Cusco, nombril du monde
Du 1er au 3 mai
Retour sur nos trois premiers jours à Cusco, capitale de la civilisation inca, centre de nos pérégrinations pour les deux dernières semaines de voyage.
Jour 1 : réveil dans la ville
Nous débarquons à Cusco plutôt frais après une nuit correcte dans le bus depuis Arequipa. Il est 6h30 lorsque nous sortons du terminal et nous voilà déjà agressés par les chauffeurs de taxi qui insistent tous pour nous emmener au centre pour 6 soles. Après cette nuit passés enfermés et recroquevillés sur nos sièges inclinables, nous avons plutôt envie de nous dégourdir les jambes d’autant qu’il fait beau. Nous voilà partis en direction de notre auberge, la Estrellita, située à quelques minutes de la place d’armes. Sur tout le chemin, nous nous verrons proposer des courses en taxi, jusqu’au moment où j’appuie sur la sonnette de l’auberge… On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut passer !
Nous sommes attendus car j’avais appelé la veille pour réserver (pas de site internet) et l’un des patrons (ils sont quatre ou cinq à se relayer 24/24) nous propose le petit-déjeuner bien que nous n’ayons pas dormi ici. Nous acceptons avec plaisir et profitons du calme de la cours intérieure ensoleillée où sont garées quelques motos. En effet, l’auberge est un repère de motards et de cyclistes, absente des guides de voyage et des sites de réservation en ligne.
N’étant pas fatigués, nous décidons ensuite d’aller découvrir la ville et marchons dans ses rues un peu au hasard avec l’idée de préparer nos prochains jours. En ce lundi premier mai, l’office du tourisme est fermé, et nous discutons avec quelques agences des possibilités de tours (avec l’idée de les faire par nous-mêmes) tout en nous dirigeant vers le marché San Pedro. En chemin, nous nous faisons harceler par les vendeurs de rue qui proposent massages, tours vers le Machu Picchu et autres excursions : après le calme du canyon de Cotahuasi, c’est violent !
Le marché de San Pedro ne nous convainc pas plus que ça : la moitié des stands vendent de l’artisanat, et il n’y a aucun locaux autour des stands alimentaires. Nous nous disons qu’il doit y avoir un autre « vrai » marché ailleurs que nous nous promettons de chercher.
Après ce premier tour plutôt mitigé, bien que la ville soit belle, nous décidons de nous faire plaisir pour le déjeuner et nous attablons au restaurant Organika, dont les plats sont composés d’ingrédients d’une ferme biologique située dans la vallée sacrée à une cinquantaine de kilomètres de la ville. Nous prenons tous les deux de l’alpaga accompagné de gnocchis : une tuerie ! Restaurant recommandé !
Nous continuons notre tour de la ville par la visite du Qoricancha : les ruines du temple du soleil inca sur lesquelles ont été construits l’église Santo Domingo et un monastère dominicain. Nous y observons des murs aux pierres parfaitement imbriquées et lisses, typique des lieux sacrés incas, entourés d’architecture coloniale. Nous y apprenons notamment que Cusco (Qosq’o en quechua,« le nombril du monde ») était le centre de l’empire inca d’où partent les quatre chemins incas vers les quatre régions du royaume (qui à son apogée en 1493 s’étendait sur 3800 km, de la Colombie au Chili).
Après cette visite atypique, entre ruines incas et reliques coloniales, nous rejoignons Fernando et Beatrice, un couple brésilien avec qui nous avons sympathisé à Uyuni, pour prendre un verre en ville. Nous décidons d’aller au pub irlandais qui se situe sur la place d’armes, où j’étais déjà allé boire une Guinness il y a six ans lors de mon premier voyage au Pérou. Néanmoins, pas de Guinness cette fois : un panneau indique que la brasserie irlandaise n’envoie plus de fûts, la demande étant trop faible. Nous nous rabattons donc sur la Cusqueña, la bière locale.
La fatigue se faisant sentir, nous prenons congé de nos amis vers 20h et nous arrêtons dans une sandwicherie proche de notre auberge, le Chola Soy, où je déguste un très bon sandwich au lomo saltado, plat typique péruvien composé de bœuf sauté avec oignons et tomates (normalement servi avec du riz). La salade d’Irène, à l’avocat que la cuisinière est allé chercher en urgence chez les voisins, était également copieuse et délicieuse.
Jour 2 : qu’il est bon de ne (presque) rien faire
Lever aux aurores pour nous en ce mardi 2 mai. Ah non, pardon, lever vers 9h pour prendre notre petit-déjeuner au soleil avant une petite séance Skype avec nos parents. Attablés, nous faisons la connaissance de Loeiza, fraîchement débarquée de France avec son vélo, avec qui nous discutons jusqu’à midi du Pérou, de la Bolivie et du nord de l’Argentine jusqu’où elle compte pédaler. Comme nous avons tous trois faim, nous décidons de manger ensemble et nous lui faisons découvrir notre sandwicherie de la veille (toujours aussi délicieuse).
Après le repas, Irène et moi décidons d’aller visiter la cathédrale de la ville, superbe édifice qui trône sur la place d’armes. L’entrée à 25 soles (7€) comprend un audioguide avec lequel nous faisons une première fois le tour des trois bâtiments qui composent la visite puis une deuxième fois en déambulant pour découvrir les détails des nombreuses œuvres d’art et autres détails architecturaux. Nous découvrons ainsi une peinture de la vierge Marie à l’enfant mais… toujours enceinte ! En effet, le ventre rond symbolise la Pachamama, la mère nourricière du peuple quechua. La représentation de la Cène figure un cuy, le cochon d’Inde toujours considéré comme un met de choix pour les péruviens. Nous passons également devant un Christ noirci par la fumée des cierges, el señor de las temblores, ainsi appelé car lors du tremblement de terre dévastateur de 1950, les secousses se seraient arrêtées au moment où la statue du Christ fût déposée au sol. Depuis, il est vénéré par les cusqueniens. Nous apprenons enfin la signification des miroirs : symboles de vanité en Europe, pour les indiens ils permettent au contraire de refléter l’âme. Banni de nos églises, on les retrouve donc à foison ici ! De tout ceci, point de photos, interdites à l’intérieur de l’édifice.
En sortant, le ciel bleu a laissé la place à la pluie. Les vendeurs de rue s’adaptent en quelques minutes et les bonnets péruviens sont remplacés par des ponchos en plastique, moins typiques. Nous filons jusqu’à l’auberge pour le goûter, celle-ci est située juste à côté d’une boulangerie française où nous trouvons de vrais pains au chocolat.
Il est un peu trop tard pour aller au musée du Machu Picchu que nous souhaitons faire avant de visiter le site donc nous optons pour le musée du chocolat. Celui-ci, gratuit, est en fait un préambule à une boutique vendant toutes sortes de produits basés sur le chocolat. La visite guidée est expresse mais intéressante : nous apprenons toutes les étapes de confection du chocolat, depuis la récolte des fèves de cacao jusqu’à la production finale. La visite se termine par une dégustation des différents produits, nous testons donc avec application les multiples liqueurs et types de chocolat.
Nous rentrons ensuite à l’auberge avant de ressortir manger une vraie pizza, cuite au feu de bois, au Tabuco. Les pizzas sont modelées sous nos yeux, le four est au milieu de la salle du restaurant. Et les pizzas sont bonnes, la pâte est fine, la bella vita !
Jour 3 : préparation du trek
Ne faillissant pas à notre habitude, nous traînons au soleil quasiment toute la matinée, à discuter avec un couple de motards belges, Loeiza, et Clément, un français qui part pour le trek du Salkantay, comme nous.
Nous apprenons avec les belges qu’il y a un vrai marché à quelques centaines de mètres de notre auberge. Nous nous y rendons pour faire des provisions pour le trek puis rejoignons Fernando et Béatrice pour le déjeuner, chez Heidi, un restaurant tenu par un allemand et proposant un menu du midi à 28 soles (environ 8€, un peu cher pour le Pérou). Nous y mangeons une sorte de hachis parmentier et un bon gâteaux à la crème.
Nous commençons l’après-midi par la visite de la casa qoncha, un musée consacré Machu Pichu et à l’histoire de sa découverte. Celui-ci constitue une intéressante introduction au site inca, un diorama animé accompagné d’une vidéo permet de découvrir les différentes zones du site. Quelques salles présentent des objets quasi intacts issus des fouilles archéologiques et la dernière partie explique comment, grâce aux nouvelles technologies, les scientifiques continuent d’en apprendre encore plus sur les lieux.
A l’issue de la visite, nous retournons à l’auberge où nous retrouvons le groupe de francophone occupé à ne rien faire. Nous nous joignons à eux, nos courses étant faites pour le départ matinal du lendemain. A l’heure du goûter, surprise ! Nos amis brésiliens étant passés dans une boulangerie nous ont acheté une baguette fraîche, un peu cliché mais vraiment sympa !
En fin d’après-midi, nous nous rendons au marché artisanal pour y dégoter quelques souvenirs mais rien ne nous plaît. En revanche, sur le chemin du retour, nous passons devant une galerie d’art exposant des œuvres originales de l’artiste, différentes en style de toutes celles que l’on trouve sur la place d’armes. Nous craquons et achetons de quoi décorer notre futur appartement. Comme nous partons pour quelques jours, nous réservons les toiles que nous irons chercher à notre retour.
Nous terminons cette petite journée par un dîner rapide dans un des nombreux restaurants qui proposent des menus « touristiques » à moins de dix soles, sans intérêt, avant de rentrer nous coucher car nous partons le lendemain à 5h30 pour le trek du Salkantay en solo (c’est-à-dire sans agence).