Souvenez-vous, le 24 au soir nous montions dans le bus pour Cotahuasi, la ville principale du canyon du même nom, bien moins connu que le canyon de Colca. Nous sommes assis à côté de deux péruviens en visite dans leur région d’origine et ils nous vantent les mérites du canyon, tout en montrant leurs photos sur leur tablette : cela a vraiment l’air très beau et il y a même une plante qui fleurit au bout de 100 ans avant de mourir. Nous sommes bien contents d’aller voir tout cela ! Nous avons choisi de visiter le canyon de Cotahuasi car il est oublié des touristes, pourtant il s’agit du canyon le plus profond du monde (en tout cas d’Amérique, il y a débat avec certains canyons népalais) du haut de ses 3535 mètres.
Cotahuasi se situe à 10 heures de bus d’Arequipa, 379 km, quand la route est intacte ! En l’occurrence, pas cette nuit : nous nous arrêtons à 4h du matin à 7 km du village car la route est détruite par un glissement de terrain et il nous faut marcher pour rejoindre le tronçon en contre-bas. Et ce n’est pas une mince affaire : il fait nuit noire bien sûr et nous devons descendre un mini chemin très pentu et glissant pendant 40 minutes ! Nous ne sommes pas les plus à plaindre : nous sommes peu chargés et avons des frontales, mais certaines personnes disparaissent sous leurs affaires et tiennent à la main des enfants effrayés. Un drôle de parcours nocturne… nous montons donc dans le deuxième bus qui doit nous mener au terminal de la ville.
Deuxième surprise : le bus n’y va pas car il y a aussi un souci de route dans le village. Nous voilà donc à l’entrée du village, en train d’errer à 5h du mat, sans trop savoir que faire. Aucun café n’est ouvert et comme il fait frais, cela n’est pas très tentant de s’installer sur un banc. Nous partons donc au terminal de bus, fermé lui aussi. Nous recherchons alors un spot pour admirer le lever de soleil sur les montagnes : nous le trouvons en bas du cimetière, particulièrement tranquille à 6h.
Il est ensuite temps de prendre notre petit déjeuner, qui sera local et bien loin de notre classique baguette. Ici, le matin, les plats tiennent au corps : cela sera riz, pommes de terre et viande. Bon avec cela, on devrait être calés pour quelques heures !
Nous cherchons l’office du tourisme mais il n’ouvre qu’à 10h. Nous souhaitons partir avec le collectivo de 15h pour le village de Charcana, dans la partie sud du canyon et sommes à la recherche d’informations car il n’y a rien dans les guides.
Pour nous occuper et comme il n’y a pas de café dans cette ville, nous décidons de nous rendre aux thermes de Lucha, un peu plus au nord. Nous prenons le collectivo de 9h pour 45 minutes de route. Je m’endors mais Thomas veille : nous descendons au bon moment. Le complexe thermal vu de haut est très beau, dans un écrin de verdure. De près c’est une autre histoire : l’un des bassins est en réparation, l’autre franchement défraîchi. Pas grave, nous avons les lieux pour nous et cela ne coûte que 3 soles (moins d’1 €) par personne. Nous bénéficions même d’un bassin privé que le gérant rempli d’eau chaude de la source juste pour nous. Nous passons un bon moment au soleil avant de retourner à Cotahuasi.
Il est presque 13h et l’office du tourisme est ouvert. Nous collectons les informations sur le sud du canyon pour notre randonnée puis continuons à discuter. Nous apprenons que le mari de l’employée, guide dans la région, inaugure un tour de deux jours qui part demain. Cela coûte 115 soles, tout compris, juste de quoi couvrir les frais. Cela semble intéressant car si nous devions tenter l’expérience par nous même cela reviendrait au même prix, mais prendrait plus de temps car il n’y a généralement qu’un bus par jour d’un hameau à l’autre et nous aurions donc besoin d’un jour de plus pour atteindre le bout du canyon.
Nous nous laissons tenter par l’aventure et devons donc trouver un logement dans Cotahuasi : c’est chose faite pour 30 soles à l’auberge Don Justito.
Il nous reste à occuper notre après-midi : nous nous baladons lentement, dévorons nos sandwiches et patientons avant un dîner frugale (pain / fromage) dans la chambre. Au terme de cette ligue journée, nous éteignons vers 20h30.
Debouuuuut ! Il est 4h45, le réveil sonne : on vient nous chercher à 5h30 pour le début de l’exploration du canyon. Henry, le guide, est finalement là à 5h20 : en voiture. Nous faisons la connaissance du chauffeur, Abdel, d’une passionnée de la région, Cathy, et son ami Walter, ainsi que de deux autres touristes : Janet de Hollande et Leila de Martinique.
Le soleil se lève sur des paysages magnifiques : le canyon est très vert et nous faisons des arrêts photos. Nous serons d’ailleurs certainement sur la brochure publicitaire de ce tour car Henry prend plein de photos du groupe !
Vers 7h, nous faisons une brève pause à Alca, juste le temps de boire un verre de jus de pomme chaud au quinoa. C’est pas mal mais très sucré.
Nous atteignons Huacctapa vers 9h30 et sommes accueillis en grande pompe par 4 femmes en costumes traditionnels colorés, dont la Señora Maria : une très belle table fleurie nous attend pour le petit-déjeuner. Il se compose d’avocat, de riz, d’oeufs ou truite, de pain, beurre, café et infusions d’herbes fraîches. C’est un régal et nous nous resservons avec délice. Nous partons ensuite jusqu’au mirador pour une promenade digestive en compagnie de nos hôtes, qui nous ferons même l’honneur de chanter en quechua. Nous sentons que nous vivons un moment rare et encore authentique.
Nous roulons ensuite jusqu’au hameau de Lauripampa, au bout du canyon, pour admirer les Puyas de Raymondi, ces fameuses plantes qui ne fleurissent que tous les 100 ans et qui mesurent jusqu’à 7 mètres. Malheureusement, les fleurs sont fanées. Cela reste impressionnant et le cadre mérite largement le détour ! Thomas apprend même à tirer au lance-pierre avec un des habitants.
Nous traversons le hameau pour observer très rapidement la vie des habitants : Thomas sarcle les pommes de terre, nous voyons des lamas et des cuyes (cochons d’inde, plat typique péruvien) puis arrivons chez nos hôtes du “midi” (il est 15h). Nous tombons sur une française qui y séjourne en volontariat pour une semaine : pas facile pour elle d’être coupée du monde d’autant que la famille parle essentiellement quechua. Nous sommes dans des villages reculés où l’électricité est arrivée il y a 2 ans, ce qui a forcé les habitants à se regrouper.
J’ai le droit de revêtir la tenue traditionnelle et d’un cours accéléré au métier à tisser : tout le monde a bien rit en me voyant ainsi vêtue, assise sur une mini chaise ! C’est dans une bonne ambiance que nous passons à table, pour déguster deux variétés de pommes de terre et de la salade avec un peu de fromage. Les portions sont énormes et nous ne parvenons pas à finir. La française qui loge ici nous a expliqué avoir été malade à force de manger trop de riz et pommes de terre mais sa famille se vexe si elle ne finit pas. Dur !
Quelques dernières photos avec nos hôtes, parmi lesquels je me sens grande, et nous repartons en voiture, vers Puyca.
Nous y arrivons à la nuit tombée et sommes répartis dans différentes auberges. Notre hôte est très sympathique et nous propose même une petite couverture de laine avec broche pour mettre sur nos épaules. Son mari, Cesar, nous fait découvrir le village avant de nous amener dans une autre auberge, pour le dîner.
Il n’est que 19h aussi nous n’avons pas très faim. Nous ne parvenons pas à finir la crème de maïs, très dense, de l’entrée. Pour le plat principal, nous avons de la truite, du riz et des pommes de terre. Heureusement nous pouvons nous servir en quantité raisonnable. Nous filons ensuite nous coucher dans une chambre propre et rudimentaire, non chauffée bien sûr, mais il y a comme d’habitude une montagne de couvertures sur le lit.
Pour le petit-déjeuner, nous retournons à l’auberge de la veille. Nous grignotons maïs, pain et fromage pendant que Henry nous interroge sur notre vécu de cette expérience. Il cherche à développer le tourisme communautaire et nos avis lui permettront de finaliser le parcours.
C’est ensuite le moment de prendre des photos, en tenue traditionnelle pour tout le monde ! Nous voilà bien beau. Nous sommes bien plus grands qu’eux, mais aussi plus minces, aussi ce n’est pas facile de nous équiper.
Pour finir cette matinée, nous grimpons sur les hauteurs de la ville pour admirer de magnifiques ruines pré-incas. Le site est assez grand et les fleurs y apportent un voile jaune et bleu qui embellit encore les lieux. Nous nous arrêtons notamment devant la seule construction Incas : des bains publics. Plus loin, nous découvrons quelques os humains dans l’ancien cimetière. Le site a été habité depuis longtemps par les hommes du fait de son positionnement physique (en hauteur sur du plat) et géographique (partie fertile du canyon). Lorsque les incas ont découvert les lieux, ils n’ont fait aucune modification et se sont adaptés. Le site est bien conservé car les espagnols n’y sont pas allés, il n’y avait pas d’or. Ainsi, rien n’a été détruit mais le village a été abandonné car les hommes sont partis travailler dans les mines espagnoles.
Il est temps de quitter les lieux : nous effectuons le trajet retour jusqu’à Alca avec le groupe et, comme Thomas et moi devons ensuite attraper un bus à Cotahuasi, Henry nous indique un collectivo que nous prenons pendant que les autres restent manger.
Ce fut une bien belle expérience, riche en paysages et en rencontres ! Nous avons reçu un accueil chaleureux et spontané des locaux, sans être vu comme des portes monnaies et c’est bien agréable.
Mais la journée n’est pas finie : nous achetons du poulet avec du riz et des frites au terminal de bus et mangeons dans la navette qui nous conduit à Charcana : nous sommes les seuls touristes. La route serpente pendant 3 bonnes heures dans le canyon, qui devient de plus en plus sec et profond : les paysages sont à couper le souffle, offrant mille nuances d’ocre parsemées d’oasis verdoyants. La navette se remplit de paysans aux costumes colorés et nous arrivons enfin sur la place d’armes de ce petit bourg perdu à 3417 mètres d’altitude.
Nous y cherchons la Señora Candelaria, conseillée par l’office du tourisme, mais sans succès. Finalement une petite grand-mère nous aborde et nous emmène à son auberge. Elle dispose de logements sommaires pour 10 soles par personne. Nous acceptons car il ne semble pas y avoir d’autres solutions.
Nous parcourons ensuite les petites ruelles pavées de ce village en pierre et adobe. C’est mignon et les enfants courent dans tous les sens sur la place du village. Pour le dîner, c’est vite vu : un seul un comedor sur la place d’armes, il propose un plat unique. Nous mangeons donc du poulet, du riz et des frites tout en discutant avec la gérante, Janet, et une petite dame. Nous ne savons pas trop quelles questions poser et, elles, nous posent des questions d’apparence banale mais qui nous mettent mal à l’aise dans ce contexte. Elles nous demandent notre âge par exemple et sont un peu choquées par la réponse : la gérante semble avoir seulement trois ou quatre ans de plus que nous mais son fils a au moins 13 ans. Puis, elles nous demandent le prix du billet d’avion Paris-Lima… bref, l’on ressent fortement le décalage de vie ! Nous rentrons donc assez vite nous coucher.
Nous nous réveillons vers 7h et il fait déjà beau et chaud. Nous n’avons pas le courage de manger du riz, des frites et de la viande chez Janet mais nous lui achetons des bananes et prenons une tisane en guise de petit-déjeuner.
Nous partons ensuite en direction de Picha et ses 12 habitants (d’après un blog). Nous avons 10 km à parcourir sur un terrain relativement plat, pour changer de vallée. Nous ne croisons que quelques paysans avec leurs animaux (ânes, moutons et vaches) en début de parcours puis la nature sauvage et puissante s’offre à nous. Nos sens sont sollicités de toutes parts : les paysages sont incroyables et immenses, les plantes aromatiques et les fleurs embaument l’atmosphère d’un doux parfum et les oiseaux pépillent. Nous n’avons pas testé le piquant des cactus par contre.
Nous atteignons Picha après déjà 2h30 de marche mais continuons la route : les rares habitants sont au champ, en contre-bas.
Nous effectuons une halte une heure après pour couper un peu la grosse descente de 1800 mètres de dénivelés sur 8 km. L’endroit est sauvage et les traces de l’homme bien ténues, le canyon de plus en plus sec nous rappelle les quebradas argentines. Nous profitons des lieux entre deux glissades : le sol est composé de terre et cailloux, assez pentu et au bord du ravin, nous faisons donc attention mais cela n’empêche pas les dérapages. Pas de chute à déclarer cependant ! Ce fut néanmoins assez éprouvant pour les genoux et nous sommes bien contents d’atteindre enfin la rivière Cotahuasi.
Nous nous délaissons, les pieds dans l’eau fraîche, après 6h30 de marche dans un cadre de toute beauté puis parcourons le dernier kilomètre jusqu’au hameau de Quechualla, véritable oasis au milieu du désert à 1665 mètres au dessus du niveau de la mer. Ce paisible village aux ruelles de pierre et maisons de terre est parcouru par les canaux d’irrigation. Les vignes et les plants de fruits de la passion ombragent les cours et les ruelles, nous nous y sentons bien.
Nous atteignons la petite église sans croiser âme qui vive, aussi nous patientons un peu dans l’espoir de trouver Janet, encore une autre, qui nous a été conseillée par l’office du tourisme de Cotahuasi. Coup de chance, la première personne que nous croisons est la bonne ! Cette cinquantenaire dynamique nous accueille à bras ouverts et avec les oranges et fruits de la passion de son jardin !
Nous prenons possession de notre chambre, propre et sommaire avec bien sûr 4 couvertures sur le lit. Bien que l’eau est froide, nous profitons de la douche pour nous rafraîchir après cette journée de marche, d’autant qu’il fait encore bon au fond du canyon.
La nuit tombe déjà sur la vallée, il est à peine 17h30. Nous reparcourons les trois rues du village avant de nous attabler vers 19h devant une soupe, puis une grosse assiette de riz, frites et oeufs. Nous discutons avec nos hôtes et apprenons que le village a été raccordé à l’électricité il y a 1 an et la route qui le relie à Cotahuasi existe depuis seulement 6 mois ! Il reste peu d’habitants mais tous vivent en autarcie. Ainsi, ils ont leur café, thé, herbes, fruits, légumes, oeufs et viande. Ils pêchent dans la rivière et n’achètent que le riz, l’huile et le phosphore (pour les légumes). Ils ne produisent pas en assez grande quantité pour vendre cependant. Une vie bien différente de la nôtre, simple et probablement sans autre objectif que d’aller au champ pour se nourrir mais les gens ne semblent ni pauvres ni malheureux. Nous voilà bien loin des rythmes effrénés des grosses villes occidentales.
La nuit fut bien calme et nous nous levons en forme vers 6h30. Nous nous attablons devant une assiette de riz, frites, oeuf et courge. J’ai du mal à finir ! Il n’y a malheureusement plus de café torréfié du jardin mais le maté (tisane) est très bon. Nous feuilletons le registre de l’auberge : il n’y a pas eu de touristes depuis février ! Autre constat : ce canyon était mentionné dans les anciennes versions du Routard, ce qui amenait de nombreux français, mais les versions récentes n’en parle plus et il n’y a quasiment plus de français ! Comme quoi, les guides font et défont les réputations des lieux.
Nous quittons nos hôtes vers 8h pour rejoindre la route, qui ne va pas jusqu’au coeur du hameau, et attendons le collectivo au milieu des ânes et des bidons de vin, destinés à être vendus sur le marché.
C’est parti pour deux heures de route dans un cadre où l’ocre se décline en nombreuses teintes. C’est vraiment superbe et le fait d’être les seuls touristes renforcent la magie des lieux. Nous savons bien que nous vivons des moments rares et précieux car si le tourisme se développe, cela entraînera de fait des modifications. En attendant, les habitants de cette vallée, d’origine espagnol contrairement au nord du canyon, vivent au rythme des saisons.
A Cotahuasi, nous avons le temps de déjeuner avant notre bus pour Arequipa : nous choisissons avec soin des plats qui ne contiennent ni riz, ni pomme de terre car nous saturons un peu !
15h30, le bus part pour nous amener en bas de la route détruite. En une semaine, ils ont eu le temps de construire une route de substitution, néanmoins trop étroite et pentue pour les bus : nous mettons seulement 20 minutes à rejoindre le bus qui nous attend en haut et c’est parti pour quelques heures de route.
Nous parvenons à Arequipa à 1h du matin, soit bien plus tôt que nous pensions, aussi nous rejoignons notre auberge en taxi. Par chance, il reste une chambre, ce qui nous permet de dormir confortablement.
Nous nous levons tranquillement et restons à l’auberge une bonne partie de la journée. Nous allons juste au marché pour acheter de quoi cuisiner pour le midi et le soir et c’est l’occasion de prendre quelques dernières photos.
Au terme de cette calme journée, nous décidons de rejoindre le terminal de bus en collectivo avec tous nos sacs. Celui-ci est bondé, même un dimanche, et nous voyageons avec nos gros sacs sur les genoux, pliés en quatre. Nous descendons avec soulagement et attendons notre bus pour Cusco, départ à 20h, pour un trajet de nuit, qui se déroulera sans encombre.
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Nous arrivons sans encombre au terminal de bus d’Arequipa, une des grandes villes péruviennes ayant conservé son architecture coloniale. Pour ne pas se perdre et comme il fait déjà nuit, nous préférons prendre un taxi. Nous demandons le prix de la course alors que le moteur tourne tout juste : 15 soles, soit 5 euros. 15 minutes plus tard, nous sommes déposés devant l’auberge « Yes Arequipa Hostel » où nous prenons possession de notre chambre. Nous apprenons au passage que la course n’aurait dû coûter que 10 soles soit un peu plus de 3 euros. Le chauffeur, en plus d’être peu souriant, a profité des touristes. Nous dînons en finissant la nourriture qui nous reste du midi puis nous allons dormir.
Ce matin nous avons le choix entre pancake avec banane ou oeufs brouillés et pain pour le petit déjeuner. L’avantage d’être deux c’est que nous n’avons pas à nous décider et nous prenons les deux pour partager.
Nous allons nous promener dans la ville, assez agréable avec ses petites maisons coloniales et son centre historique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000. Cela nous fait un peu bizarre d’être si bas : la ville n’est qu’à 2335 mètres au-dessus du niveau de la mer !
Nous passons devant quelques églises aux façades mêlant art indien et art colonial. Malgré le guide qui nous dit que nous pouvons y observer puma ou sirènes, il est difficile d’aiguiser notre regard devant le foisonnement de détails.
Nous nous dirigeons ensuite vers le cœur de la ville : la place d’armes, magnifique. Les palmiers et fleurs forment une belle masse verte et fraîche en son centre, bordé d’arcades délicates, et la cathédrale blanche domine superbement les lieux. Elle est large (108 mètres) mais élégante avec ses deux clochers qui s’élancent vers le ciel. Nous y entrons et constatons que l’intérieur, bien qu’un peu plus kitsch avec sa décoration à la chantilly, rivalise d’élégance et de légèreté avec l’extérieur. Nous y retrouvons de nombreuses statues vêtues de leurs plus beaux atours et admirons longuement la chaire et le travail effectué sur l’ange déchu qui orne sa base.
Nous continuons vers la Compañia, une église jésuite du XVIIe siècle, dont la façade mérite là encore quelques longues minutes d’observation. Nous ne nous attardons pas car le bâtiment est fermé et nous souhaitons le visiter au cours de notre séjour.
Nous allons donc directement à l’ancien cloître jouxtant l’église. Il est reconverti en galeries marchandes de luxe : peu de personnes y circulent et nous pouvons déambuler tranquillement d’une cours à l’autre.
Nous continuons notre balade au marché San Camillo qui grouille de monde au milieu de stands colorés. Nous montons d’ailleurs les escaliers pour surplomber le magnifique rayon de fruits, qui donne envie de tout acheter avec ses produits s’étalant jusqu’à 4 mètres de haut. Nous passons près des comptoirs de jus de fruits, de viande fraîche (pour une fois appétissante), de poissons, de légumes, de fruits… Puis aux rayons chapeaux, herbes et foetus de lama séchés et autres produits en tout genre, sans oublier les stands de patates (il en existe plus de 4000 variétés au Pérou !).
Thomas, guidé par les souvenirs de son voyage précédent, m’emmène à la Canasta, au fond d’une très jolie petite cours. Il y avait mangé par deux fois de délicieux sandwiches avec Cynthia. La boutique présente de nombreux pains et quelques gâteaux : l’eau nous monte déjà à la bouche. Nous décidons d’y acheter seulement un petit pain pour le goûter et de trouver un autre endroit pour déjeuner. Nous repasserons plus tard pour les desserts.
Nous voilà donc dans une rue piétonne derrière la cathédrale, atablés à la Tenampa, un restaurant mexicain. Le mérite principal de nos plats et d’amener un peu de variétés dans notre alimentation, mais cela n’a rien d’extraordinaire. Tant pis ! Nous nous rendons à la Canasta pour choisir notre dessert pour ce soir : une tartelette citron pour moi et des alfajores (sorte de macaron à la génoise) au Dulce de Leche pour Thomas.
Nous décidons de poursuivre par la visite du musée Santuarios Andinos pour voir la momie d’une princesse Inca retrouvée intacte en haut d’une montagne après 5 siècles de sommeil. Malheureusement pour nous, celle-ci est en cure de beauté aussi nous ne pouvons pas la voir. Le musée, construit autour de cette momie et des objets qui l’entouraient, perd donc la majeure partie de son intérêt : nous n’irons pas.
A la place, nous nous rendons au monastère Santa Catalina, couvent dominicain fondé en 1579. Le site est immense et nous passons deux heures à déambuler d’une ruelle à l’autre en prenant le temps d’entrer dans chaque cellule. Nous hésitions à accepter une visite guidée mais il y a de nombreux panneaux explicatifs et nous constatons rapidement que les visites guidées sont expresses : nous voyons la même guide avec plusieurs groupes pendant notre balade !
Le site se compose d’un parloir, d’une cours pour les novices, à l’écart de la vie du couvent, puis d’une succession de cellules.
N’allez pas vous imaginer quelque chose de spartiate : chaque religieuse possédait sa chambre, meublée selon ses revenus, son cabinet d’aisance et une cuisine. On dénombra jusqu’à 170 religieuses et 300 esclaves africaines sur les lieux, au cours des 5 siècles d’activité du couvent. Aujourd’hui, il ne reste qu’une quinzaine de religieuses, dont la plus âgée à 100 ans. Le couvent vécut donc relativement dans le luxe. Une des mères supérieures tenta de réinstaurer des règles plus strictes mais l’on tenta de l’assassiner à plusieurs reprises ! Certaines religieuses étaient néanmoins très ferventes et vécurent dans un grand dénuement. L’une d’entre elles, Ana de Los Angeles Monteagudo, fut reconnue bienheureuse par le Pape Jean-Paul II.
Nous circulons donc dans cette ville au coeur de la ville, très bien entretenue et fleurie.
Nous arrivons au lavoir puis à une grande fontaine, au pied d’un mirador d’où nous bénéficions d’une belle vue sur la ville et ses volcans. La visite s’achève par les cuisines communes, puis les bains communs où les religieuses se lavaient 7 fois par an.
Suite à cette longue balade instructive, nous faisons un peu de sport en nous rendant à pied au mirador du quartier de Yanahuara. On y observe les 3 volcans qui encerclent la ville mais sinon, l’endroit n’offre que peu d’intérêt. Seule la façade de l’église en lave blanche et au fronton sculpté mérite qu’on s’y attarde.
Nous allons ensuite… faire du shopping ! Nous entrons dans un grand centre commercial, agencé par marque à la recherche d’une chemise blanche de remplacement pour Thomas. Après quelques essais et hésitations, nous repartons finalement les mains vides vers l’auberge.
Comme nous prévoyons de prendre le bus le lendemain soir pour Cotahuasi, nous décidons de sortir en ville pour boire un verre et manger. Quelques restaurants sont dans le Routard et bien notés également sur TripAdvisor, mais lorsque nous regardons les prix, cela nous semble un peu cher (plats à 50 soles alors qu’on peut trouver des menus complets à 6). Nous commençons par tester des bières artisanales à Las Gringas puis nous allons manger un burger au Chelawasi, tenu par un couple americano-péruvien. Probablement pas le meilleur burger au monde, mais bien préparé et accompagné de frites de patates douces. Nous retournons boire une bière au quinoa afin de profiter de l’ambiance nocturne puis allons dormir.
Le petit-déjeuner pris, et complété par nos achats de la veille, Thomas commence sa journée par aller au terminal de bus, en collectivo (bus local) cette fois, pour acheter nos billets de bus vers Cotahuasi. Pendant ce temps, je trie nos nombreuses photos. Je reçois un message de Thomas : tous les bus du soir sont pleins ! Nous ne pourrons donc partir que le lendemain soir. C’est l’occasion de faire une lessive à la main en attendant son retour.
En ce dimanche de premier tour des élections, nous restons collés au PC jusqu’à 13h (20h en France) dans l’attente des estimations puis décidons d’aller manger au marché pour découvrir un des plats typiques : le chicharron. Il s’agit d’un morceau de poitrine de porc cuit au four avec des pommes de terre et du maïs. C’est plutôt bon ! Nous en profitons pour faire quelques courses pour notre repas du soir.
Nous passons l’après-midi à l’auberge à rattraper notre retard sur le blog et faire de plus amples recherches sur le canyon de Cotahuasi. Nous en sortons vers 17h afin d’aller à la Terraza, le restaurant qui domine la place d’armes et la cathédrale. Nous y prenons juste un verre pour admirer le soleil couchant et les éclairages nocturnes. Cela vaut le coup !
De retour à l’auberge, nous continuons à travailler sur le blog avant de préparer les produits du marché pour le dîner.
En cette dernière matinée, nous allons visiter l’église de La Compañía pour y admirer son immense retable en bois, du XVIIIe siècle et, surtout sa chapelle, dédiée à San Ignacio. Elle est entièrement peinte de couleurs vives. Les fresques représentent les fleurs et les oiseaux que les missionnaires voyaient dans la forêt. C’est assez impressionnant ! Nous voyons aussi un immense ostensoir en or, argent et multiples pierres précieuses. En laissant nos oreilles traîner, nous entendant les explications d’une guide privée : il s’agirait d’une petite partie du trésor des Jésuites, qu’ils auraient majoritairement caché lors de leur exil. Depuis le trésor reste introuvable…
Nous allons ensuite faire nos emplettes au marché et à la Canasta pour les prochains jours : pain, fromage et fruits. Au passage, nous craquons sur l’un des nombreux stands de jus de fruits du marché. Pour déjeuner, nous allons dans un restaurant chinois, le Mandarin. Les plats manquent de finesse mais au moins nous pouvons manger autre chose que du riz aux frites. Pour digérer, nous nous promenons dans les ruelles de la ville et passons par un marché artisanal où nous faisons quelques emplettes
Il est ensuite l’heure de retourner à l’auberge où nous discutons avec un couple de français en buvant une dernière tisane avant le bus de 19h qui nous mènera à Cotahuasi, un canyon moins connu que celui de Colca mais plus profond.
En voiture ! Nous reviendrons à Arequipa dans quelques jours pour récupérer nos gros sacs et nous rendre à Cuzco.
]]>Le bus pour Copacabana passe à 7h devant notre auberge et nous y récupère avant d’aller au terminal de bus.
Après un trajet sans intérêt notable, nous parvenons à Copacabana sur les coups de 10h30.
Notre premier objectif est de trouver un logement car hier tout était réservé ou coûteux pour les logements en ligne. Nous entrons dans la première auberge venue : il y a de la place à prix raisonnable. Comme c’est le week-end pascal, nous ne cherchons pas plus loin et nous installons donc à l’hôtel Robyn pour 40 soles. La chambre est très correct mais il n’y a qu’un seul toilette-douche pour l’ensemble des occupants.
Nous visitons ensuite la ville, très encombrées où s’entassent des milliers de gens à l’occasion de Pâques : nombreux vendeurs de fruits secs et pop-corn, de grillades, de produits artisanaux mais aussi nombreux touristes. Nous constatons d’ailleurs que les touristes sont locaux et que nous sommes parmi les seuls européens des lieux.
Nous dépassons le marché pour descendre vers le lac Titicaca et nous renseigner sur les prix pour se rendre à la Isla del Sol. Les rives du lac sont envahies par des tentes à perte de vue, pas un seul centimètre carré de libre. Les rares espaces vides sont couverts de détritus, c’est vraiment très sale.
Dépités, nous montons vers la cathédrale, qui elle est une excellente surprise ! Nous découvrons un grand édifice blanc, un peu aux allures de mosquée avec ses tours. Les sommets de l’édifice sont couverts de carrelages à dominante verte et aux touches de roses et oranges. L’intérieur est un peu moins intéressant, à part la Virgen de la Candelaria, aux traits de princesse Inca et à la robe volumineuse. Nous profitons du frais et du calme en dizaine de minutes avant de retourner sur le parvi.
En sortant, nous remarquons des voitures très fleuries et parfois même chapeautées : ce sont les voitures qui se font baptisées ! La ville attire des gens de tout le pays et du Pérou pour baptiser leur véhicule. Nous lisons dans le guide que cela attire jusqu’à 50 000 véhicules le 5 août !
Avec tout ça, nos estomacs se manifestent. Nous arrêtons notre choix sur un des nombreux restaurants qui proposent un menu complet pour 20 soles. Rassasiés, nous parcourons encore quelques rues avant de grimper en haut du cerro Calvario.
Avant de tenter l’ascension, nous souhaitons retirer de l’argent : les deux distributeurs qui acceptent la Mastercard sont hors service. Nous comptons nos deniers et avons tout juste de quoi repartir de la ville… c’est raté pour aller sur l’île demain ! Avec un peu d’espoir les distributeurs refonctionneront un peu plus tard…
Nous allons donc vers le Cerro. Le chemin est majoritairement emprunté par les fidèles, mais on remarque régulièrement des sorciers capables de prédire l’avenir, guérisseurs et liseuses des lignes de la main. Un doux mélange donc, qui ne gêne personne. Au sommet, une belle vue sur le lac certes, mais des montagnes de déchets et beaucoup de personnes alcoolisées… nous redescendons vite fait et à mi-hauteur de la colline, nous trouvons un coin tranquille pour admirer les lueurs du couchant.
En repassant dans le cette, nous tentons en vain de retirer de l’argent. Heureusement, certains restaurants acceptent la carte bancaire : nous pourrons donc manger ce soir et prendre le bus pour Puno le lendemain. Un peu déçu par cette histoire de sous, nous retournons à l’hôtel pour nous reposer une bonne heure. Sur les coups de 20h, nous sortons manger. Thomas prend un bon hamburger de lama et moi un menu avec soupe de cacahuète et spaghettis carbonara. Tout est très bon. Au moment de payer, bien sûr, le serveur nous dit que le lecteur de carte bancaire ne fonctionne pas. Sauf que nous n’avons pas de quoi régler en espèce. Il nous conduit dans un autre restaurant, sur la porte duquel il n’y a que le symbole Visa. Il passe derrière le comptoir sans rien dire et utilise la machine à carte. Ça fonctionne ! Un peu de stress donc mais ouf, on arrive à payer !
Pour finir cette drôle de journée, nous faisons une dernière tentative au distributeur : ça fonctionne aussi ! On est riche ! Pour fêter cela, nous achetons des pralines pour Thomas et des boucles d’oreille pour moi. Ma collection par pays s’agrandit. Il est par contre trop tard pour acheter les billets de bateau pour l’île du soleil, nous irons demain matin !
Le réveil sonne à 7h, nous plions rapidement bagage en séparant les rares choses dont nous aurons besoin sur l’île et ce que nous comptons laisser à l’hôtel pour une nuit. Nous arrivons au port vers 8h10 et achetons deux billets aller pour l’île. Initialement, nous voulions être déposés au nord pour traverser à pied jusqu’au sud, mais nous apprenons que les bateaux n’y vont pas de fait de troubles locaux. Tant pis, nous commencerons par le sud et verrons sur place.
La traversée est agréable : le soleil brille et le lac est plat. Il est vraiment immense, souvent qualifié d’ailleurs de plus haut et grand lac navigable au monde (techniquement, un lac au Venezuela est encore plus grand et tout aussi haut mais n’a pas le statut de “navigable” car moins profond). Nous longeons les rives du lac et parvenons en un peu moins de deux heures sur l’île du Soleil où nous débarquons. Quelques autres personnes se rendent d’abord sur l’île de la Lune car ils ont un billet journée pour un tour organisé mais ce n’est pas notre cas. Nous voilà donc sur le soleil ! Nous payons les droits d’entrée, pour la communauté indienne Aymara, ensuite nous escaladons les marches qui mènent au coeur de Yumani, village principal de l’île.
Notre objectif est de trouver un logement. Nous sommes accostés par une petite dame qui nous montre ses chambres mais nous ne sommes pas convaincus. Thomas avait repéré une adresse sur un blog mais quand nous arrivons devant cela semble délabré. Après avoir testé encore une adresse, nous entrons au hasard dans la cour fleurie d’un hôtel. Il y a bien des chambres, à 50 bolivianos avec salle de bain privative. Cela nous semble un peu cher et demandons s’il y en a avec salle de bain partagée. Le gérant ouvre alors la porte d’une chambre où les toilettes sont cassés mais le lavabo fonctionne. En plus il y a une vue parfaite sur la Cordillère Royale et bien sûr sur le lac, le tout pour 40 soles. Nous acceptons aussitôt !
Une fois délestés de nos petits sacs, nous demandons à notre hôte s’il est possible d’aller au nord. D’après lui, non, les troubles subsistent. Nous pouvons néanmoins tenter mais si nous voyons un drapeau rouge, il ne faut pas passer. Bien, nous verrons donc plus tard. En attendant, nous parcourons les dédales de rues pavées jusqu’à l’un des points de vue : le Cerro Chequesani, à 4075 mètres au-dessus du niveau de la mer. Nous nous essouflons toujours assez vite en montée à cause de l’altitude mais sommes néanmoins rapidement au sommet où nous bénéficions d’une vue magnifique sur l’île et le lac. C’est très beau et nous profitons de la beauté des lieux jusqu’à l’heure du déjeuner tout en observant les habitants avec leurs ânes et cochons.
En descendant, nous apercevons un drapeau rouge sur la route qui mène au nord : impossible donc d’y aller. Nous déjeunons en terrasse, une bonne truite pour moi et un bon burger pour Thomas. Cela a des airs de vacances. Nos voisins de table, français, ont l’accent du sud et n’arrêtent pas de parler de la Corse, ce qui renforce cette impression de vacances. Nous apprenons au détour de la conversation que les troubles opposent les deux villages du nord, le premier ayant construit une auberge un peu trop près de ruines classées au goût du deuxième.
Comme de toute façon, nous ne pouvons pas aller au nord, nous nous attardons en terrasse jusqu’à ce que nous soyons seuls pour savourer les lieux.
Nous décidons ensuite de nous rendre à la plage en contrebas. Avec une moyenne de 10 degrés, le lac est frais mais les abords sont agréables et nous y restons plus d’une heure à lire au calme et au soleil.
Avant que celui-ci ne se couche, nous grimpons, à travers les eucalyptus, jusqu’au sommet de la deuxième colline qui offre une vue imprenable sur la côte et la Cordillère Royale. Nous sommes quasiment seuls, c’est très silencieux. Chacun contemple le coucher du soleil sur l’île et le lac : c’est superbe.
Nous regagnons l’hôtel aux dernières lueurs du jour. Il était temps car il n’y a pas d’éclairage public et il fait donc nuit noire à 18h30. Nous croisons les derniers paysans avec leur chargement et leurs ânes puis tout est calme. Nous ressortons vers 19h30 avec nos frontales pour aller manger. Nous choisissons un petit restaurant chaleureux, éclairés par des bougies, pour un repas copieux et savoureux, avec bien sûr une soupe de quinoa en entrée. C’est la maman aux fourneaux et le père et les enfants au service. Parfois nous voyons l’un d’entre eux courir à l’épicerie voisine pour acheter les ingrédients manquants.
Nous admirons les étoiles sur le chemin du retour avant de nous réfugier sous les trois couvertures ! Pas de chauffage ici, et les nuits sont fraîches.
Il a plu fortement une bonne partie de la nuit. Nous avions mis le réveil à 5h30 pour admirer du lit le lever de soleil sur la Cordillère Royale depuis notre lit, mais bien sûr nous n’avons rien vu. Malgré la pluie et la fraîcheur de la chambre, il nous faut sortir du lit car le bateau du retour est à 10h30. Nous grignotons du pain dans la chambre puis regagnons l’embarcadère où il y a foule ! La pluie nous laisse un peu de répit mais redouble de force vers 10h20. Évidemment, nous avons laissé nos vêtements de pluie sur le continent… En plus, nous voyons des bateaux accostés sur les différents pontons mais aucun n’est le bon. La foule se déplace donc sous la pluie d’un ponton à l’autre. Il est finalement 10h45 quand deux bateaux sont prêts : nous nous y entassons à l’intérieur, au milieu des sacs à dos et de quelques chaises en plastiques ajoutées pour l’occasion. Cette traversée les uns sur les autres, avec des vêtements mouillés et un bateaux qui roule sur les flots, est loin d’être une partie de plaisir ! Nous sommes tous contents de mettre les pieds sur la terre ferme vers midi.
Thomas et moi achetons le billet de bus pour Puno, au Pérou, avant de nous rendre à l’auberge. Le départ est prévu à 13h30, cela nous laisse le temps de manger un peu avant. Enfin, c’était sans compter le fait que l’hôtel est fermé ! Nous tambourinons sur le rideau de fer, demandons aux voisins, patientons 20 minutes, sans succès. La voisine nous dit que les gérants sont peut être à leur autre hôtel moderne, quelque part en ville. Thomas part donc à la recherche de cet autre hôtel et je reste au cas où quelqu’un arrive. Je continue à frapper de temps en temps et finalement la porte s’ouvre ! Il est 13h, j’attrape les deux gros sacs et marche aussi vite que possible vers le centre, d’où partent les bus. A 13h10, je croise Thomas qui est avec une des dames de l’autre hôtel mais qui marche treeeees lentement. Thomas a donc bien trouvé l’autre hôtel, qui a appelé notre hôtel, c’est pour cela qu’un monsieur a fini par entendre mes coups sur la porte. Tout s’arrange donc mais nous avons bien failli rater le bus avec cette histoire ! Nous avons tout juste le temps d’acheter des saltenas (empañadas boliviennes) et de changer nos derniers bolivianos avant de nous jeter dans le bus. Ouf !
Quelques kilomètres plus loin, c’est la frontière avec le Pérou ! Pas de contrôle des grands sacs mais le contrôle de nos identités des deux côtés de la frontière prend quand même plus d’une heure. Il est ensuite temps de rejoindre Puno, c’est la fin de notre court séjour bolivien.
Ce séjour fut bref du fait de notre manque de temps. Oui manque de temps car nous décollons le 17 mai de Lima, soit dans un mois tout pile et nous souhaitons passer du temps au Pérou. Dans notre programme initial, nous avions prévu plus de temps en Bolivie, notamment pour aller à Sucre, ville coloniale que j’avais beaucoup apprécié la dernière fois, puis aller en Amazonie. Mais nous avons passé plus de temps que prévu en Patagonie et c’est notre durée de séjour en Bolivie qui en a pâtie.
Ce séjour fut néanmoins intense : nous nous sommes plongés dans des paysages magnifiques, immenses et extrêmement variés. Bien sûr, le coucher du soleil sur le salar inondé est certainement le point d’orgue du séjour mais nous n’oublierons pas le calme et la vie simple des habitants de la Isla del Sol.
Nous restons néanmoins mitigés par notre séjour à cause de la pollution : pollution olfactive dans les villes encombrées, pollution sonore du fait du monde qui s’entasse et qui crie sans arrêt pour vendre quelque chose et, enfin, pollution visuelle car le pays est sale, très sale. La population, quelque soit son âge, quelque soit le lieu, prend la nature pour une poubelle et c’est bien dommage ! On pourrait se dire que pourtant avec le culte de la Pachamama (la terre mère) qui perdure, le respect serait plus grand ! Espérons que cela change dans les prochaines années…
]]>Nous arrivons à La Paz vers 5h du matin, avec une heure d’avance et devons donc patienter une heure dans la gare en attendant que notre auberge, Arthy’s House, ouvre ses portes.
La gare résonne aux cris des agences de bus (Copacabanaaa ! Potosi Potosiiii !) et aux cris des vendeurs ambulants (Maté ! Café !) pendant que quelques personnes dorment sur les bancs. Nous trouvons une place libre et passons le temps en écrivant nos articles de blog.
Nous rejoignons ensuite notre auberge à 700 mètres de là, heureusement la route est en légère descente pour y aller. Nous avons la chance de récupérer notre chambre et pouvons donc nous laver avant de nous écrouler dans nos lits jusqu’à 11h.
Notre première occupation consiste à trouver une laverie pour y déposer presque toutes nos affaires, surtout nos pantalons imbibés du sel du Salar. Une fois notre baluchon déposé avec l’assurance de le récupérer le soir, nous nous promenons dans cette ville de 2,3 millions d’habitants construite au début du XXe siècle.
Nous commençons par explorer le bas de la ville, déjà perché à 3200 m : le marché puis l’église San Francisco à la magnifique façade baroque de la fin du XVIII. Nous parcourons ensuite le vieux quartier avec son marché aux sorcières, où pendent les fœtus de lama séchés, offrandes incontournables à la Pachamama, à déposer sous les fondations de sa maison, et ses boutiques touristiques très colorées.
Entre deux échoppes, nous découvrons une petite cour tranquille où nous savourons un bon café à l’Angelo Colonial.
Nous parcourons encore un peu les environs avant de nous attabler dans un restaurant indien qui semble correct et propose un menu à 40 bolivianos (5 euros). Nous pourrions certainement grignoter à moins cher mais nous préférons un repas consistant.
Nous pouvons maintenant attaquer les hauteurs de la ville, qui culmine à 4000 mètres. Nous nous arrêtons néanmoins avant, au parc Montículo, dans le quartier aisé de Sopocachi, qui offre un beau point de vue sur l’agglomération.
De là, nous marchons vers le poumon vert de La Paz, le Parque Mirador Laikacota, que nous traversons rapidement pour rejoindre la place de Murillo. Elle est entourée du palais présidentiel, du congrès et de la cathédrale. Les indiens n’eurent le droit de traverser cette place qu’en 2005 avec l’élection d’Evo Morales ! Le président a également changé l’horloge du parlement pour qu’elle tourne dans le sens inverse afin d’illustrer son combat contre l’hégémonie du Nord. Il paraîtrait qu’en hémisphère sud, les cadrans solaires foctionnent en sens contraire, mais il nous faut encore vérifier ce point en vrai (déjà vérifié sur Wikipedia).
Bien sûr, je tombe en rade de batterie et pour une fois je n’ai pas pris celle de rechange. Nous retournons rapidement à l’auberge et revenons sur nos pas en traversant la Calle Jaén, une des mieux restaurées de La Paz.
En retournant sur la place Murillo, nous tombons sur la procession de Pâques, assez impressionnante !
Comme nous devons récupérer notre linge, nous quittons ce spectacle haut en couleur pour aller à la laverie mais ce n’est pas prêt. Nous nous occupons autour des marchés, récupérons enfin notre linge propre et retournons à l’auberge. En chemin, nous tombons sur une autre partie de la procession de ce vendredi saint, férié en Bolivie.
Nous ressortons de la chambre pour aller dîner à 15 minutes à pied, au restaurant Luciernagas. Nous prenons une spécialité bolivienne à partager : le Picante Surtido, composé de langue de boeuf, de charque (viande effilée et séchée), de saice (morceau de viande en sauce) et de sajta de pollo (poulet rôti), avec du riz et des tuntas (pommes de terre déshydratées puis re-hydratées avant d’être cuisinées) à la sauce aux cacahouètes. Le patron hollandais est adorable, l’ambiance agréable mais nous sortons déçus car les plats sont trop salés.
De retour à l’auberge, nous nous endormons rapidement car demain nous nous levons tôt pour rejoindre Copacabana, sur la rive du lac Titicaca.
Notre trajet en train de 3h30 s’achève à Tupiza, où nous arrivons de nuit car il y a une heure d’écart entre la Bolivie et l’Argentine. En chemin, nous avons pu apercevoir quelques paysages mais nous avons surtout dormi.
Lorsque nous descendons du train avec Clara, Cora, Beatrix et Fernando, nous sommes alpagués par un représentant d’une des nombreuses agences qui organisent les tours dans le Sud Lipez et le Salar de Uyuni. Il s’avère que c’est également le gérant de l’hôtel où dorment nos compagnons : comme notre auberge est à deux pas de la sienne et que nous sommes de potentiels futurs clients, il nous embarque tous les 6 dans son 4*4.
Une fois arrivés à son auberge, il nous présente le tour de son agence, Los Solares. Cela a l’air pas mal et nous nous entendons bien avec les quatre autres, qui ont déjà réservé une voiture pour lundi matin. Problème : il y a entre 4 et 5 touristes par voiture, aussi nous ne serions pas avec eux. Le gérant attend le retour de 2 voire 4 personnes aussi nous ne sommes pas sûrs d’avoir une place… nous prenons la nuit pour réfléchir et regagnons notre auberge, Butch Cassidy.
Nous y sommes accueillis par Franklin, l’adolescent de la famille, au petit soin pour ses hôtes ! Nous sommes très bien logés dans une chambre spacieuse et propre avec salle de bain privative. De plus, le Wi-Fi fonctionne très bien sur nos téléphones.
Nous mangeons en ville, dans une pizzeria car il n’y a que cela. Le restaurant s’appelle Tu Pizza (quel jeu de mot !) et nous y mangeons de bonnes… pâtes ! Nous sommes plus chanceux que nos compagnons que nous croisons dans une autre pizzeria où ils attendent depuis plus d’une heure. Nous apprendrons le lendemain qu’en plus, ce n’était même pas bon.
Nous commençons notre journée à 8h par un délicieux petit-déjeuner composé de chocapic, lait frais, vrai jus d’oranges pressées, pancakes maison ! Un luxe que nous dévorons à pleine dent avant d’aller en ville pour faire le tour des agences.
En chemin vers le centre, nous comparons les différentes hypothèses qui s’offrent à nous pour le tour :
Nous éliminons la première hypothèse car beaucoup trop de variables dans l’équation. Nous éliminons également la troisième car nous ne voulons pas partir avec un trop gros groupe. Il nous reste donc deux solutions en tête lorsque nous parcourons le petit centre-ville, sans grand intérêt.
Notre premier objectif est de retirer suffisamment de liquide afin de régler l’agence que nous aurons choisie. L’excursion est à 1250 bolivianos (170 €) par personne pour quatre jour (guide et cuisinière compris). Franklin nous ayant dit que les deux distributeurs de la ville n’accepte que les cartes Visa, nous stressons un peu avec nos Mastercard. Et de raison, impossible de retirer de l’argent. Dépités, nous passons devant l’agence Alejandro Adventure Tour où la gérante se jette littéralement sur nous alors que nous sommes encore sur le trottoir. On sent qu’elle dévide à toute allure un discours cent fois répété mais néanmoins, ce qu’elle propose nous plaît car cela sort des sentiers battus. Nous lui disons que nous ne pouvons pas tirer d’argent, elle nous répond que l’on pourra payer à la fin en arrivant à Uyuni. Dans l’agence, nous rencontrons Aurore et Florian, deux français qui ont sélectionné cette agence après avoir fait le tour des autres guérites. Nous apprenons qu’il y a également un américain et une belge déjà inscrits. Convaincus, nous nous inscrivons à notre tour mais devons attendre confirmation car l’agence doit trouver deux autres personnes pour compléter la deuxième voiture. Florian et Aurore ayant réussi à tirer de l’argent avec leur Mastercard, nous re-tentons notre chance, en choisissant des options différentes sur le distributeur (crédit au lieu de compte courant). Et bingo ! Nous avons de quoi nous acquitter de nos dettes.
Comme il nous faut patienter jusqu’à 17h pour découvrir si nous partirons ou non le lendemain matin pour 4 jours d’excursion dans le Sud Lipez et le Salar de Uyuni, nous retournons à l’auberge pour déjeuner puis partons nous promener vers la Porte du Diable et le canyon del Inca, à 6 km de notre auberge. Il fait beau et chaud, nous traversons le village qui sommeille et parvenons au début de la randonnée, dans une décharge à ciel ouvert. Nous avançons néanmoins au milieu des détritus en espérant que cela s’améliore : oui, au bout d’un bon kilomètre, c’est enfin propre et nous pouvons profiter pleinement du paysage ocre et vert qui s’offre à nous. Le soleil vif fait admirablement ressortir les couleurs et les formes de cactus tranchent sur celles des montagnes environnantes.
Nous arrivons devant la majestueuse Porte du Diable, très bien découpée, et continuons notre escapade vers le canyon del Inca, où seul un filet d’eau anime un peu les lieux. Nous profitons de l’ombre et de la fraîcheur pour reprendre notre souffle, on est quand même à 3268 mètres au dessus du niveau de la mer.
Il est temps de faire demi tour pour savoir si oui ou non nous partons demain !
La réponse est positive : nous serons avec deux autres français, très certainement bretons vus les noms. Rassurés, nous retournons à l’auberge pour nous reposer un peu avant de repartir en ville pour un dernier tour et régler l’agence pour le lendemain. En ce dimanche soir, presque toutes les boutiques sont fermées : nous parvenons tant bien que mal à faire des courses pour le dîner.
Et hop, au lit !
Nous arrivons en début d’après-midi à Tilcara, au coeur de la Quebrada de Humahuaca. Le village semble endormi : les rues en terre battue sont désertes, les petites maisons en pisé semblent inhabitées. Nous rejoignons notre auberge, la Albahaca, en quelques pas car tout est accessible à pied puis nous prenons possession de notre petite chambre. Nous avons la chance d’être installé dans une chambre où il y a seulement deux lits superposés, pas de ronfleur à craindre !
Sofia, l’une des employées, nous explique avec force détails les excursions à faire aux alentours : temps de parcours, tarifs, heure conseillée pour s’y rendre… bref nous avons presque notre planning à la journée pour les 3 ou 4 jours que nous comptons passer dans la région.
Nous partons ensuite à la recherche d’un restaurant sachant qu’il est déjà 15h30. Même pour les argentins, c’est tard et nous ne trouvons qu’un seul petit resto ouvert, le Nordiste. Nous y savourons un Lomito, sandwich à la viande pour Thomas, et une salade de quinoa/tomates/noix/fromage de chèvre pour moi. Tout est très bon, particulièrement le fromage au goût prononcé mais doux. Nous apprenons qu’il s’achète au marché.
Nous marchons ensuite sur 2 km pour nous rendre au vieux village fortifié précolombien, la Pucara, abandonné à l’arrivée des espagnols. Il est 17h et le site ferme à 18h aussi nous sommes relativement tranquilles et pouvons visiter les minuscules maisons reconstruites, dans les années 1950, sans bousculade. Tout est en pierre et étudié pour résister au vent. Les maisons ne possèdent qu’une ouverture : la porte. Nous n’observons ni fenêtre, ni cheminée. Les corrals sont en contre bas pour l’élevage de lama. Avec les cactus qui parsèment le site, on se croirait au far-west, d’ailleurs on croise même Lucky Luke !
Nous finissons la visite par le cimetière : les morts étaient enterrés en position foetale dans des structures rondes en pierre, souvent dans le cimetière mais parfois aussi dans un coin de la maison. Les tombes sont aujourd’hui vides, mais il est possible d’observer les différents objets retrouvés sur le site au musée archéologique de la ville. Il est trop tard pour y aller aujourd’hui, nous irons donc demain !
Pour le dîner, nous nous joignons au barbecue organisé par l’auberge, dans une autre auberge du même propriétaire. C’est l’occasion pour nous de discuter avec des canadiens, des allemandes, des italiens et un français. Sofia nous explique que c’est un barbecue à bas prix : ici, les argentins achètent rarement de la bonne viande car elle est chère. Il est ainsi courant d’acheter du poulet et des abats. Nous mangeons donc du poulet, des saucisses, du chorizo plus doux que le chorizo espagnol, du coeur de boeuf. Sont également proposés boudins noirs et intestins mais nous faisons l’impasse sur ces produits. En tout cas c’est très bon et nous finissons la soirée en chantant accompagnés par une guitare.
Nous prenons notre petit déjeuner en terrasse : ici il fait beau sauf en janvier et février et il fait chaud dès que le soleil brille.
Nous partons vers 10h pour les gorges du diable. Normalement l’excursion dure 3 heures pour 4 km : nous serons donc rentrés pour le déjeuner. Nous traversons de beaux paysages aux couleurs tranchées : le vert des plantes et des cactus ressort bien sur l’ocre de la terre et des montagnes. Nous parvenons en un peu plus d’une heure à l’entrée des gorges, payante. Le site en lui-même est tout petit : il offre d’un côté un petit point de vue sur les gorges et la vallée et de l’autre nous atteignons une cascade de 10 mètres, l’occasion de prendre une petite douche !
En sortant du site, nous discutons avec le gardien pour en savoir plus sur le nom du lieu : en fait, l’ingénieur qui a travaillé aux chutes d’Iguazu a également travaillé ici et a trouvé une ressemblance entre les deux endroits… Oui, bon, il faut certainement entre ingénieur pour le voir… Nous continuons à grimper pour rejoindre un autre point de vue, sur une autre vallée où les cactus s’étalent à perte de vue. Nous apercevons au loin l’école de la communauté.
De retour en ville, nous nous attablons à La Cheba où nous goutons des sorrientes, raviolis locales farcies de diverses manières. Nous choisissons celles au quinoa et chèvre et celles au maïs violet. C’est très bon !
Pour digérer et bien finir cette journée, nous parcourons les 3 salles du musée archéologique. Comme d’habitude, c’est assez désordonné et cela manque d’explications. Cela dit, nous nous attardons devant des récipients du peuple Machu, représentant des visages particulièrement bien dessinés (interdiction de prendre des photos, désolée).
Nous allons ensuite au marché pour acheter fromage de chèvre et légumes pour ce soir. Le fromage est très bon, parfumé et frais. Il ne nous manque que du miel pour le sublimer.
Aujourd’hui nous avions prévu d’aller en bus à Purmamarca voir la colline des 7 couleurs, puis à Maimara pour contempler la Palette du Peintre. C’était sans compter la grève générale des transports, y compris des taxis ! Dommage pour nous… nous ne pourrons donc pas aller à Purmamarca.
Nous prenons donc notre temps et déjeunons à l’auberge. Nous décollons vers 15h pour nous rendre à pied à Maimara, à 6 km de là. Le chemin n’est pas marqué et même avec le GPS, nous ne faisons que suivre une direction, en suivant le Rio Grande, en réalité bien petit.
Nous traversons une très jolie vallée verdoyante et cultivée. Les champs de légumes s’alternent avec les champs de fleurs, qui viennent agréablement colorer les lieux. De plus, la Palette du Peintre domine ce paysage, apportant toutes les nuances des minéraux. C’est sublime et nous faisons de nombreuses pauses pour en apprécier les variations. Nous observons également les paysans dans les champs : le travail se fait encore à la force des bras et des ânes.
Après 1h45 de marche, nous parvenons à la petite bourgade de Maimara, composée d’une rue principale et nous dirigeons vers la micro brasserie conseillée par notre auberge. Nous la trouvons à 1 km de là et sonnons à la porte. Une petite dame adorable nous fait rentrer et s’excuse car son tablier est un peu sale. Sa bonne humeur est contagieuse et elle nous explique plein de choses. Nous découvrons ainsi que “Albahaca”, le nom de notre auberge, signifie basilic. Dans cette région, lors d’une fête, si le jeune homme offre un brin de basilic à une jeune fille sous le soleil de midi, il la demande en mariage et si elle prend le brin, c’est qu’elle accepte. Nous avons aussi vu les différentes plantes de quinoa et appris que le maïs changeait de couleur, mais pas de goût, en fonction des minéraux présents dans la terre. Enfin, nous goûtons des bouchées de Dulce de Leche de chèvre avec du quinoa soufflé. Nous repartons de là avec basilic et bières.
Au retour, nous passons devant le cimetière, un des points d’intérêt de la région. Il est construit en palier, à flanc de colline et est hyper coloré grâce aux fleurs artificielles à foison.
Après ces trois bonnes heures de balades, nous dégustons la bière sur la terrasse de l’auberge et, comme nous sommes un peu feignants, nous décidons d’aller au restaurant. Des pensionnaires de l’auberge nous conseillent une pizzeria, ce qui nous convient très bien. Thomas prend une pizza au roquefort et moi des raviolis ricotta et jambon, à la sauce pesto maison. Nous nous régalons tous les deux : les produits sont frais, bien travaillés et les senteurs bien présentes.
En ce dernier jour dans la région, nous partons en bus avec deux italiens de l’auberge pour nous rendre à Humahuaca, 2989 mètres au-dessus du niveau de la mer, à 40 minutes au nord de Tilcara. Arrivés là-bas, nous tombons immédiatement sur un chauffeur pour aller sur le site de la colline des 14 couleurs. Il nous propose le prix normal pour s’y rendre et nous fixons l’heure de départ à 12h30, ce qui laisse le temps au soleil d’éclairer les montagnes et à nous de découvrir ce village.
La place est très touristique : elle est bordée de boutique et des vendeurs ambulants proposent chapelets et chapeaux en masse. Trois attractions majeures : le cabildo et sa tour d’horloge, d’où émerge à midi pile la statue taille réelle de San Francisco Solano ; l’église de la Chandeleur, construite en 1641, avec ses statues habillées, son autel recouvert d’or et ses lambris en bois de cactus ; et enfin, le monument à l’indépendance, démesurément grand par rapport à la taille de la ville !
12h30, nous montons tous les 4 dans la voiture pour 40 minutes de route, jusqu’au point de vue sur la montagne au 14 couleurs, El Hornocal. En chemin, le guide nous explique qu’en fait il n’y a pas 14 couleurs mais 7 comme à Purmamarca. C’est juste que le site est deux fois plus grand. Les couleurs sont dues à différents minéraux (source) :
Nous voilà à 4350 mètres d’altitude et le vent souffle ! La vue aussi coupe le souffle : c’est absolument splendide, coloré, sauvage. Les courbes s’enchaînent sous nos yeux ébahis, véritables cours de géologie et de tectonique des plaques. Nous admirons les lieux pendant une heure et en profitons pour finir notre fromage avec vue imprenable sur la montagne.
Au retour, nous faisons une pause photo avec vue sur la vallée, très belle aussi. Le guide nous parle des différentes communautés qui habitent dans ces montagnes. Toutes ont pour première langue le castillan. Le quechua est de nouveau enseigné dans les écoles, mais n’est pas la langue initiale.
Arrivés à Humahuaca, Thomas et moi décidons de nous y attarder un peu pour faire quelques boutiques. Nous avions repéré des lampes en bois de cactus, naturellement ajouré. Finalement, la raison domine : il nous reste un mois et demi de voyage et nous risquons de la casser en route.
A la gare routière, nous voyons un bus partir sous notre nez. Le prochain est censé passer dans 15 minutes. Malheureusement pour nous, il est plein ! Nous voilà à patienter presque une heure pour le prochain, plein lui aussi : nous faisons le voyage debout.
Nous arrivons néanmoins à notre auberge où nous apprenons que la soirée de ce soir, en l’honneur de l’anniversaire de l’autre auberge aura lieu dans un bar voisin et c’est une soirée déguisée. Il existe une boutique de cotillons dans le village : nous y dénichons masques et lunettes pour une poignée de pesos. En sortant, la tong de Thomas cède, après 8 ans de bons et loyaux services. Direction donc la seule boutiques de chaussure de la ville. Il y a bien des tongs mais la pointure de Thomas n’existe pas… il faudra réparer celles-ci avec Scotch et ficelle.
Après un tour rapide du marché artisanal, nous rentrons nous reposer avant la soirée qui débute vers 22h30 par un repas partagé, le locro, sorte de ragoût typique argentin à base de viande, de haricot blanc, de pomme de terre et de maïs. C’est bon et cela tient bien au corps ! Heureusement, la musique démarre : musique traditionnelle argentine puis bolivienne, viennent ensuite des airs plus internationaux. Néanmoins, nous ne connaissons que peu de morceaux, les gens fument et il est déjà 1h du matin : Thomas et moi rentrons dormir.
Debout ! Notre bus est à 9h15 pour La Quiaca, la ville la plus au nord du pays. 5171 km la sépare de Ushuaia, nous en avons fait du chemin !
Nous y arrivons vers 13h, passons la frontière Argentine-Bolivie à pied sans encombre, il est midi en Bolivie. Je retrouve les petites boliviennes avec leur chapeau, les longues tresses et les grandes jupes en me remémorant mon voyage précédent. En faisant la queue, nous rencontrons deux bretonnes, Clara et Cora, et deux brésiliens, Beatrix et Fernando, avec qui nous discutons voyage et passage en Bolivie.
Nous cherchons la gare ferroviaire, car pour nous rendre à Tupiza, première étape de notre périple bolivien, nous choisissons le train, tout comme nos 4 nouveaux compères de voyage ! Plus long que le bus, mais plus typique et moins cher. C’est même moins cher qu’un billet zone 5 à Paris. Les prix nous font bien sentir que nous avons quitté l’Argentine : avant d’embarquer, nous mangeons pour 10 bolivianos, soit un peu plus d’un euros.
La suite, quand nous la connaîtrons car nous sommes actuellement dans le train, nettoyé à la serpillière pendant le trajet, s’il vous plaît !
]]>25 heures après avoir quitté Iguazú, nous arrivons enfin à Salta ! Le voyage s’est bien déroulé pour nous mais le bus a fait une halte en pleine nuit dans une petite ville, une jeune fille qui a fait une attaque y a été prise en charge par une ambulance et nous espérons que tout va bien pour elle.
Il est donc 11h30 lorsque nous arrivons en ville, plus grande que ce à quoi nous nous attendions. Nous rejoignons notre auberge, Las Colorias, à pied en une quinzaine de minutes, ce qui nous permet déjà de découvrir quelques maisons à l’architecture espagnole. Nous devons attendre une heure avant de récupérer la chambre et de prendre une douche, fort bienvenue. Comme le ciel est gris et que nous sommes un peu fatigués, nous mangeons à l’auberge et prenons notre temps pour réfléchir à la suite du programme argentin.
Nous sortons néanmoins pour vérifier si Salta, construite en 1582, est à la hauteur de sa réputation. C’est censé être une ville agréable, avec charme et héritage architectural colonial bien conservé. Le centre-ville s’avère effectivement très mignon. Nous parcourons en large et en travers ses rues, découvrant avec plaisir de belles bâtisses et des églises au style baroque bien prononcé. C’est coloré et comme c’est dimanche et que les boutiques sont fermées, c’est plutôt calme.
Nous faisons ensuite des courses pour les deux jours sur place. Impossible d’acheter de la bière car la bouteille est consignée et que la vendeuse ne veut pas nous la laisser pour une raison obscure. Nous achetons donc notre première bouteille de vin ! Du séjour pensez-vous ? Que nenni ! C’est la première fois que nous achetons du vin pour nous ! Il s’agit d’un Torrentes, le vin blanc de la région, en particulier de Cafayate que nous n’aurons pas le temps de visiter.
Nous regagnons notre hébergement pour dîner et acter notre futur trajet. Nous décidons de nous diriger vers le nord de l’Argentine et de traverser la frontière avec la Bolivie au niveau de La Quiaca. Nous irons donc acheter notre billet de bus demain, en attendant, il est l’heure de dormir.
La journée commence par un copieux petit-déjeuner avec du pain maison, non sucré ! Il est même annoncé comme salé pour que les locaux ne soient pas surpris. Au contraire, nous sommes ravis d’avoir enfin du pain normal pour nos palais européens.
Objectif du matin : grimper les 1000 marches qui nous séparent du sommet du Cerro San Bernado qui culmine à 1400 mètres. Salta est elle-même à plus de 1000 mètres donc cela ne représente pas un gros dénivelé. La preuve, nous sommes en haut en 20 minutes. De ce point de vus, nous constatons l’étendue de la ville, mais pas de quoi s’attarder.
Nous descendons vers la gare routière pour acheter nos tickets de bus pour Tilcara, où nous passerons les 3 ou 4 prochaines nuits. Cela sera notre base pour visiter la quebrada de Humahuaca, qui promet d’être sublime.
De retour à l’auberge, nous déjeunons tranquillement puis nous détendons : le musée que nous souhaitons visiter n’ouvre qu’à 16h. Nous décollons donc à l’heure du goûter et constatons qu’il y a des embouteillages : les rues débordent de voitures, taxi et bus locaux. Les trottoirs ne sont pas en reste : mère avec enfants, hommes en costard et étudiants en uniforme animent la ville dans un joyeux brouhaha. Arrivés devant la porte du musée Pajcha, nous constatons qu’il faut sonner ! Il s’agit d’une maison présentant une collection privée d’objets divers sur les peuples andins. Nous sommes accueillis par le gérant qui se fait un plaisir de mêler espagnol, anglais et français en nous parlant. C’est un drôle de personnage, animé, bavard et surtout fier de son musée. Celui-ci est petit mais les oeuvres présentées sont intéressantes : amulettes en albâtre, masques en bois, objets en plume et instruments de musique, datant soit de l’époque précolombienne soit de notre époque.
A l’étage, on plonge dans la culture mapuche à travers des photos, des textes et des vêtements et bijoux. Un autre pan de mur est dédiée au Pérou et un troisième à la Bolivie.
La dernière partie, fierté du musée représentant 30 ans de recherche, est consacrée à l’analyse de la juxtaposition des arts andins et catholiques à l’arrivée des Jésuites sur le territoire. On observe ainsi une adaptation et une intégration des éléments fondamentaux de la culture andine aux codes artistiques occidentaux. La collection rassemble des Christ au visage indien, une Vierge Marie déesse du maïs, un Saint Jacques très local, des croix remplacées par des cactus…. Des photos des églises alentours viennent renforcer l’exposition : on y voit des peintures d’archanges avec des ailes de perroquets et des arquebuses ou encore des frontons représentant serpents (symbole de fertilité pour les indiens), soleil et lune.
Après une bonne heure de visite, nous revoilà dans les rues, toujours très encombrées. Il fait déjà presque nuit, cela nous surprend encore mais nous devrons nous y habituer, nous remontons encore plus au nord. Cela dit, les lumières chaleureuses de la ville mettent bien en valeur certains bâtiments. Je ne sais pas si la ville est un joyau mais elle a indéniablement du charme et les bâtiments historiques sont bien entretenus. Notre autre constat concerne la population : alors qu’elle est majoritairement de type européen dans le reste du pays, ici, nous retrouvons beaucoup de visages aux traits indiens, nous sommes bien dans les Andes. On remarque aussi quelques signes de pauvreté : Salta a deux visages, l’un touristique et l’autre bidonville. Nous n’en n’avons pas vu mais d’après le guide, les boliviens s’installent régulièrement à la limite de la ville en espérant avoir une meilleure vie mais c’est souvent peine perdue et ils se retrouvent dans des conditions pires qu’avant.
Pour ce soir, nous hésitons à tester les peñas, sorte de cafés-concert typiques de Salta mais en passant devant aucun ne nous tente : l’entrée est payante et en plus il faut forcément manger sur place. Ne désirant pas manger encore des empañadas ou des milanaises trop grasses, nous rentrons manger des légumes !
La soirée se passe à discuter avec une autre française qui voyage à travers l’Amérique Latine pendant 6 mois.
Notre bus part à 10h30 pour seulement 4 heures de trajet jusqu’à Tilcara, une broutille après nos derniers voyages !
La suite, au prochain numéro de votre blog préféré.
]]>Notre vol Ushuaïa-Buenos Aires s’est effectué sans encombre et nous récupérons particulièrement rapidement nos bagages avant de prendre un taxi. Le conducteur, assez bavard, nous vend les mérites de la ville lorsque Thomas l’interrompt : en une minute, le compteur est passé de 80 à 160 pesos ! Il en informe le chauffeur qui, mise en scène ou réalité, tapote sa machine et nous dit qu’il y a effectivement un problème. Nous arrivons à bon port et payons 110 pesos, soit le prix normal pour une course entre l’aéroport et le centre-ville.
Notre auberge est dans le quartier Recoleta, un des quartiers huppés de la capitale argentine. Elle se situe dans un immeuble du début du siècle dernier et toutes les chambres donnent sur la cours intérieure, à ciel ouvert. Nous aurons la malchance de découvrir que cette spécificité architecturale en fait une prodigieuse caisse de résonance : si des personnes discutent en bas, tout le monde entend ! Mais pour l’instant, nous ne le savons pas encore et nous nous contentons de déposer nos sacs dans le dortoir de 4, que nous partageons avec deux américains. Puis nous allons déguster une pizza dans le restaurant d’à côté. Cela faisait bien une semaine que Thomas rêvait de pizza et, par chance, la pizzeria est bonne ! Au point que des mariés y débarquent en tenue avec une quinzaine d’invités.
Après ce bon repas, nous regagnons nos pénates et le cauchemard commence : il fait chaud (25 degrés versus 13 à Ushuaia) et surtout, certains résidents sèment la pagaille dans l’auberge. Éclats de voix, musique à fond, raclements de chaises et tables métalliques, la totale.Il est déjà 1h30 du matin lorsque Thomas se lève pour aller voir le réceptionniste, qui ne joue pas du tout le rôle de garde chiourme… Cela se calme vers 2h30, mais vers 4h, d’autres personnes commencent à discuter et enfin à 7h, les lève-tôts s’activent . Avec tout cela, nous sommes bien fatigués et notre première activité de la matinée est de trouver un autre logement, sachant que nous avons quand même une deuxième nuit réservée dans cette même auberge.
Nous sortons de l’auberge vers midi pour explorer cette grande ville de 3 millions d’habitants intra muros et 13 millions avec son agglomération, soit la même marée humaine qu’à Paris. Nous ne nous attendions à rien de spécial, car seul le nom de cette capitale nous était familier. Et encore ! Son nom initial est Puerto Nuestra Señora Santa Maria del Buen Aire, qui le savait ? Elle fut fondée en 1536 par Pedro de Mendoza y Luján, espagnol, qui mourut un an après en mer. 20 000 habitants animaient ses rues en 1776, lorsqu’elle devint la capitale de la vice-royauté. Elle fut déclarée capitale du pays en 1880 et accueillit de nombreux migrants.
Suite à notre séjour à Santiago, nous avions cependant des légères appréhensions quant à notre capacité à aimer une grande ville sud-américaine, d’autant que cela fait un bon mois que nous sommes en pleine nature.
C’est donc d’un pas fatigué et mitigé que nous nous dirigeons vers le quartier de San Telmo via le Microcentro. Nous passons notamment devant le siège de la présidence, qui domine la place de mai avec sa couleur rose. Pourquoi rose ? Les théories sont multiples : mélange du rouge des Fédéralistes et du blanc des Unitaristes ou utilisation de sang de boeuf dans la peinture, pratique courante à la fin du XIXe siècle. Autre point fort du Microcentro, la Plaza de Mayo, lieu de rassemblements et de manifestations. C’est d’ailleurs sur cette place que les Mères de la Place de Mai se réunissent hebdomadairement depuis 30 ans à la mémoire des disparus sous la junte militaire entre 1976 et 1983.
Nous continuons notre exploration et force est de constater que, même si certaines artères alignent jusqu’à 11 voies, la ville est assez verte et aérée car elle est régulièrement agrémentée de grands parcs. Autre point positif, elle comprend assez peu de grattes-ciels. Il s’agit plutôt d’un alignement d’immeubles de tailles moyennes, un peu comme à Paris, dont certains sont en pierres de taille. Néanmoins, c’est une grande ville, avec son agitation et son bruit perpétuel. Cela nous change bien de la Patagonie, sauvage et puissante, où seuls résonnent les échos des glaciers, des eaux tumultueuses et des rapaces.
Nous traversons ensuite le quartier de San Telmo dont une des rues est animée par un marché artisanal, sur quelques centaines de mètres, quand même. On y trouve toute sorte de menus objets décoratifs, plus ou moins dédiés aux touristes, tels des magnets, des ponchos, des portes clés et bien sûr des tonnes de bijoux. Donc, oui, j’ai une paire de boucles d’oreilles en plus, mais j’ai le droit à une paire par pays visité !
Il est 15h lorsque nous émergeons de la foule et nos estomacs se manifestent. Après de longues hésitations, nous entrons dans un café qui s’avère être une des institutions de la ville, ouvert depuis début 1900. Le serveur nous a rappelé Paris : peu affable, il jette la carte sur la table, prend la commande en un grognement et fait tout en traînant les pieds. La nourriture est bonne, c’est le principal et nous sortons d’attaque pour explorer le quartier de La Boca.
Ce dernier est potentiellement l’une des zones malfamées de Buenos Aires et effectivement, il a l’air un peu plus pauvre. Paradoxalement, c’est ici que ce trouve le Caminito, deux ruelles hyper touristiques avec maisons colorées, restaurants avec rabatteurs, danseurs de tango, artistes de rue… c’est extrêmement animé et cela fait complètement artificiel.
Après quelques photos, nous rentrons à l’auberge et y attendons un argentin, ancien collègue de Thomas, Lucas. Il est de retour au pays pour terminer ses études après son stage en France. En attendant, il nous conduit dans un bar qui brasse sa propre bière. Notre point faible est décidément connu de tous ! Nous accompagnons notre verre d’une assiette de frites préparées selon la recette locale : avec du cheddar fondu, du bacon et des jeunes oignons.
La soirée se termine par une petite balade digestive et nous regagnons nos pénates en nous demandant si nous pourrons dormir. La réponse est positive ! Tout est calme et la chambre est à nous, ouf.
La nuit fut paisible et nous prenons notre petit déjeuner de meilleur humeur que la veille avant de faire nos sacs.
Nous décidons de rejoindre à pied notre nouveau logement, dans le quartier Congreso. Mais avant nous passons devant une des parillas, restaurant à viande, pour regarder le menu . Ce soir, nous mangeons avec un ami Erasmus et sa compagne et nous cherchons désespérément un endroit abordable. Les prix flambent en Argentine et c’est particulièrement vrai pour les parillas réputées : les prix mentionnés dans les guides tournent autour de 200 pesos alors qu’en réalité c’est entre 400 et 700 ! Toujours est-il que l’adresse devant laquelle nous passons propose des tarifs acceptables, que nous prenons en photo pour envoyer à nos amis.
35 minutes plus tard, nous arrivons au Airbnb, dans une vieille maison bourgeoise. La rue est bruyante en journée, mais la chambre spacieuse et avec salle de bain. Cela nous va. Nous y déjeunons puis nous dirigeons vers la gare routière pour acheter nos billets vers Iguazú. La gare est immense et il y a bien une centaine de guichets alignés. C’est parti pour l’analyse des prix… 1500 pesos le tarif officiel mais chacun y va de sa réduction. 3 agences se détachent du lot avec des offres à 1050, 1053 et 1055 pesos. Banco pour les 1050 pesos. En fait, nous nous retrouvons avec des billets pour un prestataire différent, qui lui-même vendait les billets à 1200 pesos. Bref, on a nos places et l’on quitte vite fait cette gare aux alentours assez glauques.
Après un passage éclair par la place du général libérateur San Martín où trône sa statue, nous partons d’un bon pas vers Recoleta pour explorer quelques rues et surtout le cimetière, l’un des immanquables de la visite de la ville d’après notre guide. Il n’est pas très grand, mais les mausolées s’alignent dans toutes les directions, plus ou moins sculptés et plus ou moins modernes. Nous y passons un moment agréable, surtout que comme il ferme ses portes bientôt, le gros des touristes des déjà parti (et je ne parle pas d’Obélix). L’une des tombes attire plus spécialement touristes et locaux : celle d’Eva Duarte, actrice mariée à l’homme politique Juan Perón. Elle poussa celui-ci dans sa carrière politique et il devint président en 1946. Elle lui a notamment soufflé de nombreuses actions en faveur du peuple et des femmes, qui obtiennent ainsi le droit de vote en 1947. Perón est élu pour un deuxième mandat, mais Eva meurt pendant cette période, à l’âge de 33 ans. Perón est renversé par un coup d’état militaire en 1955. La période qui suit est extrêmement sombre, marquée par des grèves et une guérilla armée. Perón revient au pouvoir en 1973 mais meurt en 1974. Le péronisme a fait son temps, avec autant d’adeptes que d’opposants mais Eva reste encore aujourd’hui un symbole pour les argentins. C’est d’ailleurs une des seules tombes fleuries du cimetière. On entre alors dans la période dite de la guerre sale : tous les opposants au nouveau régime sont traqués et ainsi, des milliers de personnes disparaissent entre 1976 et 1983. Le nombre exacte n’est pas connu et oscille entre 10 000 et 30 000 disparus. Depuis, tous les jeudis, les mères se rassemblent et réclament la vérité sur ce triste chapitre.
Nous sortons de cet espace calme pour rejoindre l’agitation urbaine. Nous faisons un aller-retour rapide “à la maison” puis rejoignons Sam et Aulde pour un bon repas. Nous échangeons nos expériences et astuces de voyage car ils sont également sur les routes sud-américaines depuis 4 mois. Par contre, il leur reste encore 7 mois pour explorer le territoire, alors que nous commençons à compter les semaines. Le temps de se raconter tout cela, il est déjà minuit !
En ville, nous ne sommes pas du matin. Certains diront qu’en randonnée non plus… toujours est-il que nous sortons au soleil vers 12h30 pour regagner en bus le quartier de Palermo. Ce quartier est à la mode, assez chic, avec resto et bars branchés. En tout cas, je m’y sens tout de suite bien car il y a plein de grands parcs ! On aperçoit les girafes du zoo avant de rejoindre le parc 3 de Febrero et sa magnifique roseraie. Nous passons ainsi de Palermo Hollywood à Palermo Soho, la vieille ville, tout aussi branchée. Les immeubles font rarement plus de deux étages et les petites boutiques s’alternent avec les resto. Comme il est 15h, nous avons faim, nous nous décidons pour une spécialité argentine : le pancho. Il s’agit d’un hot dog avec sauce au choix, l’originalité résidant dans ces sauces. Ce n’est pas très fin, mais ça cale.
Plaza Serrano nous rejoignons Julie, arrivée un jour après nous en ville, pour une glace, puis une balade, puis un verre (de bière artisanale), puis un très bon burger-frites chez Burger Joint. Nous passons une excellente soirée puis nos lits nous appellent.
Ce matin, nous nous acharnons contre le Wi-Fi, déjà hasardeux les autres jours mais complètement récalcitrant pour le moment. Nous qui voulions mettre à jour le blog, c’est raté ! A défaut, nous nous préparons un bon déjeuner et quittons l’immeuble après avoir étendu la lessive au soleil, sur les coups de 14h30. Il nous reste un quartier à explorer et nous sommes censés voir Flor et Natacha, les argentines de Bariloche, ce soir. Oui, même à l’autre bout du monde, tous nos soirs sont pris !
Nous nous rendons à pied à Puerto Madero, un bel endroit de la ville. Les quais sont aménagés et même si l’on voit des tours, elles sont belles et assez espacées. Nous en profitons pour visiter le navire-école de la Marine, la frégate Sarmiento. Le bateau a parcouru les mers de 1899 à 1938, en passant plusieurs fois par la France. La visite a l’air intéressante et le coût d’entrée plus que modique (10 pesos, 60 centimes) : nous voilà sur le ponton. Impossible de hisser les voiles mais c’est bien sympa d’être à bord et cela nous rappelle Brest 2016. Quelques panneaux expliquent les différentes pièces traversées, nous voyons le salon de coiffure, la cuisine, la cabine de pilotage et quelques maquettes présentant les appartements du capitaine.
De retour sur la terre ferme, nous passons par le pont des femmes, censés représenter un couple de danseurs de tango mais nous manquons d’imagination probablement car nous sommes bien incapables de le visualiser. Cela nous mène au parc écologique, une zone naturelle protégée ou nous devrions pouvoir observer tout un tas d’oiseaux. A défaut d’en voir beaucoup, cela nous fait une balade dans la nature et c’est agréable.
Au passage, on trouve un point Wi-Fi pour valider le lieu de rendez-vous avec les filles mais elles ne sont plus dispo. Il faut dire qu’elles sont rentrées il y a deux jours à peine après deux mois d’absence et du coup, amis et parents les sollicitent. C’est dommage pour nous, mais nous comprenons… on mangera à l’appartement en tête à tête ce soir.
Notre séjour à la capitale touche à sa fin. Nous plions bagage et nous rendons au terminal de bus où nous retrouvons Julie, qui se rend également à Iguazú.
Le bus part à l’heure, 13h30. Il est maintenant 22h et je termine cet article. Nous arriverons à 7h du matin à Puerto Iguazú, pour une bonne douche !
Nous avions longtemps hésité ces dernières semaines entre voir ou ne pas voir le Perito Moreno.
Voir, parce que c’est un grand et beau glacier, l’un des plus connus et visités en Patagonie, où nous ne retournerons pas de sitôt : après tout, il faut vivre à fond ce voyage.
Ne pas voir, parce que c’est quand même assez cher ! Il faut prendre une navette à 450 pesos argentins par personne, puis payer l’entrée du parc à 500 pesos par personne. Soit près de 60 euros par tête ! Il y a encore un mois, le parc était moins cher, mais les prix flambent. Sachez que si vous souhaitez faire l’excursion en bateau, il faut compter 80 euros par personne et si vous voulez marcher 3h sur glacier, c’est 200 euros. Sans oublier le prix d’admission au parc bien sûr !
Mais nous voilà à El Calafate, notre décision est prise : voir ce beau monument de glace.
Trois options s’offraient à nous : partir le matin et passer 4h30 face au glacier, mais avec le risque d’avoir beaucoup de monde. Partir à 13h pour y passer 3h30 ou partir à 14h30 pour y passer 3h et payer seulement 400 pesos pour la navette. Nous préférons la dernière option, qui permettrait a priori d’éviter un bain de foule.
Le matin du 13 est donc une matinée relativement tranquille où nous faisons les courses dans un vrai supermarché. Il y a même des sections habits et électroniques et tous les rayons sont remplis, c’est presque un choc !
Ensuite, nous parcourons rapidement la ville, peu intéressante, à la recherche d’un bar sympa pour ce soir car nous sommes censés fêter l’anniversaire d’Oliver avec Anne-Laure et Guillaume, qui arrivent avec un jour de décalage.
Il est l’heure de faire à manger et de filer attraper la navette de 14h30. Le trajet dure 1h30 et c’est l’occasion de voir de beaux paysages patagoniens. Le glacier se voit de loin et c’est assez excitant de le voir grossir au fur et à mesure que la distance se réduit.
A l’entrée du parc, un homme monte dans la navette et demande les 500 pesos par personne. Cela fait un peu racket car il ne se présente pas et ne donne pas de reçu ni billet d’entrée. Il repart et revient quelques minutes plus tard avec des tickets, quand même. Pendant ce temps, notre guide nous a gentiment distribué… un sac plastique chacun ! Ceux-ci, estampillés « parc national », permettent de sensibiliser les gens à ne pas jeter leur déchet partout. En tout cas pour nous, cela permettra d’emballer les affaires pour les prochaines rando.
Nous voilà enfin sur les lieux, pour 3 heures. Le parcours piétons ne fait que 2 km pour la partie intéressante avec les miradors. Autant dire que nous avons largement le temps de dévorer l’immense glacier des yeux qui scintille de mille feux sous un beau soleil et un ciel d’un bleu limpide ! Comble de la chance, nous voyons et entendons de gros blocs tomber ! C’est très impressionnant, surtout le son, qui se répercute à l’infini sur les montagnes alentours.
Nous prenons tout notre temps et faisons de nombreuses pauses, un vrai régal, d’autant qu’il y a extrêmement peu de personnes sur les lieux.
La navette nous récupère à 19h et à 20h30, nous sommes de retour en ville. Nous faisons des courses à la vitesse de l’éclair, allons cuisiner à l’auberge et repartons presque immédiatement au bar où Anne-Laure et Guillaume nous rejoignent. Oli est finalement resté un peu plus longtemps à El Chaltén, épuisé par sa rando !
De retour à l’auberge, nous rangeons nos affaires car demain, nous retournons au Chili pour compléter notre collection de tampons sur nos passeports.
Nous restons deux jours à El Chaltén sans rien faire car il pleut. Moins que prévu mais tout de même trop pour partir en excursion en montagne.
Nous passons l’essentiel du premier jour dans un café, censé avoir une meilleure connexion Wi-Fi que le camping. En réalité, il n’y a qu’une parabole qui fournit internet à toute la ville, du coup quand cela ne fonctionne pas, cela ne fonctionne nulle part. En milieu d’après-midi, Christian et Romina, le couple d’amis suisses, débarquent dans le café avec une carte topographique de la région : ils sont passés au bureau des rangers et sont motivés pour faire une randonnée de 3 jours dès que la météo s’améliore, c’est-à-dire le sur-lendemain vendredi.
Le lendemain jeudi se divise entre courses et recherche de baudriers pour le vendredi : en effet, pour obtenir le permis de faire la randonnée du Paso del Viento, il faut un minimum d’équipement car une des traversée de rivière se fait sur tyrolienne. Mais trouver des baudriers n’est pas une mince affaire : les loueurs ne prennent pas de réservation donc il faut juste espérer qu’il en reste assez le jour où on les veut vraiment ! Nous voulons nous enregistrer à l’entrée du parc national pour nos trois jours de randonnée à venir, mais ce n’est pas possible sans montrer le baudrier. Le bureau des rangers ferme à 17h mais pour ne pas payer la journée en cours, il faut louer l’équipement après 19h… Un casse-tête un peu agaçant car on ne peut rien anticiper. Après une première boutique en rupture de stock, nous en trouvons une deuxième où on nous loue l’équipement pour 140 pesos (environ 8€) par jour et par personne, pas donné !
Ce matin, pas besoin de plier la tente, c’est le bon côté du dortoir !
Anne-Laure, Guillaume, Romina, Christian, Thomas et moi partons avec nos sacs vers 9h. Oli fait finalement le trajet avec Eric, un allemand bricoleur : il a fabriqué son sac à dos, ses bâtons de marche et sa tente !
Première étape, aller s’inscrire à l’entrée du parc. Évidemment, personne ne regarde si l’on a bien nos baudriers ! Ce n’était pas la peine de dire deux jours avant que l’inscription était impossible sans…
Deuxième étape : les 16 km qui nous séparent du camping Toro, près du lac du même nom. Il pleut, les nuages sont hyper bas du coup on ne voit pas du tout les paysages alentours mais nous avançons vaillamment. Nous croisons quelques vaches sauvages mais c’est tout. Le terrain est imbibé d’eau et de bouses du coup nos pieds sont assez rapidement mouillés. Sur ce point, Thomas et moi sommes déçus par nos chaussures Salomon en gore-tex achetées pour le tour du monde. Outre ces champs d’eau, nous devons également traverser tant bien que mal des rivières, en marchant soit sur des branchages positionnés en équilibre, soit sur des cailloux à fleur d’eau. Un vrai numéro d’acrobate. Heureusement, Christian et Eric ont des bâtons de marche, bien utiles pour certains passages.
La pause déjeuner est très rapide car le vent gelé se lève et la vue sur la vallée relativement bouchée. On aperçoit malgré tout un bout du glacier au loin.
Avec tout cela, nous arrivons vers 16h au camping, un peu congelés. Les tentes à peine montées, nous allons chercher de l’eau à la source et en mettons à chauffer pour la tisane, puis le chocolat chaud, puis la soupe, puis les pâtes, puis la tisane. Vous l’aurez compris, nous avons passer le reste de la journée à boire de l’eau chaude avant de nous réfugier dans nos tentes à 20h30.
Soleil ! Pas un nuage ! Lorsque Thomas et moi sortons de la tente, nos compagnons de fortune ont déjà installés table et tabourets, trouvés la veille dans une remise, en plein soleil. Le cadre est beau : les montagnes sont dégagées et quelques unes sont saupoudrées de neige.
Nous partons tranquillement vers 10h en laissant les tentes sur place car nous faisons un aller-retour vers El Paso del Viento, soit 16 km au total.
Après 1h de marche, nous parvenons à la fameuse tyrolienne. Sans elle, il faudrait traverser le torrent glacé et tumultueux avec de l’eau jusqu’au hanche… Nous passons donc chacun à notre tour sur l’autre rive, à la force de nos bras car le point d’attache est plus haut à l’arrivée.
Vient ensuite une heure et demi de marche sur un terrain relativement facile, parsemé de rochers. Nous atteignons la moraine : soit nous continuons dessus, soit nous passons par le glacier. Avisant des cairns, nous choisissons l’option 1 : la moraine. L’avancée est très fastidieuse, les pierres se dérobent sous nos pieds et nous restons bien à la queue-leu-leu en gardant nos distances. Oli et Eric ont, eux, fait le choix du glacier et ils avancent beaucoup plus vite. Cette traversée de moraine nous prend au moins une heure !
Et ce n’est pas fini, après ça grimpe sec jusqu’à la passe, bien nommée car cela souffle. Nous pique-niquons avec vue sur deux glaciers avant d’atteindre le passage tant attendu.
Après un total de 4h30 de randonnée nous voilà devant la troisième plus grande calotte glacière au monde après l’Antarctique et le Groenland : le Champ de Glace Sud Patagonien ! Waou ! C’est absolument magnifique, nos yeux pétillent et nous avons une chance incroyable d’être là, au soleil, devant un tel espace. Quel spectacle époustouflant !
Le vent frais forcit et nous devons attaquer les 8 km de descente au campement. Il est temps de dire au revoir à Oli et Eric qui prennent un autre itinéraire. Thomas et moi prévoyons de revoir Oli à El Calafate deux jours plus tard.
Les photos de groupe prises, nous descendons, et ce beaucoup plus rapidement, notamment car nous passons par le glacier plutôt que la moraine, beaucoup plus plat. Nous atteignons le camping en 3h. Le vent est très fort maintenant, probablement autour de 70 km/h mais au moins il n’y a plus d’humidité.
Nous dégustons soupe et pâtes à la sauce tomate avant d’aller bouquiner au lit en écoutant le vent s’intensifier. Heureusement que la tente est entourée d’une palissade !
Le vent souffle toujours et les nuages sont là. Nous démontons la tente et empaquetons les affaires pour rentrer sur El Chaltén, à 16 km de là.
C’est le même trajet qu’il y a deux jours mais les rivières ont un peu grossies : les acrobaties recommencent !
Thomas et moi décidons de marcher au pas de courses pour manger en ville : j’ai envie de manger un burger avant de quitter la ville. Nous faisons donc ces 16 km en 4h30. Le temps se dégrade et les pantalons de pluie sont bien utiles ! Malheureusement, lorsque nous arrivons devant le restaurant, nous constatons qu’il est rempli, il ne reste que des places en terrasse bizarrement. Tant pis, nous allons au camping prendre une douche chaude et récupérer nos affaires laissées sur place. A 15h, nous retournons au restaurant : c’est bon, il est vide, à table !
A 16h nous rendons les baudriers et faisons des courses rapides puis rejoignons la troupe dans la salle commune du camping pour un dernier thé. Nos chemins se séparent ici, après deux semaines de vie commune. Romina et Christian descendent plus lentement que nous vers Ushuaia. Par contre, nous devrions revoir Anne-Laure et Guillaume le lendemain à El Calafate.
18h : le bus nous emmène vers El Calafate. Nous y arrivons à 20h50 et réservons immédiatement les billets de bus pour Puerto Natales où nous nous rendrons le sur-lendemain, mardi 14.
Nous dînons à l’auberge I Keu Ken, propre et bien chauffée, avec du thé en libre service, chouette. Notre chambre ne comprend que 4 lits et personne ne ronfle : nous dormons à poings fermés la tête remplie d’images de glaciers et les pieds bien au chaud.
Note : une partie des photos de cette article ont été prises par Oliver, qui outre son emploi de prof d’anglais globe-trotteur est également photographe. Vous pouvez retrouver ses œuvres sur sa page Behance.
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