moins pires de la Grande Terre… direction Koumac donc.
Après une petite heure de route et un arrêt par la plage de Tanguy dont nous n’avons pas trouvé le panneau, nous atteignons la plage de la Roche Percée, près de Bourail, le fief des broussards calédoniens, pour une pause pique-nique humide devant le rocher du bonhomme.
Le temps n’ayant pas l’air d’empirer, nous décidons de rester et partons pour la randonnée des trois baies. Comme son nom l’indique, celle-ci relie trois baies : la baie de la roche percée, la baie des tortues et la baie des amoureux. Entre chaque baie, il faut grimper pour passer les falaises, ce qui nous permet d’ailleurs d’apercevoir quelques tortues qui nagent en contrebas.
L’heure tournant, notre objectif étant de faire la route jusqu’au nord, nous reprenons la voiture et roulons sous la pluie jusqu’à Koumac où nous trouvons un camping quasi vide. Nous montons la tente sous la pluie et après un bon repas chaud, il est déjà l’heure de se mettre au duvet, faute de lit !
Jour 3 : la pointe Nord
Contre toute attente, c’est la chaleur du soleil sur notre tente qui nous réveille vers 7h (le soleil se lève vers 5h en été et se couche à 18h30). Tant mieux, pas besoin de la laisser sécher dans la voiture !
Premier objectif de la journée : visiter les grottes de Koumac. Il s’agit de deux grottes, accessibles depuis un petit parking, une petite qui se visite en quelques minutes sans lumière car proche de la falaise et une deuxième, plus grande, dont seules les premières centaines de mètres sont autorisées à la visite. Au-delà, un panneau interdit l’accès car une poche de gaz a été détectée à 2 km de l’ouverture.
Nous avons nos lampes frontales avec nous et après la mise en jambe dans la petite grotte, nous grimpons jusqu’à l’ouverture qui permet de s’enfoncer dans les entrailles de la Terre, non sans avoir laissé notre nom et heure de départ dans un carnet à l’entrée, au cas où…
Le chemin est assez simple à suivre : il n’y a pas vraiment le choix, c’est un couloir assez large, on peut facilement s’y croiser, où je tiens debout sans problème. Le passage atteint même parfois des hauteurs impressionnantes. Après une quinzaine de minutes, nous arrivons devant un mini lac et des panneaux nous interdisant d’aller plus loin, la poche de gaz se trouvant alors à plus d’un kilomètre de distance encore (on n’est jamais trop prudent).
Nous rebroussons chemin et sortons à l’air libre non sans avoir croisé une famille juste avant la sortie. Sans cela, nous étions seuls, ce n’est pas Lascaux ! Nous indiquons notre heure de sortie sur le registre et prenons la route vers la pointe nord de l’île.
Après deux heures de route, nous arrivons à Boat Pass, un chenal qui sépare le bout de la Grande Terre de quelques îles que nous apercevons depuis le rivage.
Nous y pique-niquons avant de reprendre la route vers Poingham, à quelques kilomètres. Ce lieu-dit est connu pour son relai les pieds dans l’eau, que nous allons voir par curiosité. Mais en arrivant, nous voyons un panneau pour une randonnée de découverte de la pointe. Vous nous connaissez, un peu de crème solaire, un chapeau les chaussures adéquates aux pieds et c’est parti ! Bien que le panneau indiquant la rando porte un sceau « officiel », les panneaux suivants qui ponctuent les étapes ont été ajoutés par les propriétaires du relai et nous informent sur les endroits croisés : lac de rétention d’eau, marais salants, table d’orientation. Au détour d’un chemin, nous apercevons un cheval sauvage, rapidement suivi d’une dizaine de congénères. Ceux-ci nous voient et s’empressent de s’éloigner pour s’abreuver dans le lac en question. L’occasion pour nous de les observer de loin à l’abri des buissons.
La rando terminée, nous allons jeter un œil au relais et à sa plage avant de reprendre la route vers Poum, le village du coin où nous pensons faire le plein d’essence. Arrivés à 15h30, la station censée ouvrir à 14h est toujours (ou « déjà » ?) fermée. Peu importe, nous devons de toute façon descendre à Koumac et décider de ce que l’on fait le soir même : y rester dormir ou passer sur la côte est.
Vue la météo qui semble s’améliorer et les prévisions plutôt optimistes pour le lendemain, nous décidons de prendre la route transversale entre Koumac et Pouebo. La route se faufile dans les montagnes, avec la lumière de cette fin d’après-midi, les paysages sont magnifiques. Arrivés sur la côte est, nous roulons jusqu’au seul gîte / camping au sud de Pouebo. Il fait beau sur la route la route jusqu’à ce que l’on atteigne notre objectif, niché au pied du mont Panié, le point culminant de la Nouvelle-Calédonie. Cette situation favorise la rétention de nuages semble-t-il, car il pleut… Le propriétaire du gîte nous fait le tour du propriétaire, à commencer par la plage, située à quelques mètres, et où est aménagé un parcours de PMT (palmes/masque/tuba) que l’on peut faire le lendemain. Il nous explique également que dans cette partie de la Calédonie, la plage est un peu comme le jardin du propriétaire et nous indique donc les limites de sa « propriété » à ne pas dépasser pour ne pas avoir d’ennuis avec les voisins. La loi littorale et son droit d’accès sur la plage n’a pas cours ici. Nous montons la tente au bord de l’eau, à l’abri d’un cocotier, trop petit pour porter des cocos qui pourraient nous tomber dessus pendant la nuit. Notre repas et notre soirée seront ponctués de mises à l’abri dans la voiture, il pleut de plus en plus. Nous décidons de nous coucher enfin, espérant une accalmie pour le lendemain.
Jour 4 : Hienghène
Au réveil… il pleut toujours ! Nous cherchons tant bien que mal la motivation, réussissons à faire bouillir un peu d’eau pour le café entre deux gouttes, mais cela semble compromis pour le PMT. Vers 10h, nous allons régler notre nuit, le propriétaire nous propose un café, le cadre est sympa, il y a du wifi, nous nous posons donc à l’abri. Et ce n’est pas avant midi que nous décollons, direction Hienghène.
Quelques kilomètres de route plus loin et le ciel s’éclaircit déjà. Nous avons donc la chance d’admirer les montagnes légèrement nuageuses depuis le petit bac de la Ouaieme, le dernier en activité sur l’île et le passage obligé pour continuer notre route.
À l’approche de Hienghène, nous nous arrêtons plusieurs fois pour prendre en photo l’attraction pour laquelle ce village est connu : la poule ! En effet, à une centaine de mètres de la côte se dresse fièrement un rocher en forme de gallinacé, de quoi réveiller les gaulois qui sommeillent en nous. Ironiquement, Hienghène est aussi le village d’où était originaire Jean-Marie Tjibaou, leader kanak indépendantiste assassiné en 1989.
Après un grignotage devant la poule, nous descendons vers une autre particularité géologique du coin, les falaises lindéraliques. Ces roches ne surplombent pas directement la mer, on peut en faire le tour en voiture, mais pas y grimper, bien trop abruptes. Nous suivons donc le sentier tout tracé, en passant notamment par la plage « du billet de 500 » ainsi appelée car l’ancien billet de 500 francs pacifiques avait pour illustration l’une de ces falaises.
La balade terminée, nous reprenons la route vers le sud jusqu’à Tiwaka, où la route transversale rejoignant Koné débute. La météo restant maussade sur cette côte, nous décidons donc de traverser à nouveau : notre séjour côte est aura à peine duré 24h. La Koné-Tiwaka offre également des paysages magnifiques même si les nuages gâchent un peu la fête.
Arrivés à Koné, où il fait beau, il s’agit de trouver le camping municipal gratuit repéré sur internet, et a priori situé sur la presqu’île de Faoué. Nous nous rendons jusqu’au point indiqué par le GPS et arrivons au bout d’un chemin qui se termine dans une sorte de carrière de pierres. Nous nous doutons que nous avons fait fausse route mais la nuit pointe le bout de son nez et il faut trouver le bon camping. Ayant répéré quelques kilomètres plus tôt un panneau pour une zone de pique-nique, nous allons y jeter un oeil. Il n’y a personne dans la zone et la pénombre ne nous permet pas de distinguer des farés. Une famille sur le route nous confirme que nous sommes au bon endroit. C’est effectivement là : une dizaine de tables bien espacées sont présentes et les zones herbeuses nous offrent de nombreuses possibilités pour planter la tente. Par contre, le point d’eau censé être présent est introuvable, il y a bien un tuyau métallique qui sort de terre près de la voiture auquel devait être raccordé un robinet à une époque, mais ce n’est plus le cas…
Tant pis, nous montons la tente aux dernières lueurs du jour et cuisinons à l’eau de source (grand luxe !). Au moment d’aller se coucher, nous sommes en train de nous brosser les dents dans la nuit noire près de la voiture quand une voiture débarque, roulant au pas et s’approchant de la nôtre (alors que le camping est vide). Nous nous regardons, intrigués, la fenêtre s’ouvre et là, le passager nous demande si nous avons trouvé la vanne pour ouvrir l’arrivée d’eau. Nous ne savons quoi répondre, mais il nous explique, en sortant de la voiture, qu’il faut en fait traverser la route pour aller ouvrir la vanne et faire couler l’eau de ce tuyau sortant de terre. Il joint le geste à la parole et effectivement, l’eau coule à flot. Nous remplissons notre bidon puis l’homme, aidé du conducteur, sort une dizaine de jerricanes de son coffre pour les remplir. Nous comprenons qu’ils viennent ici tous les soirs pour s’approvisionner. Rassurés, nous allons nous coucher.
Jour 5 : Koné-Bouraké
Dernier jour de la boucle qui en fait sera bouclée le dimanche (nous sommes vendredi). En effet, l’objectif de la journée est d’atteindre la presqu’île de Bouraké, à 80 km au nord de Nouméa, d’où nous prenons un bateau le lendemain matin direction l’îlot Tenia, où nous passerons le réveillon de la Saint Sylvestre.
Il fait beau, nous avons de l’eau et savons même faire fonctionner cette source, nous en profitons donc pour prendre une petite douche avant de partir.
Sur la route, nous sommes arrêtés par un broussard en quad qui ouvre la route à son troupeau de vaches et nous demande de nous garer sur le bas-côté. Face au troupeau, je m’exécute et attend que les bêtes à corne se décident à franchir l’obstacle psychologique que notre petite Twingo semble représenter. Une vache s’élance, et le reste du troupeau suit. Deux chevaux montés par deux autres broussards ferment la marche. Nous pouvons repartir !
Nous redescendons jusqu’à Bourail afin de faire un arrêt à la plage de Poé, très fréquentée par les kite surfeurs. Nous l’avions ignorée trois jours auparavant, faute de météo clémente mais cette fois, le soleil est au rendez-vous et ça tape ! Nous restons posés et profitons de ce beau temps.
L’après-midi, nous continuons vers le sud et faisons un arrêt à la presqu’île de Ouaro, proche de La Foa où nous faisons deux balades : l’une dans la mangrove et le long de la plage puis une deuxième jusqu’au au sommet du point culminant, à 109 m d’altitude. Le panorama est très sympa. Cela fait du bien de retrouver le soleil !
Pour ne pas réitérer notre expérience de la veille, nous décidons de rejoindre le camping gratuit de Bouraké assez tôt et profiter de la lumière du jour. Ce camping présente l’avantage de se trouver à 5 minutes de l’embarcadère où nous avons rendez-vous le lendemain matin à 8h pour prendre le bateau-navette. Quand nous arrivons, nous réalisons que la partie camping est complètement occupée, des familles sont visiblement venues y passer les fêtes. Heureusement, une deuxième plage située quelques dizaines de mètres plus loin est-elle vide. Inconvénient : le vent souffle, fort, très fort… Nous cherchons le meilleur emplacement, puis tentons de garer la voiture selon l’angle qui protégera au mieux la tente des rafales avant de planter celle-ci de manière savamment calculée pour réduire la prise au vent.
Le vent souffle tellement que nous sommes obligés d’allumer le réchaud derrière une roue de la voiture et de faire écran de nos corps pour pouvoir cuisiner.
Au moment de nous brosser les dents, rebelote, une voiture s’approche du point d’eau et vient y remplir une cuve. Il fait nuit noire, tout va bien, cela semble être une habitude dans le pays ! Nous nous couchons enfin, en nous attendant à passer une nuit agitée mais le vent se calmera très vite, fort heureusement car la journée du lendemain sera longue !